148 extraits pour nourrir votre vision et guider votre action !
– Vous avez mauvaise mine, décréta-t-il.
– Une indigestion, répliquai-je.
– De quoi ?
– De réalité.
– Vous n’êtes pas le seul, trancha-t-il.
Vous avez commis l’affreuse erreur, m’a-t-il dit, de confier vos établissements scientifiques à des scientifiques ayant pignon sur rue, en qui vous aviez confiance. Mans ce sont surtout les jeunes chercheurs peu dignes de confiance qui apportent les idées nouvelles. Vous continuez de faire quelques petites trouvailles, mais vous avez perdu l’impulsion nécessaire.
Votre père était un artiste. Ce mot dit tout. J’aime à penser que vous n’avez pas hérité de ses malheureux instincts. Cependant, j’ai découvert en vous des germes qu’il importe de détruire. Vous nagez volontiers dans les sables de l’idéal et, jusqu’ici, le résultat le plus clair de vos efforts a été ce prix de vers latins, que vous avez honteusement remporté hier.
Votre geste nous parut tout d’un coup si noble, si grand, qu’il n’y aurait pas eu un homme dans le public qui n’eût donné sa vie pour sauver la vôtre.
[Frank] Knight définit le risque comme un futur dont la distribution d’états possibles est connue. C’est à dire qu’on sait ce qui peut se passer et la probabilité de chaque événement possible. Par exemple, si l’on met trois boules vertes et deux boules rouges dans une urne, on connaît le « risque » de tirer une boule verte (60%). L’incertitude, en revanche, correspond à un futur dont la distribution d’états est non seulement inconnue, mais impossible à connaître : on ne connaît pas le nombre de boules à l’intérieur de l’urne, et encore moins leurs couleurs, on ne sait d’ailleurs même pas ce que l’urne contient.
Le risque peut dont faire l’objet d’un calcul de probabilité. Cette probabilité est soit théorique, soit empirique (connue à posteriori).
Il existe un domaine où les probabilités s’appliquent, c’est celui du risque.[…] Mais rien de tout cela avec l’incertitude.
La contribution théorique de Knight est très importante, notamment parce qu’elle permet de distinguer le risque de l’incertitude.
Utiliser un vocabulaire de probabilité pour une situation d’incertitude est donc une erreur.
Cette confusion entre risque et incertitude est d’autant plus dangereuse que, si la distinction est importante, les risques calculables a priori ou a posteriori sont en fait largement absents de la vie réelle. L’immense majorité de ce à quoi nous sommes confrontés dès qu’il s’agit de systèmes humains est gouverné par l’incertitude.
Une histoire n’a ni début ni fin, seulement des portes d’entrée.
Une histoire est un labyrinthe sans fin de mots, d’images et de pensées réunis pour nous révéler la vérité invisible sur nous-mêmes. En définitive, une histoire est une conversation entre une personne qui raconte et une personne qui écoute. Or un narrateur ne peut conter que dans la mesure de ses capacités, et un lecteur ne lit que ce qui est déjà écrit dans son âme.
Telle est la règle d’or sur laquelle repose tout artifice d’encre et de papier, parce que lorsque les lumières s’éteignent, que la musique cesse, que le parterre se vide, seul compte le mirage demeurant gravé dans le théâtre de l’imagination interne de tout lecteur. et également l’espoir de tout faiseur de contes : que le lecteur ait ouvert son coeur à l’une de ses créatures de papier et lui ait confié quelque chose de lui-même pour le rendre immortel, ne fût-ce que pendant quelques minutes.
Cela étant dit de façon plus grave que ne le mériterait sans doute le sujet, mieux vaut atterrir au ras de la page et demander à l’ami lecteur de nous accompagner jusqu’à la fin de cette histoire et de nous aider à trouver le plus difficile pour un pauvre narrateur pris dans son propre labyrinthe : la porte de sortie.
Répétons-le : une âme forte n’est pas une âme simplement susceptible de puissants élans, mais une âme capable de garder son équilibre dans les élans les plus puissants. Si bien que, malgré les tempêtes qui se déchaînent dans sa poitrine, son discernement et ses convictions conservent toute leur finesse pour jouer leur rôle, comme l’aiguille du compas sur le navire en pleine tourmente.
Un soldat combat toujours dans l’espoir de parvenir à la paix. Elle est son horizon ultime. Mais si le politique a décidé de l’engager dans l’atteinte d’un tel objectif, c’est pour qu’il s’y efforce en faisant son métier de « soldat de guerre ».
