Connaissez-vous la prospective circulaire – ou circular foresight en anglais ? Non ?
C’est normal ! C’est nouveau ! Ca vient de sortir! comme dirait ce regretté Coluche.
Vous avez en fait affaire à un néologisme ! Nous venons de créer cette expression afin de décrire l’entité nommée La prospective à trois corps.
Cette entité réunit le corps public, à travers le programme de prospective d’armasuisse, le corps privé, à travers le site Internet https://atelierdesfuturs.org et le corps associatif au travers de l’association Futurs.
Mais savourons premièrement la succulente définition que Madame Isabelle Chappuis proposa spontanément pour ce concept novateur :
La prospective circulaire est donc un concept qui vise à pratiquer la prospective de manière coopérative et en réunissant différents acteurs et parties prenantes.
Contrairement à une approche linéaire de la prospective, où les résultats de la recherche sont transmis de manière descendante à des parties prenantes passives, la prospective circulaire implique une coopération et une collaboration entre différents acteurs, chacun apportant des connaissances, des ressources et des compétences spécifiques.
Cette approche se concentre sur le partage des connaissances et l’enrichissement mutuel, créant ainsi un cercle vertueux dans lequel chaque action compte et où les acteurs mettent à disposition les ressources dont ils disposent, qu’elles soient financières, intellectuelles ou relationnelles.
Cette nouvelle association de mots est dans l’air du temps et nous sommes passés maîtres en la matière ! Mais derrière un peu d’opportunisme se trouve tout de même quelques réflexions ainsi qu’un peu de logique.
Nous aurions pu créer une start-up, voir une entreprise, ou essayer une autre voie, mais non, c’est celle que nous avons choisie. Est-ce que tout cela existera demain, dans 5 ou 10 ans, je ne peux vous répondre, mais cela semble simplement la bonne chose à faire, au bon moment et avec les bonnes personnes.
Comme à chaque tendance, nous observons une contre-tendance, se lancer dans une telle aventure comporte des risques, mais ne pas le faire également, en plus que du regret !
Nous pourrions raconter une histoire parlant de planification, de vision, de construction méthodique de cette entité – est-ce vraiment une “entité” – mais cela ne serait que mensonges. Si je me permets de vous raconter cette histoire, c’est pour montrer, preuves à l’appui, que l’action est à la base de beaucoup de choses, certes avec réflexion, mais que trop réfléchir sans agir, peut ne pas être la meilleure des stratégies. Là encore, rien de nouveau vu que Machiavel l’avait déjà énoncé En agissant se dévoilent les partis [options] qui seraient demeurés cachés si l’on n’avait pas agi.
Pour conclure cette introduction, j’ajouterais juste que chaque décision est liée à une personne et à une date bien précise. Je passerai ici les détails, mais ce que nous présentons ici comme “La prospective à trois corps” est le résultat d’une aventure humaine de plus de 10 ans, commencée grâce à la rencontre avec le Dr. David Humair avec qui je collaborais initialement en 2010 sur une projet de navigation pédestre sans signaux GNSS. Grâce à lui, je connus mon supérieur actuel en la personne du Dr. Hansruedi Bircher à qui je dois l’intégralité de ce que nous présentons ici. Sans confiance et liberté d’action, rien n’aurait été possible. Cela peut paraître évident, mais c’est toujours le choix d’un supérieur d’exercer un style de leadership ou un autre; du sien, j’en serai éternellement reconnaissant.
Le corps public
Le programme de prospective d’armasuisse prit donc son envol le 2 août 2013. Dans les années 2015-2016 régnait la tendance des tiers-lieux, et c’est exactement le 17 février 2016 à Thun lors d’un tiers-lieu deftech que nous nous sommes croisés Thomas Gauthier et moi-même.
De cette rencontre, après être restés en contact, il faudra attendre le 2 septembre 2019 pour que l’idée d’un livre consacré aux coulisses du programme deftech voit le jour. Quelques semaines plus tard, l’idée d’un site Internet dynamique substituant un écrit statique fut transmise par M. Daniel Kaplan, co-fondateur du réseau Université de la pluralité. Après quelques péripéties, le résultat donc est le site sur lequel vous lisez ce billet.
Bien entendu le programme de prospective d’armasuisse a continué ses activités qui vous sont relatées dans la série “deftech | les coulissses” et j’espère que celui-ci continuera pour les années à venir !
Le corps privé
Le corps privé se matérialise donc par le site Internet https://atelierdesfuturs.org. Le but de cet effort est d’entrer en relation avec des personnes pratiquant la prospective et donc partageant un même quotidien.
Étant conscient qu’un bagage individuel ne peut être que limité au vu de l’ensemble des activités possibles et du moyen de les conduire, permettre d’échanger sur nos expériences respectives a été la motivation première – et unique – du site. Plus qu’une décision, l’accès libre à l’information fut une évidence lors de la mise en place du site.
