Q053 | Comment peut-on modéliser une civilisation ?

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Ancienne sculpture sur pierre sumérienne avec écriture cunéiforme - Source: https://elodiedeste.fr/

Ce billet est le premier d’une série consacrée à la question : comment peut-on modéliser une civilisation ? Pendant 7 semaines, un nouvel article sera publié chaque lundi. Ensemble, ils vous permettront de découvrir le modèle civilisationnel des “pace layers”, imaginé par Stewart Brand. Commençons donc par rencontrer le personnage.

Dans un article publié en 2018 dans le Journal of Design and Science, édité par le prestigieux Massachusetts Institute of Technology, Stewart Brand, un individu ô combien atypique dont on rappelle ci-après quelques unes des réalisations, expose une grille de lecture qui vise à nous aider à penser la vie (et peut-être la mort ?) d’une civilisation. Rien de moins.

Stewart Brand est un auteur, éditeur et entrepreneur américain né en 1938. En 1968, il publie la première édition du Whole Earth Catalog, une sorte d’ouvrage fourre-tout dans lequel le lecteur pouvait découvrir toutes sortes de produits qui avant en commun d’être, selon Brand, utiles à celui qui aspirait à une vie créative et autosuffisante.

Plus tard, en 1987, il cofonde le Global Business Network (GBN). Le GBN s’inscrit, au moins pour partie, dans la lignée des dispositifs de scenario planning tels que celui mis en place au sein de Shell dès le début des années 1970. Véritable réseau, le GBN tirait sa force de sa capacité à mobiliser plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de “personnes remarquables” pour construire, collectivement, en croisant les regards et en s’appuyant sur de multiples expertises, de précieux panoramas qui permettaient aux entreprises membres d’observer les tendances et les lignes de force structurantes et de décrypter ou de projeter leurs conséquences possibles.

En 1996, Brand cofonde à San Francisco la Long Now Foundation, une organisation à but non lucratif qui se fait fort de contribuer à inverser la tendance selon laquelle “le futur est rarement gagnant dans les rapports de force avec le présent”.

Le modèle des pace layers (c’est ainsi que Brand appelle sa grille de lecture) repose sur quelques hypothèses :

  1. Toute civilisation (y compris la nôtre, communément appelée civilisation thermo-industrielle) peut être comprise comme un système complexe vivant;
  2. Tout système complexe vivant a pour objectif de “persévérer dans son être”, pour reprendre la formule du philosophe du 17ème siècle Baruch Spinoza ; plus simplement, tout système complexe vivant s’efforce… de continuer à vivre !
  3. Pour ce faire, tout système complexe vivant évolue naturellement vers une organisation qui lui permet d’être capable d’apprendre en continu et de s’adapter aux nouvelles circonstances auxquelles il est confronté.

Selon Brand, une civilisation, quelle qu’elle soit, est composée de six couches aux propriétés et aux temporalités bien distinctes (nous y reviendrons dans les prochains billets). En friction permanente les unes avec les autres, elles assurent à la civilisation qu’elles composent de pouvoir continuer d’évoluer, en réaction aux défis qu’elle rencontre au fil du temps.

Dans le modèle des pace layers, les six couches sont classées par ordre décroissant de vitesse d’évolution. Il s’agit de :

  1. La “mode” (fashion dans le texte d’origine) que nous étendons à l’ensemble des activités d’invention, de création et d’innovation
  2. L’ économie
  3. Les infrastructures
  4. La gouvernance
  5. La culture
  6. La nature
Dans le modèle des pace layers, les six couches sont classées par ordre décroissant de vitesse d’évolution.
Dans le prochain billet, nous nous pencherons sur la couche la plus rapide, celle des inventions, des créations et des innovations.
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