« Juste ce qu’il faut »
Pour trouver cet optimum, regardons du côté des sciences humaines et sociales, les précurseurs des études qualitatives.
Michael Quinn Patton, le pape de la recherche qualitative (cité plus de 100 000 fois par ses pairs !!), affirme dans son livre Qualitative Research & Evaluation Methods :
Les enquêtes qualitatives sont pleines d’ambiguïtés. Il existe des stratégies intentionnelles plutôt que des règles méthodologiques. […] Il y a des approches d’enquête plutôt que des formules statistiques.
Il n’existe pas de règles pour la taille des échantillons dans les enquêtes qualitatives. La taille de l’échantillon dépend de ce que vous voulez savoir, de l’objectif et enjeux de l’enquête, de ce qui sera utile, de ce qui aura de la crédibilité, et ce qui peut être fait avec le temps et les ressources disponibles.
Merci Mr. Patton, ça ne nous avance pas beaucoup… Voyons du côté des chercheurs en UX Design, qui travaillent sur de nouveaux services, le domaine qui nous intéresse. Voici des passages du livre de Carine Lallemand, Guillaume Gronier, Méthodes de design UX.
Dans le domaine académique, les chercheurs doivent s’astreindre à plus d’exigences quant à la taille de leurs échantillons de participants. Les études de recherche sont généralement de plus grande envergure que les études professionnelles et sont préparées plus longtemps à l’avance. […]
Du côté des professionnels [de l’UX], l’important est de bien cibler quelques utilisateurs représentatifs afin de pouvoir comprendre leur point de vue et apporter de précieux inputs au développement de votre système. On cherchera surtout à maintenir un équilibre entre coûts et bénéfices car le recrutement d’utilisateurs par dizaines s’avère souvent impossible, par manque de ressources. Plus réaliste, le chiffre de 12 est parfois avancé (Guest, Bunce & Johnson, 2006). En IHM [Interface Homme-Machine], Baccino, Bellino et Colombi (2004) recommandent d’interviewer une dizaine de personnes pour couvrir les principaux points de l’analyse des besoins. Ce chiffre nous paraît réaliste, le principal étant de vous poser les bonnes questions et d’avoir plusieurs participants par groupes d’utilisateurs cibles.
Comme l’illustre bien le titre du livre de Erika Hall, Just enough research (2015), le nombre de participants recrutés correspond généralement à « juste ce qu’il faut » pour obtenir des résultats pertinents. […].
Ce principe, « juste ce qu’il faut », nous guide pour dimensionner nos études. Dans les faits, nous nous appuyons aussi sur un consensus partagé par de nombreux praticiens.
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Comme il n'y a rien de mieux pour valider une théorie que de la mettre en pratique, celle-ci a été utilisée dans l'étude « Le Soldat Low-Tech »