Extraits

s'inspirer pour mieux imaginer

Puis, de tous côtés, c’étaient des machines de provenance américaine, portées aux dernières limites du progrès. À l’une on présentait un porc vivant, et il en sortait deux jambons, l’un d’York, l’autre de Westphalie !.. Celle-là dévorait un veau de trois ans et le reproduisait sous la double forme d’une blanquette fumante et d’une paire de bottines fraîchement cirées.

Jules Verne
Une ville idéale

Le lien causal entre une technique et une culture n’est ni automatique ni unilatéral. […]

Des innovations techniques rendent possibles ou conditionnent l’apparition de telle ou telle forme culturelle (pas de science moderne sans imprimerie, pas d’ordinateurs personnels sans microprocesseurs) mais elles ne les déterminent pas nécessairement.

Tu ne contrôles pas les choses qui arrivent, pire, tu n’es même pas capable de savoir si elles sont bonnes ou mauvaises. Tu es là, tu attends une chose, tu la désires de toutes tes forces. Elle se produit enfin et, juste après, tu te rends compte que ta vie est gâchée. Ou le contraire.

Le ciel te tombe sur la tête et après un peu de temps tu te rends compte que c’est la meilleure chose qui pouvait t’arriver. Crois-moi, la seule chose que tu peux contrôler c’est ta façon d’interpréter les événements. Si tu pars de l’idée que ce ne sont pas les choses, mais le jugement que nous portons sur elles qui nous fait souffrir, alors tu peux aspirer à prendre le contrôle de ta vie. Sinon tu es condamné à tirer sur des mouches avec un canon.

Il s’approcha du piano, pressa un bouton, et fit jaillir, c’est le mot, une table munie de bancs, à laquelle trois convives pouvaient tenir à l’aise.

Jules Verne
Paris au 20e siècle

Entre l’albatros qui donne à peine dix coups d’aile par minute, entre le pélican qui en donne soixante-dix…
– Soixante et onze ! dit une voix narquoise.
– Et l’abeille qui en donne cent quatre-vingt-douze par seconde…
– Cent quatre-vingt-treize !… s’écria-t-on par moquerie.
– Et la mouche commune qui en donne trois cent trente…
– Trois cent trente et demi !
– Et le moustique qui en donne des millions…

Jules Verne
Robur le conquérant

Cet insuccès prouvait-il que l’opération était impossible à réaliser, que les forces dont disposent les hommes ne seront jamais suffisantes pour amener une modification dans le mouvement diurne de la Terre, que jamais les territoires du pôle arctique ne pourront être déplacés en latitude pour être reportés au point où les banquises et les glaces seraient naturellement fondues par les rayons solaires ?

Jules Verne
Sans dessus dessous

Je ne peux pas dire que je suis particulièrement emballé par la science. En vérité, je ne l’ai jamais été : c’est-à-dire que je n’ai jamais suivi d’études scientifiques ni même fait d’expériences. Mais, quand j’étais jeune, j’adorais observer le fonctionnement des machines.

Jules Verne

Le domaine du risque est celui des situations répétées à l’identique. C’est le domaine où prévaut une logique d’optimisation des moyens et des préexistences des buts. Le paradigme est celui de la décision comme choix parmi des options possibles, où l’on distingue la décision de la mise en oeuvre dans un environnement considéré comme largement exogène. C’est le domaine cartésien par excellence.

Le domaine de l’incertitude est celui des situations uniques et inédites. C’est le domaine où prévaut une logique de créativité et d’endogénéité des buts. Le paradigme est celui de la décision comme la construction créative d’un avenir désirable, où la décision et l’action fusionnent dans l’action créative.

Philippe Silberzahn
Bienvenue en incertitude, 2018

Chacun, suivant son tempérament, pourra choisir le climat invariable qui conviendra à ses rhumes ou à ses rhumatismes, sur un globe où l’on ne connaîtra plus les variations de chaleur actuellement si regrettables !

