Étymologie
Du latin corpus (corps) et du suffixe grec oïde (forme, apparence).
Le corpoïde (ou bodyoïde en anglais) désigne un corps humain artificiel fabriqué in vitro à partir de cellules souches pluripotentes et d’utérus artificiels. Le corpoïde est caractérisé par l’absence de conscience, de capacité de souffrance et d’activité cérébrale supérieure.
Cette entité biologique est conçue pour disposer des fonctions végétatives humaines en étant dépourvue de toute forme de sensibilité ou d’expérience subjective.
Le corpoïde est destiné à la recherche biomédicale.
Il permet d’expérimenter de nouveaux traitements et médicaments. Il remplace l’expérimentation animale et offre une pertinence clinique supérieure. Le corpoïde accélère le développement de thérapies innovantes.
Le corpoïde constitue une source d’organes pour transplantation. Il élimine les problèmes de compatibilité immunologique et de pénurie d’organes.
Les corpoïdes ont été pensés par trois chercheurs (Carsten T. Charlesworth, Henry T. Greely et Hiromitsu Nakauchi). Ils considèrent que les corpoïdes sont une réponse à plusieurs crises médicales : La pénurie d’organes humains pour les greffes (plus de 100 000 patients en attente rien qu’aux États-Unis), les limites de l’expérimentation animale (peu transposable à l’humain, et moralement controversée), et le coût pharaonique des essais cliniques sur l’homme vivant.
Un humain sans conscience est-il un être humain ?
La proposition du corpoïde soulève des questions bioéthiques. La création délibérée d’entités biologiquement humaines et intentionnellement incomplètes pose la question de ce qui constitue un être humain. Un humain sans conscience est-il un être humain ? Et si non, à partir de quand cesse-t-il de l’être ?
Le corpoïde instrumentalise le corps humain au service de la recherche et réduit l’humanité à ses seules composantes biologiques utilitaires.
La faisabilité technique du corpoïde repose sur une compréhension encore limitée des mécanismes neurobiologiques de la conscience. La distinction entre conscience et non-conscience pourrait s’avérer moins nette que présupposée, soulevant le risque de créer des êtres potentiellement sensibles, mais incapables d’exprimer leur souffrance.
Par ailleurs, la normalisation de telles pratiques pourrait conduire à une désensibilisation progressive face à l’expérimentation sur des entités humaines, ouvrant la voie à des dérives eugénistes ou à l’exploitation de populations vulnérables.
Par extension, on parle de corpoïde pour désigner tout individu dont les capacités cognitives supérieures sont altérées ou supprimées par un usage excessif ou inadéquat de technologies. Une décérébration réduit l’être humain à ses seules fonctions biologiques de base.
Pour en savoir plus :
- Généthique.org | « Bodyoids » : des scientifiques proposent la fabrication de corps sans conscience pour la recherche
- MIT Technology Review | Ethically sourced “spare” human bodies could revolutionize medicine