Mais échanger signifie indirectement la présence d’ une communauté aussi petite soit-elle.. La question était déjà apparue en 2017 déjà, ensemble à Monsieur Michell Zappa avec qui nous avions réfléchi ensemble à des étudiants MBA de HEC Lausanne à comment créer une communauté. Les idées sont restées lettres mortes, n’ayant à l’époque tout simplement pas la disponibilité, ni l’énergie pour poursuivre les propositions formulées..
Mais les choses changent…En allant son petit bonhomme de chemin, après 3 ans de billets, un rendez-vous avec une experte en communication se matérialisant en la personne de Madame Vénusia Bertin nous fait remarquer que pour mieux communiquer, il vaudrait tout de même mieux qu’une adresse Internet soit rattachée à quelque-chose, c’est à dire à une entité juridique. Une fois exprimé, cela paraît d’une logique absolue…. encore fallait-il l’exprimer !
C’est donc le plus naturellement possible que l’association Futurs a vu le jour, selon l’article 60 du Code Civil Suisse. Il est vrai que l’appellation “Think Tank” était tentante. Nous avons eu une longue discussion avec Madame Anne-Caroline Paucot et Monsieur Luc Legay sur les attentes, surtout en France, vis-à-vis d’une telle structure. Finalement, étant trop importantes par rapport aux ressources à disposition – surtout en temps ! – une association convenait parfaitement.
La chance ayant voulu là aussi que le nom de domaine Suisse fusse encore disponible, son acquisition ne nécessita que quelques secondes.
Le corps associatif
Récapitulons brièvement: nous avons donc un programme de prospective technologique avec sa communauté et ses activités, secondé par un site Internet permettant d’échanger sur des outils, des livrables et autres, venant nourrir les projets et l’orientation de celui-ci. Si les communautés d’intérêt se recoupent parfois, elles ne se superposent absolument pas.
Outre une meilleure légitimité, l’association Futurs permet d’accéder à diverses autres communautés – celles se concentrant sur le futur de thématiques spécifiques, ou sur des entités nécessitant des compétences ou des conseils pratiques.
Ces différents groupes de personnes ont tous des intérêts pour la prospective et l’anticipation des futurs, mais tous par rapport à leurs intérêts personnels et spécifiques qui ne sont pas nécessairement ceux ni du programme deftech, ni sur les contenus disponibles sur l’atelierdesfuturs.org.
Ce qui précipita également la création de l’entité fut la dynamique plus qu’importante liée au futur des métiers et de la formation, thèmes d’importance primordiale et fortement considérés aussi bien en Romandie que sur le reste de la planète. Madame Isabelle Chappuis, notre trésor(ière) ainsi que Mesdames Caroline Mayor et Gisèle Berthet apportent à l’association leurs énergies et leurs réseaux afin de stimuler réflexions stratégiques et actions concrètes sur le thème de l’éducation.
Comme les thèmes traités doivent être d’intérêt pour les membres et seront traités par ceux-ci, ils varieront certainement en fonction de la composition de l’association.
En conclusion
Le principal objectif de cette structure est donc de fournir un lieu sûr pour l’échange d’idées et la coopération entre des personnes intéressées à construire le meilleur futur possible d’un domaine particulier, mais également du futur dans sa globalité. Se préparer à l’inconnu est fondamental si l’on veut, non pas l’affronter, mais le rencontrer.
Lier l’approche terrain aux diverses méthodologies, des expériences concrètes au développement d’outils ou d’artefacts du futurs, se trouver à l’interface entre imagination et innovation et tout cela en complément d’une approche plus académique nous semble fondamental!
Difficile d’approcher le futur par des statistiques vu qu’aucune donnée – ou data – existe de celui-ci !
Permettant donc à tout un chacun de s’exprimer, et ce en fonction de ses intérêts, nous offrons un nouveau type de pair review en sachant que celui-ci sera par défaut bienveillant !
Une posture, une attitude
En complément de la conclusion précédente qui se devait de clôturer sur le pourquoi de cette initiative, nous devons avouer que le seul élément certain est que nous ne savons pas exactement où nous allons. Individuellement oui, tous ensemble pas encore vraiment.
Le bâteau et les voiles sont prêtes, nous verrons où soufflent les vents. Ce n’est pas exactement ce que préconise Sénèque, mais pourquoi ne pas tenter les Dieux !
Nous l’avouons sans rougir car nous en sommes conscients, et nous y sommes habitués.
La raison d’être de cette structure est justement de pouvoir s’adapter rapidement à tout changement soit-il interne ou externe. Les parties prenantes y contribuent dans la limite de leurs possibilités et de leur volonté, sans obligation ni pression, chacun ayant déjà une charge de travail non négligeable dans ses activités professionnelles. Cela doit être et rester une belle aventure.
C’est simplement notre façon à nous de faire face à l’imprévisible, à l’incertain et à l’inconnu avec enthousiasme, passion et positivité !
Et vous êtes cordialement invités à nous rejoindre !
L’appellation La prospective à trois corps s’inspire du titre du roman de science-fiction Le problème à trois corps de l’écrivain chinois Liu Cixin, dont la trilogie m’a été recommandée par Monsieur Nicolas Gluzman que je ne peux que remercier pour cette suggestion !
