Après avoir sondé les facteurs qui influent sur la propension à se projeter des organisations, et les niveaux d’ambitions des organisations, nous allons nous projeter directement sur la finalité de l’anticipation : les effets constatés dans les organisations.
Qu’est-ce qu’un travail d’anticipation produit, concrètement dans les organisations ? Les effets attendus d’une démarche d’anticipation ou prospective sont riches et concernent des enjeux organisationnels ou stratégiques.
L’étude relève une grande richesse d’effets directs ou indirects pour l’organisation, intentionnels pour la plupart. Pour structurer ces effets de l’anticipation sur une organisation, nous avons identifiés trois domaines touchés :
- la stratégie : planification, prise de décision et flexibilité stratégique
- l’organisation : le changement, la communication interne et l’alignement
- l’innovation : l’innovation technologique, organisationnelle et les portefeuilles d’innovation
Pour cela, nous nous sommes appuyés sur une grille d’analyse issue d’une revue de littérature (Corporate foresight: A systematic literature review and future research trajectories, Marinković, Al-Tabbaa, Khan, Wu, 2022).
Nous avons adapté cette grille aux effets que nous avons constatés dans notre étude et nous avons lié ces effets aux niveaux d’ambition évoqués précédemment. Notons que nous avons exclu les effets de performance financière qui n’ont pas été spontanément évoqués dans nos échanges avec les participants.
Focus sur les effets inattendus ou moins visibles
Plutôt que d’expliciter l’ensemble des effets constatés, nous allons nous attarder sur des effets inattendus ou moins visibles.
Dans la plupart des contextes, l’anticipation se met au service de la stratégie et des acteurs qui l’incarnent (direction générale) ainsi que de l’innovation, souvent dans une perspective technologique.
Cependant, une démarche d’anticipation agit aussi sur les aspects organisationnels. Ils sont peu mis en avant, soit parce qu’ils ne sont pas spécifiques à une démarche d’anticipation ou parce qu’ils ne sont pas prioritairement recherchés. Ces effets n’en sont pas moins porteurs de valeur pour les organisations, bien qu’ils soient difficilement quantifiables.
Nous en dénombrons quatre effets principaux :
Effet #1 : le changement organisationnel.
Puisqu’une démarche d’anticipation identifie les facteurs de l’équation qui peuvent varier, elle favorise directement ou indirectement le changement organisationnel, par le décentrement de la pensée, l’ouverture à d’autres points de vue, etc.
Effet #2 : la communication au sein de l’organisation.
Avec des ambitions qui portent l’intention de Challenger ou de Redéfinir l’organisation, la démarche d’anticipation est nécessairement ouverte, que ce soit dans les phases de recherche de signaux, d’analyse collective ou de partage. Cela facilite la circulation des informations stratégiques au sein de l’organisation.
Effet #3 : le partage et la fabrication d’un consensus.
Challenger ou Redéfinir ne peut s’effectuer par les seuls organes de direction. Des approches collectives voire collaboratives doivent être mises en œuvre pour partager des constats, prendre des décisions ensemble, s’aligner sur les intentions et les renoncements à opérer, etc. Les organisations vont donc ouvrir les conversations stratégiques à d’autres niveaux hiérarchiques que le comité de direction.
Effet #4 : l’innovation organisationnelle.
La façon de produire les biens ou services dans une organisation évolue dans le temps, plus ou moins fortement en fonction des attentes des parties prenantes. Pour trouver la bonne équation, l’organisation cherche à adapter ou innover sur ses processus (production, décisions, etc.).
Ces innovations organisationnelles sont favorisées par un travail d’anticipation, en dessinant les contours d’un nouveau contexte, d’une rupture technologique, d’attentes clients, etc. C’est souvent le pendant d’une innovation sur l’offre. Le mouvement autour de l’agilité dans les entreprises en est un bon exemple.
En conclusion, les effets organisationnels, qui touchent entre autres, aux cycles de décisions et à la mise en mouvement des forces humaines, sont souvent perçus comme secondaires.
A notre sens, c’est régulièrement un angle mort des approches d’anticipation malgré leur caractère essentiel.
Demain, dans un monde encore plus incertain et volatile, ces facteurs humains seront cruciaux pour s’adapter et se transformer.
En synthèse
La problématique
Quels sont les effets qu’une démarche d’anticipation provoque au sein d’une organisation ?
Les pistes de réponse
Les effets se concentrent sur la stratégie, l’innovation et les questions organisationnelles.
Ces dernières sont moins souvent évoquées voire considérées comme secondaires malgré leur caractère essentiel.
Les directions d’action
Étant donné les effets bénéfiques sur le fonctionnement de l’organisation, nous invitons les équipes dirigeantes à prendre conscience et articuler les aspects organisationnels dans les démarches d’anticipation.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
N’hésitez pas à laisser votre avis ci-dessous ou, pourquoi pas, à rédiger un billet sur votre façon de faire !