Vouloir progressivement monopoliser l’initiative à son profit, à la guerre comme dans le rapport de parole, ne signifie pas pour autant qu’on ait à initier la situation. Il en va même tout le contraire, puisque, tandis que celui qui initie est toujours plus ou moins contraint à se hasarder, et par là s’épuise à frayer la trace, celui qui suit bénéficie de tous les repères nécessaires pour ne plus avoir à s’aventurer et évolue d’autant plus à l’aise qu’il sait sur quoi se guider. Lui a prise et l’autre non.

Sa conduite en acquiert une rigueur et une détermination, et par suite une force injonctive, qui réagissent en sous-main sur la relation initiale au point que, progressivement, tout en ne cessant de s’adapter à l’autre au-dehors, il est de plus en plus en mesure de le régir intérieurement.

Autrement dit, en ne cessant de suivre et de se laisser porter par-devant, on accède à une position beaucoup plus riche d’effet possible, dans son retrait, que le devant besogneux du devancier : la capacité d’initiative se révèle moins au début qu’à la fin, elle aussi est le fruit d’une évolution, elle s’obtient par accumulation et se manifeste comme un résultat.