Extraits

s'inspirer pour mieux imaginer

Ah ! s’écria Cyrus Smith, te voilà donc redevenu homme, puisque tu pleures !

Jules Verne
L’île mystérieuse

Puis, de tous côtés, c’étaient des machines de provenance américaine, portées aux dernières limites du progrès. À l’une on présentait un porc vivant, et il en sortait deux jambons, l’un d’York, l’autre de Westphalie !.. Celle-là dévorait un veau de trois ans et le reproduisait sous la double forme d’une blanquette fumante et d’une paire de bottines fraîchement cirées.

Jules Verne
Une ville idéale

— Des malades ! Est-ce que nous avons des malades depuis que les coutumes chinoises ont été adoptées en France ! C’est ici comme si vous étiez en Chine.
— En Chine ! Cela ne m’étonne pas !
— Oui ! Nos clients ne nous paient d’honoraires que pendant qu’ils sont bien portants ! Ne le sont-ils plus, la caisse est fermée ! Aussi, n’avons-nous pas d’intérêt à ce qu’ils tombent jamais malades ! Donc, plus d’épidémies, ou presque pas ! Partout des santés florissantes que nous entretenons avec un soin pieux, comme un fermier qui tient sa ferme en bon état !

Jules Verne
Une ville idéale

Il n’y a qu’à imiter la nature, car elle ne se trompe jamais.

Jules Verne
Robur le conquérant

Si une situation contient des possibilités, mais qu’elles sont hors de notre modèle [mental], c’est comme s’il n’y avait rien. Nous ne pouvons pas les percevoir. Elles sont hors du champ de vision.

P. Silberzahn & B. Rousset
Stratégie Modèle Mental, 2020

Le capitaine Nemo resta donc, puis il observa ces hommes jetés sans ressource sur une île déserte, mais il ne voulut point être vu. Peu à peu, quand il les vit honnêtes, énergiques, liés les uns aux autres par une amitié fraternelle, il s’intéressa à leurs efforts.

Jules Verne
L’île mystérieuse

L’un voulait avoir la Théorie des frottements en vingt volumes, l’autre la Compilation des problèmes électriques, celui-ci le Traité pratique du graissage des roues motrices, celui-là la Monographie du nouveau cancer cérébral.
Les Harmonies Électriques de Martillac, ouvrage couronné par l’Académie des Sciences, les Méditations sur l’oxygène de M. de Pulfasse, le Parallélogramme poétique, les Odes décarbonatées…

Jules Verne
Paris au 20e siècle

Il ne faut pas servilement imiter la nature. Les locomotives n’ont pas été copiées sur les lièvres, ni les navires à vapeur sur les poissons. Aux premières, on a mis des roues qui ne sont pas des jambes, aux seconds des hélices qui ne sont point des nageoires. Et ils n’en marchent pas plus mal. Au contraire. D’ailleurs, sait-on ce qui se fait mécaniquement dans le vol des oiseaux dont les mouvements sont très complexes ?

Jules Verne
Robur le conquérant

L’amour est une contrée vierge. Chaque pas qui nous en rapproche nous transforme. Nous grandit. Change la géographie de qui nous sommes. Et si on est assez courageux pour y pénétrer seul et y trouver sa place, on ne connaîtra plus jamais la solitude parce qu’on est arrivé à vivre dans tout ce que l’amour touche.

Il devient de plus en plus difficile de gérer directement les situations et de régler les problèmes, car il es impossible de remonter la ligne de causalité. La cause de B n’est pas juste A, mais aussi D, E et peut-être F et parfois G. H joue également un rôle, mais nous ne le savons pas. Et cela évolue dans le temps. Le temps que nous le déterminions, il sera trop tard.

P. Silberzahn & B. Rousset
Stratégie Modèle Mental, 2020

— Ce ne sont point des moules, répondit le jeune Harbert, qui examinait avec attention les mollusques attachés aux roches, ce sont des lithodomes.
— Et cela se mange ? demanda Pencroff.
— Parfaitement.
— Alors, mangeons des lithodomes.

Jules Verne
L’île mystérieuse

— Oui ! Oui ! répondit Harbert, et peut-être pourra-t-on, avec des soins, réveiller en lui quelque lueur d’intelligence !

— L’âme ne meurt pas, dit le reporter, et ce serait une grande satisfaction que d’arracher cette créature de Dieu à l’abrutissement !

Jules Verne
L’île mystérieuse

Eh bien ! citoyens, dans l’obscurité qui nous environne, dans l’incertitude profonde où nous sommes de ce que sera demain, je ne veux prononcer aucune parole téméraire, j’espère encore malgré tout qu’en raison même de l’énormité du désastre dont nous sommes menacés, à la dernière minute, les gouvernements se ressaisiront et que nous n’aurons pas à frémir d’horreur à la pensée du cataclysme qu’entraînerait aujourd’hui pour les hommes une guerre européenne.