– Un poète, mon ami ! et je te demande un peu ce qu’il est venu faire en ce monde, où le premier devoir de l’homme est de gagner de l’argent !
– On dit maintenant : qu’est-ce que cela rapporte ? Eh bien, le jour où une guerre rapportera quelque chose, comme une affaire industrielle, la guerre se fera.
Un homme libre est un homme qui essaie : de ne pas laisser tomber, de ne pas rester étranger à lui-même, de ne pas tourner le dos au danger, aux peurs qui le paralysent.
Un homme libre est un homme perclus de béances mais courageux, qui accepte le prix de sa liberté : sa responsabilité. L’être humain en quête de liberté n’est pas prudent […]. L’homme libre est un homme de la caverne mais qui cherche, qui tâtonne, qui tombe et se relève.
Tu seras surprise de constater à quel point on cherche toujours dans le présent, ou le futur, des réponses qui se trouvent dans le passé.
Tu ne contrôles pas les choses qui arrivent, pire, tu n’es même pas capable de savoir si elles sont bonnes ou mauvaises. Tu es là, tu attends une chose, tu la désires de toutes tes forces. Elle se produit enfin et, juste après, tu te rends compte que ta vie est gâchée. Ou le contraire.
Le ciel te tombe sur la tête et après un peu de temps tu te rends compte que c’est la meilleure chose qui pouvait t’arriver. Crois-moi, la seule chose que tu peux contrôler c’est ta façon d’interpréter les événements. Si tu pars de l’idée que ce ne sont pas les choses, mais le jugement que nous portons sur elles qui nous fait souffrir, alors tu peux aspirer à prendre le contrôle de ta vie. Sinon tu es condamné à tirer sur des mouches avec un canon.
Toute interprétation ou observation de la réalité l’est par nécessité. En l’occurrence, le problème réside dans le fait que l’homme est un animal moral abandonné dans un monde amoral, condamné à une existence finie et sans autre signification que de perpétuer le cycle naturel de l’espèce. Il est impossible de survivre dans un état prolongé de réalité, au moins pour un être humain. Nous passons une bonne part de notre vie à rêver, surtout quand nous sommes éveillés. Je vous l’ai dit : simple biologie
Tout le monde me connaît mais personne ne peut me raconter. Personne ne me connaît même si tout le monde a entendu mon nom. Si tout le monde parle ensemble, cela donne quelque chose qui me ressemble mais n’est pas moi. Toutes les actions de tout le monde me construisent. Je suis le sang dans les rues, la catastrophe impossible à oublier. Je suis la marée à l’oeuvre sous les fondations du monde, que personne ne voit ni ne sent. Je me déroule au présent mais ne suis contée que dans le futur, où l’on pense alors parler du passé sauf que l’on ne parle, encore et toujours, que du présent. Je n’existe pas mais je suis tout.
Voilà, vous me reconnaissez. Je suis l’Histoire. Faites-moi belle.
Télègue, voiture russe à quatre roues, quand elle part, et à deux roues, quand elle arrive.
Si une situation contient des possibilités, mais qu’elles sont hors de notre modèle [mental], c’est comme s’il n’y avait rien. Nous ne pouvons pas les percevoir. Elles sont hors du champ de vision.
[…] La rhétorique nous enseigne que ce sont là des questions ayant un sens et une structure. Si tu ne sais pas t’exprimer, Sheere, tu ne sais pas penser. Et si tu ne sais pas penser, tu es perdue.
Si la consommation du fer est assurée jusqu’à la fin du siècle, celle de la houille ne l’est pas. Loin de là. Les gens avisés, qui se préoccupent de l’avenir, même quand il se chiffre par plusieurs centaines d’années, doivent donc rechercher les charbonnages partout où la prévoyante nature les a formés aux époques géologiques.
Dans ma naïveté, j’avais fini par penser que l’éloignement dans l’espace et le temps effacerait la trace du passé. Mais rien de peut modifier nos pas perdus.
Si nous nous demandons quelle sorte d’intelligence correspond le plus au génie martial, l’expérience et l’investigation nous diront que c’est davantage celle qui scrute que celle qui crée, celle qui embrase plutôt que celle qui dissèque, que c’est davantage aux têtes froides qu’aux têtes chaudes que l’on confiera le salut de nos frères et de nos enfants, l’honneur et la sécurité de notre patrie.