Jules Verne
Sans dessus dessous

« Par le commencement », avait dit Cyrus Smith. Or, ce commencement dont parlait l’ingénieur, c’était la construction d’un appareil qui pût servir à transformer les substances naturelles. On sait le rôle que joue la chaleur dans ces transformations. Or, le combustible, bois ou charbon de terre, était immédiatement utilisable. Il s’agissait donc de bâtir un four pour l’utiliser.

– À quoi servira ce four ? demanda Pencroff.
– À fabriquer la poterie dont nous avons besoin, répondit Cyrus Smith.
– Et avec quoi ferons-nous le four ?
– Avec des briques.
– Et les briques ?
– Avec de l’argile.

En route, mes amis. Pour éviter les transports, nous établirons notre atelier au lieu même de production. Nab apportera des provisions, et le feu ne manquera pas pour la cuisson des aliments.

Jules Verne
L’île mystérieuse

Quant à l’amélioration des climats, était-elle si désirable ? En vérité, il n’y aurait que les Esquimaux, les Lapons, les Samoyèdes, les Tschoultchis, qui pourraient y gagner, puisqu’ils n’avaient rien à y perdre.

Jules Verne
Sans dessus dessous

Les huit attributs des meilleures entreprises :

  1. Elles ont le parti pris de l’action.
  2. Elles restent à l’écoute du client.
  3. Elles favorisent l’autonomie et l’esprit novateur.
  4. Elles basent la productivité sur la motivation du personnel.
  5. Elles se mobilisent autour d’une valeur clé.
  6. Elles s’en tiennent à ce qu’elles savent faire.
  7. Elles préservent une structure simple et légère.
  8. Elles allient souplesse et rigueur.

— Oui ! Oui ! répondit Harbert, et peut-être pourra-t-on, avec des soins, réveiller en lui quelque lueur d’intelligence !

— L’âme ne meurt pas, dit le reporter, et ce serait une grande satisfaction que d’arracher cette créature de Dieu à l’abrutissement !

Jules Verne
L’île mystérieuse

— Ce ne sont point des moules, répondit le jeune Harbert, qui examinait avec attention les mollusques attachés aux roches, ce sont des lithodomes.
— Et cela se mange ? demanda Pencroff.
— Parfaitement.
— Alors, mangeons des lithodomes.

Jules Verne
L’île mystérieuse

Les lois du développement organisationnel :

  1. Ceux qui étaient à l’aise avec les activités et arrangements d’une phase sont ceux qui ont le plus de chances de percevoir la suivante comme une sérieuse contrariété personnelle.
  2. Le succès de toute phase déclenche sa fin en créant des défis pour lesquels elle n’est pas armée.
  3. Dans toute transition significative, ce à quoi l’organisation a besoin de renoncer est précisément ce qui l’a amenée jusqu’ici.
  4. Dès lors qu’arrive une période troublée et douloureuse, c’est probablement q’une transition de développement est en cours.
  5. Pendant la première moitié du cycle de vie – jusqu’à la réussite -, ne pas accomplir une transition quand il est temps qu’elle se produise causera un «retard« dans le développement de l’organisation.

La Technologie Totale se fonde techniquement sur la personnalisation de masse qui engendre à son tour une atomisation encore plus fine du tissu social, du lien, du « commun ». La Technologie Totale n’est pas une idéologie problématique parce qu’elle est technologie, celle-ci peut aussi être mise au service de l’invention, de la connaissance et du progrès et, pour ma part, je ne crois pas que le problème soit la technologie en tant que telle. C’est plutôt sons « totalisme » massifiant, son « implicite » idéologique dont l’un des carburants est la dislocation de l’intime qui pose problème. […]

Le contrôle de l’individu ne passe plus exclusivement par la coercition mais par la « séduction » standardisée et ultra-consumériste qui flatte et exploite des egos affaiblis. La société de masse composée d’individus psychiquement perdus, fragiles, sans repères solides se transforme en « société de survie » avec une aspiration forte pour un Etat paternaliste, substitut de la figure, castrée, du père. La société de survie, celle qui précisément caractérise la société de masse, la nôtre, est une société par nature égoïste, violente, brutale. Car, c’est assez simple : trop occupés à survivre seuls matériellement ou psychiquement, comment, avec qui, contre qui, se battre ?

