Continuons notre exploration du modèle des pace layers avec la couche des infrastructures.
Le plus souvent, la conception, la réalisation et la maintenance des infrastructures (de transport, de communication, d’approvisionnement en eau/gaz/électricité, etc.) ne satisfont pas aux conditions de retour sur investissement attendu par les entreprises. C’est alors à l’État que revient la tâche de les financer, en s’appuyant sur divers instruments financiers (tels que les obligations) ou réglementaires (tels que l’octroi de monopoles à un ou plusieurs acteurs privés).
Mécaniquement, le bon fonctionnement de la couche des infrastructures entraîne de facto la mobilisation des couches plus profondes de la gouvernance et de la culture. Ensemble, celles-ci doivent permettre de créer les conditions de la délibération, du choix et du contrôle des risques et des coûts, non seulement financiers, mais également sociaux, environnementaux, etc. inhérents aux infrastructures que la société choisira de bâtir. Pour ce faire, gouvernance et culture doivent notamment assurer la couche la plus profonde, celle du vivant, d’une forme de représentation à chacune des étapes précitées (délibération, choix, contrôle des risques, des coûts et des externalités associés au développement de nouvelles infrastructures).
L’éducation, la formation tout au long de la vie, et la recherche scientifique sont des exemples d’infrastructures intellectuelles. Toutes trois, elles ont un impact fondamental sur le développement de la société ; toutes trois également nécessitent du temps, beaucoup de temps, pour que leurs effets structurants se fassent pleinement sentir.
Lorsque la société est pressée, il se peut qu’elle néglige durablement le développement et l’entretien de ses infrastructures intellectuelles, avant d’accuser un retard potentiellement irrattrapable sur d’autres qui auront su faire preuve de plus de constance. En pleine pandémie de Covid-19, plusieurs observateurs avertis constatent ainsi avec regret le retard que la France et d’autres pays européens auraient pris en matière de recherche médicale.