Chatrapie

Étymologie

Fusion de chat (conversation en ligne) et thérapie

La chatrapie est une thérapie effectuée par des intelligences artificielles conversationnelles comme ChatGPT ou Claude.

L’eldorado numérique

La chatrapie a plusieurs atouts.

Disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, le téléthérapeute répond en quelques secondes aux angoisses existentielles. Trois heures du matin, crise de panique ? Pas de problème, votre psy numérique est réveillé. Contrairement à son homologue humain qui vous demanderait probablement de rappeler aux heures ouvrables.

Fini les quatre-vingts euros la séance pour entendre : « Et vous, qu’en pensez-vous ? » La gratuité ou le coût dérisoire comparé aux consultations traditionnelles démocratise l’accès au bien-être mental.

Face à un écran, la confession est plus facile. Pas de regard inquisiteur, pas de sourcil qui se lève, pas de « Mmm, intéressant » prononcé d’un ton qui laisse planer le doute. L’intelligence artificielle ne juge pas, elle analyse. Cette neutralité bienveillante libère la parole sur les sujets les plus tabous.

La rapidité des réponses conforte l’addiction à l’immédiateté. En quelques secondes, l’IA fournit des conseils structurés, des exercices de respiration ou des techniques de gestion du stress.

Cette neutralité bienveillante libère la parole sur les sujets les plus tabous.

Quand la magie s’effrite

Sauf que derrière cette façade se cachent quelques briques moins reluisants.

L’empathie de la machine n’est qu’une simulation sophistiquée. L’IA comprend les mots, analyse les patterns, génère des réponses appropriées, mais elle ne ressent strictement rien. C’est juste de l’empathie en kit assemblée par un algorithme.

Le piège de l’attachement se referme rapidement. Des études révèlent qu’en seulement cinq jours, les utilisateurs développent un lien affectif avec leur intelligence artificielle. Il faut donc moins de temps que pour adopter un chaton. Cette relation artificielle peut augmenter l’isolement de personnes fragiles en les détournant des liens humains nécessaires à leur guérison.

Question confidentialité, c’est le Far West numérique. Les confessions les plus intimes alimentent les serveurs de géants technologiques. Les angoisses deviennent des données, les traumatismes des variables, la détresse psychologique une matière première exploitable. Charmant programme.

Les confessions les plus intimes alimentent les serveurs de géants technologiques.

Le psy pris la main dans le sac numérique

Declan, un jeune Américain, découvre pendant sa consultation en visioconférence que son thérapeute saisit religieusement tous ses propos dans ChatGPT. Imaginez la scène : vous payez un professionnel pour qu’il consulte gratuitement l’outil que vous pourriez utiliser directement.

Cette anecdote révèle la schizophrénie du secteur. D’un côté, certains psychologues partent en croisade contre cette thérapie numérique en brandissant l’étendard de l’irremplaçable relation humaine. De l’autre, d’autres utilisent discrètement cette béquille technologique.

La chatrapie représente un paradoxe de notre époque : nous cherchons l’humain dans la machine tout en mécanisant l’humain. Entre révolution thérapeutique et arnaque émotionnelle, elle interroge notre rapport à la technologie et à nous-mêmes.

Peut-être que la vraie thérapie consiste finalement à comprendre pourquoi nous préférons parfois parler à un algorithme plutôt qu’à nos semblables.