Comment modéliser une civilisation

Q094 | La prospective pour réconcilier les systèmes humains et le système Terre ?

Ce billet est le septième (et dernier) d’une série consacrée à la question : comment peut-on modéliser une civilisation ? Ensemble, ils vous permettront de découvrir le modèle civilisationnel des “pace layers”, imaginé par Stewart Brand.

Partons maintenant à la découverte de la couche consacrée à la nature.

Dans le modèle des pace layers, les six couches qui, ensemble, composent une civilisation, sont classées par ordre décroissant de vitesse d’évolution. Il s’agit de la “mode” (fashion dans le texte d’origine) à laquelle nous substituons les activités d’invention et d’innovation ; l’économie (et les modèles économiques) ; les infrastructures ; la gouvernance (et les modèles de gouvernance) ; la culture ; le vivant.

Dans le modèle des pace layers, les six couches sont classées par ordre décroissant de vitesse d’évolution.

Partons maintenant à la découverte de la couche la plus lente, celle de la biosphère.

La biosphère est “l’ensemble des organismes vivants et leurs milieux de vie, donc la totalité des écosystèmes présents que ce soit dans la lithosphère, l’hydrosphère et l’atmosphère”.

 

La lithosphère

Commençons par la lithosphère. Selon la définition qu’en propose l’Université virtuelle environnement et développement durable (UVED), la lithosphère est “l’ensemble du substrat solide qui affleure à la surface des continents et sur le fond des océans”. De la lithosphère, on extrait de grandes quantités de matières premières, aujourd’hui essentielles au fonctionnement des infrastructures de la société thermo-industrielle :

  • Les combustibles fossiles (conventionnels : pétrole, charbon, gaz naturel, etc. ; non-conventionnels : sables bitumineux, gaz de schiste, etc.) ;
  • Les métaux dont les terres rares, qui ont acquis le statut de matières premières stratégiques depuis que leurs propriétés uniques sont exploitées massivement dans la fabrication des smartphones notamment ;
  • Le sable de construction ;
  • Les minéraux qui contiennent de l’azote, du phosphore ou du potassium, trois éléments nutritifs utilisés dans la production d’engrais essentiels à l’agriculture intensive.

Jusqu’à il y a peu, les déterminants “physiques”, à l’instar des matières premières disponibles, pouvaient ne pas être considérés comme des paramètres de premier ordre de l’activité économique, tant ils étaient faibles devant les stocks disponibles ou la capacité d’absorption et de renouvellement de l’environnement.

Mais n’en déplaise aux nouveaux « cow-boys », Elon Musk en tête, nous sommes bel et bien tous à bord du même “vaisseau Terre” et nous ne pouvons pas nous en échapper. Toute nouvelle proposition politique ou toute nouvelle stratégie d’entreprise doit s’inscrire dans la “réalité physique du monde”.

L’hydrosphère

L’eau recouvre 72% de la surface du globe… et la planète bleue porte bien son nom. L’hydrosphère englobe toutes les eaux de la planète : océans, mers, lacs, cours d’eau, nappes phréatiques, etc.

Aujourd’hui, l’hydrosphère est dans un état de dégradation avancé à cause de plusieurs processus en cours qui se conjuguent et se renforcent mutuellement : pollutions, déchets plastiques, acidification, réchauffement, montée des eaux, salinisation, assèchement, etc.

L’atmosphère

Les activités humaines modifient la composition chimique de l’atmosphère si rapidement que les cycles de l’eau et du carbone, des cycles essentiels à la vie, sont détraqués. Le climat sort de sa zone de stabilité… Les pollutions en gaz et en particules sont partout.

 

Aujourd’hui, la raison d’être de la prospective est toute trouvée : aider notre espèce à penser et à vivre des récits qui lui permettront d’entretenir une relation apaisée avec notre planète.

Et la prospective dans tout cela ?

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la prospective a été conçue par quelques pionniers comme une philosophie en action, indispensable pour penser – et mettre en œuvre – la reconstruction des pays touchés voire anéantis par le conflit mondial.

Aujourd’hui, la raison d’être de la prospective est toute trouvée : aider notre espèce à penser et à vivre des récits qui lui permettront d’entretenir une relation apaisée avec notre planète.

Thomas Gauthier, emlyon business school

Thomas Gauthier est Professeur de stratégie à emlyon business school. Il est également administrateur de la Fondation Internet nouvelle génération (FING), membre du conseil scientifique de Futuribles International et Associate Fellow au Geneva Centre for Security Policy. Thomas est le co-fondateur, ensemble avec Quentin Ladetto, de l'atelierdesfuturs.org.

Share
Published by
Thomas Gauthier, emlyon business school

Recent Posts

Q207 | Une prospective (créative) de l’Entreprise

Surprise : si l’on rencontre pas mal de prospectivistes dans les grandes entreprises, et beaucoup…

10 heures ago

Q206 | Que nous apprend la fenêtre d’Overton en prospective ?

Si le contexte n’est pas nécessairement politique, le concept d’une fenêtre qui change de taille…

6 jours ago

Q204 | La «conscience partagée» comme facteur décisif pour la «prévision et l’adaptation»

Capitaliser sur les enseignements tirés des projets antérieurs : L'objectif de cet article est de…

4 semaines ago

#43 Jorgen Randers | Gouverner le long terme

Jorgen Randers est un universitaire norvégien, professeur émérite de stratégie climatique à la BI Norwegian…

1 mois ago

Q203 | Comment la prospective enrichit-elle les processus d’innovation dans les organisations ?

La rapidité et la complexité accrues de l'environnement économique et international exigent des organisations qu’elles…

1 mois ago