Le général, lui, doit s’élever jusqu’à la géographie générale d’une province et d’un pays, il doit constamment avoir devant les yeux l’image vivante du tracé des routes, des fleuves et des montagnes, sans pouvoir pour autant se passer du sens de l’orientation limité [savoir se retrouver facilement par monts et par vaux].
Les renseignements de toutes sortes, les cartes, les livres, les mémoires, lui seront certes d’un grand secours pour les grandes lignes, et son entourage l’assistera pour les détails. Mais il est certain que le grand talent de se faire une idée rapide et claire du terrain donnera à son action plus de souplesse et de fermeté, le protégera contre une certaine maladresse intérieure et le rendra moins dépendant des autres.

Cette faculté a été attribuée à l’imagination ; c’est en effet le seul service que l’activité militaire demande à cette déesse turbulente, qui lui est d’ailleurs plutôt nuisible qu’utile.