Il ne faut pas servilement imiter la nature. Les locomotives n’ont pas été copiées sur les lièvres, ni les navires à vapeur sur les poissons. Aux premières, on a mis des roues qui ne sont pas des jambes, aux seconds des hélices qui ne sont point des nageoires. Et ils n’en marchent pas plus mal. Au contraire. D’ailleurs, sait-on ce qui se fait mécaniquement dans le vol des oiseaux dont les mouvements sont très complexes ?

Jules Verne
Robur le conquérant

Nous ne pensons pas en termes de « choses », il n’existe aucune chose telle qu’une chose, il n’y a que des systèmes.

J’étais un gamin de seize ans qui ne savait rien, mais c’est précisément pour cette raison que j’étais plus adapté au monde nouveau que lui qui savait tout.

Tout le monde me connaît mais personne ne peut me raconter. Personne ne me connaît même si tout le monde a entendu mon nom. Si tout le monde parle ensemble, cela donne quelque chose qui me ressemble mais n’est pas moi. Toutes les actions de tout le monde me construisent. Jej suis le sang dans les rues, la catastrophe impossible à oublier. Je suis la marée à l’oeuvre sous les fondations du monde, que personne ne voit ni ne sent. Je me déroule au présent mais ne suis contée que dans le futur, où l’on pense alors parler du passé sauf que l’on ne parle, encore et toujours, que du présent. Je n’existe pas mais je suis tout.

Voilà, vous me reconnaissez. Je suis l’Histoire. Faites-moi belle.

Les modèles mentaux ce n’est pas le «à quoi je pense/nous pensons», c’est le «comment je pense/nous pensons», c’est-à-dire les hypothèses, les croyances et les valeurs individuelles et collectives que nous formons sur le monde qui nous entoure.

Ce sont des lunettes filtrantes; en langage plus savant, c’est un «cadre de référence».

P. Silberzahn & B. Rousset
Stratégie Modèle Mental, 2020

Le changement radical n’est pas difficile parce que l’environnement extérieur est incompris ou invisible. Il est difficile lorsqu’il n’a pas de sens pour nous: il ne rentre pas dans notre modèle mental donc nous ne le considérons pas.

La question ne porte donc pas tant sur la nature des changements (big data, digital, intelligence artificielle, etc.) qui peuvent toujours être compris avec un effort suffisant, mais sur notre capacité à leur donner un sens.

P. Silberzahn & B. Rousset
Stratégie Modèle Mental, 2020

On voit que même une approche purement quantitative d’un problème n’en n’est pas nécessairement objective pour autant: on n’élimine pas la dimension subjective, on ne peut pas séparer les «faits» et l’identité de celui qui les choisit.

Philippe Silberzahn
Bienvenue en incertitude, 2018

Il n’y a en réalité jamais de score final dans le monde du changement continu. Ce qu’on appelle « victoire » est en fait un temps d’avance en début de partie. Par ailleurs, les organisations qui ont vraiment du succès ne sont pas celles qui se lancent pour vaincre la concurrence mais celles qui se concentrent sur la globalité de l’environnement plutôt que sur la compétition.

Quand on secoue un olivier pendant la récolte des olives, est-ce que toutes les branches n’en pâtissent pas ?

– Et lorsque vous recevez un coup de poing dans la poitrine, répétait Jacques Jansen, est-ce que tout votre corps n’en est pas ébranlé ?

Jules Verne
Sans dessus dessous
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