Discours du 25 juillet 1914
  • Mais qui a allumé le feu ? demanda Pencroff.
  • Le soleil ! La réponse de Gédéon Spilett était exacte. C’était le soleil qui avait fourni cette chaleur dont s’émerveillait Pencroff.
    Le marin ne voulait pas en croire ses yeux, et il était tellement ébahi, qu’il ne pensait pas à interroger l’ingénieur.
  • Vous aviez donc une lentille, monsieur ? demanda Harbert à Cyrus Smith.
  • Non, mon enfant, répondit celui-ci, mais j’en ai fait une.  Et il montra l’appareil qui lui avait servi de lentille. C’étaient tout simplement les deux verres qu’il avait enlevés à la montre du reporter et à la sienne.
Jules Verne
L’île mystérieuse

La fonction principale de notre cerveau, observait Laborit (1976), n’est pas de penser mais d’agir et de rechercher la stabilité interne de son organisation. Le paradoxe du cerveau concernant l’apprentissage, compris comme une transformation structurelle, c’est qu’il recherche cette stabilité alors même qu’il est la condition de l’émergence du nouveau grâce à sa plasticité (Varela). Il s’agit bien, pour a-prendre, de résister à la fixité…, d’accepter de perdre, de réviser ses croyances, ses routines. Cet équilibre entre la stabilité et l’instabilité est bien la marque de l’apprenance. C’est la posture de l’équilibre instable, qui est la condition de l’engagement dans le développement de soi.

Il s’approcha du piano, pressa un bouton, et fit jaillir, c’est le mot, une table munie de bancs, à laquelle trois convives pouvaient tenir à l’aise.

Jules Verne
Paris au 20e siècle

L’humanité ne saurait jamais atteindre une véritable conscience morale, de la même manière que l’homme ne pouvait s’élever du sol en tirant sur ses propres cheveux. Pour réussir, il fallait l’aide d’une force extérieure à l’homme.

Le problème à trois corps

Je lui livrai mon pouls avec résignation. Mon docteur tira de sa poche un petit instrument dont j’avais entendu tout récemment parler, et, l’appliquant à mon poignet, il obtint sur un papier préparé le diagramme de mes pulsations qu’il lut rapidement, comme un employé lit une dépêche télégraphique.

Jules Verne
Une ville idéale

Le domaine du risque est celui des situations répétées à l’identique. C’est le domaine où prévaut une logique d’optimisation des moyens et des préexistences des buts. Le paradigme est celui de la décision comme choix parmi des options possibles, où l’on distingue la décision de la mise en oeuvre dans un environnement considéré comme largement exogène. C’est le domaine cartésien par excellence.

Le domaine de l’incertitude est celui des situations uniques et inédites. C’est le domaine où prévaut une logique de créativité et d’endogénéité des buts. Le paradigme est celui de la décision comme la construction créative d’un avenir désirable, où la décision et l’action fusionnent dans l’action créative.

Philippe Silberzahn
Bienvenue en incertitude, 2018

La chose la plus importante, c’est que personne ne sait rien. En politique, c’est ce que tu perçois comme vrai qui l’est, pas ce qui est vrai. Si je vous dis qe c’est un plaisir d’être ici, parce que j’ai quitté Boston où il neigeait et que maintenant je suis à Prague où le soleil brille, vous me croirez. Parce que vous savez qu’ici aujourd’hui est une belle journée.
Si, au contraire, je vous dis que je suis triste d’être ici parce que j’ai laissé Boston sous le soleil et qu’ici, à Prague, il neige, vous ne me croirez ni sur Prague, parce qu’il vous suffit de vérifier par la fenêtre, ni sur Boston parce que je vous ai menti sur Prague.
Voilà : un bon politique est un type qui vous dit un certain nombre de choses vraies avant de commencer à vous dire un certain nombre de choses fausses, parce que ainsi vous croirez à tout ce qu’il vous raconte, vérités et mensonges.

Après avoir été briquetiers, potiers, fondeurs, forgerons, nous saurons bien être maçons, que diable !
– Raffineurs ! répondit Pencroff. C’est un métier un peu chaud, je crois ?
— Très chaud ! répondit l’ingénieur.

Jules Verne
L’île mystérieuse

Je ne pouvais pas courir le risque que quelqu’un me connaisse, parce que je ne pouvais pas courir le risque de me connaître moi-même. Cela, je le compris alors, aussi parfaitement que jamais je ne compris autre chose. Je ne savais pas pourquoi il en était ainsi pour moi. Je savais seulement que c’était comme ça. Je savais seulement que je m’enfuirais et que je continuerais toujours à m’enfuir parce qu’à ce moment-là j’avais appris qu’il était bien plus facile de partir si on n’était jamais arrivé pour de bon.

 

Livre blanc

Tu ne contrôles pas les choses qui arrivent, pire, tu n’es même pas capable de savoir si elles sont bonnes ou mauvaises. Tu es là, tu attends une chose, tu la désires de toutes tes forces. Elle se produit enfin et, juste après, tu te rends compte que ta vie est gâchée. Ou le contraire.

Le ciel te tombe sur la tête et après un peu de temps tu te rends compte que c’est la meilleure chose qui pouvait t’arriver. Crois-moi, la seule chose que tu peux contrôler c’est ta façon d’interpréter les événements. Si tu pars de l’idée que ce ne sont pas les choses, mais le jugement que nous portons sur elles qui nous fait souffrir, alors tu peux aspirer à prendre le contrôle de ta vie. Sinon tu es condamné à tirer sur des mouches avec un canon.

Face à l’incertain et au brouillard de l’action, c’est moins de puissance cérébrale que de sagesse dont on a besoin, et la sagesse ne peut s’acquérir que sur le terrain à partir d’une posture d’humilité malheureusement peu commune chez les esprits supérieurs.

Philippe Silberzahn
Bienvenue en incertitude, 2018

– N’y a-t-il donc aucun remède à cela, demanda Michel.
– Aucun, tant que régneront la finance et la machine ! Et encore, j’en veux surtout à la machine !
– Pourquoi cela !
– Parce que la finance a cela de bon qu’elle peut au moins payer les chefs-d’œuvre, et il faut bien manger, même quand on a du génie !

Jules Verne
Paris au 20e siècle
1 / 3123