Lentement, je fus pris de la certitude absurde que tout était possible, et il me sembla que même ces rues désertes et ce vent hostile respiraient l’espoir. En arrivant place de Catalogne, je vis qu’une volée de pigeons s’était rassemblée en son centre. Ils recouvraient la place comme un manteau d’ailes blanches ondulant en silence. Je m’apprêtai à les contourner, mais je m’aperçus que l’attroupement m’ouvrait un chemin sans s’envoler. J’avançai avec hésitation, en voyant les pigeons s’écarter sur mon passage, puis resserrer les rangs derrière moi. Parvenu au milieu de la place, j’entendis les cloches de la cathédrale sonner minuit. Je m’arrêtai un instant, échoué dans un océan d’oiseaux argentés, et je pensai que ce jour avait été le plus extraordinaire et le plus merveilleux de ma vie.

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