Une technologie composite
La noctivue utilise trois dispositifs.
- Le premier amplifie la moindre étincelle de lumière : les étoiles, la lune, les halos urbains… Ce filet de photons devient une image fluide.
- Le deuxième éclaire sans éclairer : une lueur infrarouge, invisible à l’œil nu, rebondit sur la scène et dessine les détails d’une scène plongée dans le noir.
- Le troisième ne regarde pas la lumière, mais la chaleur : il perçoit les signatures thermiques.
Cette fusion technologique crée une cartographie tridimensionnelle de l’environnement nocturne.
Nos nuits aussi belles que nos jours.
Noctivue transforme l’expérience de la vie nocturne.
Les promenades tardives deviennent des explorations fascinantes où chaque recoin révèle ses mystères.
Les jardins nocturnes dévoilent l’activité secrète des créatures qui les habitent.
L’observation de la faune nocturne se mue en spectacle grandiose.
Vers l’infini nocturne
La noctivue annonce l’émergence d’une humanité qui habite les vingt-quatre heures du cycle circadien.
Cette révolution technologique ne se contente pas d’améliorer la vision. Elle élargit notre conscience, enrichit notre expérience sensorielle et ouvre des territoires d’exploration infinis.
L’avenir n’appartient plus à ceux qui se lèvent tôt, mais à ceux qui ne se couchent pas.
L’histoire de la vue de nuit
Les débuts (années 1930–1945)
L’histoire de la vision nocturne commence dans les laboratoires d’AEG en Allemagne vers 1935.
Les ingénieurs allemands développent les premiers dispositifs d’intensification de lumière pour des besoins militaires. Ces appareils rudimentaires, baptisés « Génération 0 », utilisent des tubes à vide qui amplifient la lumière d’un facteur 1000.
Dès 1939, l’armée allemande dispose des premiers échantillons. Ces systèmes encombrants sont montés sur des chars. Pendant la Seconde Guerre mondiale, ils permettent aux forces allemandes d’obtenir un avantage lors des opérations nocturnes.
Les débuts de l’amplification (années 1960)
On assiste à l’arrivée des premiers intensificateurs capables d’amplifier la faible lumière ambiante (étoiles, lune) sans éclairage actif. L’image, souvent verdâtre et granuleuse, suffit pour observer et viser à courte et moyenne distance.
Maturité technique (années 1970–1980)
L’introduction des plaques à microcanaux augmente le gain et la résolution tout en réduisant le bruit. Les dispositifs gagnent en compacité et en robustesse.
Référence militaire (années 1980–2000)
Les photocathodes en arséniure de gallium améliorent la sensibilité, surtout dans le proche infrarouge. La Gen 3 s’impose comme le standard pro.
Le bio-hacking (2015)
Histoire de la Chlorin e6 (Ce6) permettant à un volontaire qui, s’étant fait injecté la substance lui a permis de voir à plus de 50 mètres dans l’obscurité totale pendant plusieurs heures.
Depuis cet essai, plus de nouvelles, perdu de vue, de jour comme de nuit.
Le tournant numérique (années 2000–aujourd’hui)
Capteurs très sensibles, rétroéclairés, traitement logiciel (débruitage, empilement d’images…) démocratisent la vision nocturne.
L’entreprise française Exosens développe un nouveau tube intensificateur de lumière 5G. Elle bouleverse les standards en matière de vision nocturne.

Illustration réalisée par Olivier Fontvieille