Quoi

Q075 | Pourquoi utiliser des cadres visuels dans un dispositif de prospective ?

Animer une démarche de prospective nécessite de mobiliser de nombreux concepts, méthodes et outils développés par des chercheurs, des entrepreneurs, des consultants, etc. En pratique, il est parfois difficile d’identifier l’outil adapté à une étape en particulier. Recourir à un modèle peut alors se révéler particulièrement utile.

Un cadre visuel est un schéma qui présente les différents sujets qu’il convient d’adresser au cours d’une démarche donnée. Parfois, les sujets en question sont organisés sous la forme d’étapes qu’il convient alors de franchir dans un ordre prédéterminé. Simple et efficace, un cadre visuel se veut en règle générale la synthèse de plusieurs référentiels conceptuels et de plusieurs méthodes.

Un exemple de modèle utilisé dans de nombreux contextes organisationnels est celui du Business Model développé en 2010 par Alexander Osterwalder au cours de ses études doctorales à l’Université de Lausanne, sous la supervision du professeur Yves Pigneur. Si le Business Model Canvas n’a pas fondamentalement transformé les fondements de l’analyse du modèle d’affaires d’une organisation, il l’a par contre considérablement simplifiée, la rendant ainsi accessibles à de nombreux publics : entrepreneurs, consultants, groupes de réflexion, administrations publiques, etc.
Le Roadmapping Canvas (Robert Phaal & al. 2016) regroupe les différentes étapes de la pensée stratégique en y intégrant la feuille de route des actions nécessaires. En partant de la vision que l’on a d’un projet (à droite), on analyse l’état actuel de celui-ci (gauche). En prenant en compte les différentes tendances ainsi que les moyens à disposition, on établi une ou plusieurs feuilles de routes intégrant des actions échelonnées sur le court, le moyen ainsi que le long terme. On construit donc le passage du présent au futur!

Il y a plusieurs avantages à utiliser des cadres visuels :

  1. L’aspect visuel facilite la compréhension des éléments à considérer.
  2. La standardisation de la méthode permet d’établir des guides précis permettant d’obtenir une idée précise sur ce à quoi devrait ressembler le contenu et sur le temps à consacrer aux différentes étapes.
  3. Une fois le processus connu, il est possible de le répéter facilement, permettant de développer à son tour un “best practice” de l’utilisation du cadre visuel.

Dans cadre du programme de prospective DEFTECH, nous avons identifié, étudié et “hacké” des modèles existants afin de construire des outils adaptés à la facilitation d’ateliers de prospective technologique. 

En pratique, les cadres visuels que nous avons développés s’avèrent très précieux afin dans un rôle de guides tout au long des ateliers que nous organisons régulièrement. Ils permettent simultanément de gagner en efficacité (chaque atelier durant d’une à quelques heures, il est essentiel de respecter le timing prédéfini) et en clarté (dès lors que les participants ont la possibilité de visualiser dès le début de l’atelier le format du livrable attendu, il s’avère beaucoup plus aisé de progresser à travers les différentes étapes qui permettent in fine de produire ledit livrable). Les cadres visuels peuvent également être remis aux participants en amont de l’atelier afin de leur permettre de se préparer. Enfin, réutilisables à l’infini, les cadres visuels s’enrichissent des expériences vécues lors des ateliers et encapacitent les participants à un atelier à organiser leur propre événement.

Idées de Système est un exemple de canevas que nous avons développé dans un but bien précis : permettre à un groupe de travail de se saisir rapidement de plusieurs technologies individuelles et de les combiner à l’infini en systèmes utiles pour relever des défis multiples, par exemple sur un champ de bataille militaire… ou commercial. Utilisé au cours d’ateliers d’idéation, ce canevas se révèle particulièrement efficace pour créer une émulation et stimuler la créativité et les critiques constructives.
Quentin Ladetto

Responsable du dispositif de prospective technologique connu sous le nom de deftech - defence future technologies - au sein d'armasuisse Science et Technologies, Quentin Ladetto, alias “Q”, a créé cette entité et la pilote depuis 2013. Quentin est le co-fondateur, ensemble avec Thomas Gauthier, de l'atelierdesfuturs.org ainsi que de l'association Futurs

View Comments

Recent Posts

Q207 | Une prospective (créative) de l’Entreprise

Surprise : si l’on rencontre pas mal de prospectivistes dans les grandes entreprises, et beaucoup…

19 heures ago

Q206 | Que nous apprend la fenêtre d’Overton en prospective ?

Si le contexte n’est pas nécessairement politique, le concept d’une fenêtre qui change de taille…

7 jours ago

Q204 | La «conscience partagée» comme facteur décisif pour la «prévision et l’adaptation»

Capitaliser sur les enseignements tirés des projets antérieurs : L'objectif de cet article est de…

4 semaines ago

#43 Jorgen Randers | Gouverner le long terme

Jorgen Randers est un universitaire norvégien, professeur émérite de stratégie climatique à la BI Norwegian…

1 mois ago

Q203 | Comment la prospective enrichit-elle les processus d’innovation dans les organisations ?

La rapidité et la complexité accrues de l'environnement économique et international exigent des organisations qu’elles…

1 mois ago