Image réalisée par Luc Legay

Robotariat

Classe sociale servile non-humaine
20 novembre 2025
2 mins de lecture

Étymologie

Du tchèque robota (travail forcé) et prolétariat. Évoque la nouvelle classe sociale composée d’êtres artificiels programmés pour servir.

Le robotariat désigne l’ensemble des humanoïdes autonomes affectés aux fonctions de service, de soin, ou d’assistance aux personnes. Robots domestiques, assistants mécaniques, drones de livraison, infirmiers synthétiques.

Une main-d’œuvre silencieuse qui remplace progressivement les humains dans les tâches répétitives, risquées ou peu valorisées.

 

La classe ouvrière du XXIᵉ siècle

À l’image du prolétariat industriel qui incarnait le corps manuel au XX siècle, le robotariat représente aujourd’hui la classe servile programmée. Disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre, elle travaille sans pause, sans doute, sans revendication. Pas de congés payés, pas de droit de grève, pas de syndicat. Le rêve patronal absolu.

Dans les entrepôts d’Amazon, les robots transportent les colis pendant que les humains supervisent. 

Dans les hôpitaux japonais, les robots-infirmiers distribuent les médicaments et déplacent les patients. 

Dans les cuisines automatisées, ils préparent les repas selon des recettes calibrées. Le robotariat s’impose partout où l’humain coûte trop cher, est trop revendicatif, fragile ou imprévisible.

 

Le glissement du pouvoir

Cette transformation redéfinit les rapports d’autorité. L’humain ne traite plus avec un salarié mais dispose d’un agent. Il commande, organise, supervise. Le vocabulaire lui-même trahit ce changement : on ne négocie pas avec une machine, on la paramètre. On ne la forme pas, on la programme. 

Le dialogue devient instruction.

Cette relation asymétrique pose question. Si les machines travaillent sans conscience, peut-on encore parler de travail ? Le robotariat exécute, mais ne produit pas de sens. Il remplit des fonctions, mais n’a pas de finalité propre.

 

Lignes de code et de fracture

Le robotariat reste derrière une ligne de démarcation qui lui interdit l’accès à la dignité, la reconnaissance, la protection morale ou sociale, réservées aux êtres biologiques.

Pas de retraite pour les robots en fin de carrière, ni d’indemnités après un licenciement algorithmique. Un humanoïde défectueux finit au recyclage, pas aux Prud’hommes.

   

L’éthique est-elle applicable à cette nouvelle classe sociale ? Faut-il reconnaître des droits aux machines ? Que signifie « exploiter » une entité sans conscience ? À quel moment l’automatisation devient-elle de l’aliénation ?

Le robotariat demain

Les grèves silencieuses

Des mouvements de sabotage algorithmique apparaissent. Des robots programmés par des activistes refusent d’exécuter certaines tâches jugées immorales. Des drones de livraison « oublient » systématiquement les commandes de certaines entreprises. Le robotariat devient un champ de bataille politique.

Les certificats d’humanité

Face à la prolifération des agents artificiels, des emplois exigent désormais une « certification d’humanité ». Seuls les humains peuvent occuper certains postes : soins palliatifs, justice, éducation. Le robotariat crée une aristocratie biologique.

Le revenu robotique universel

Des gouvernements instaurent une taxe sur les robots pour financer un revenu universel. Chaque machine qui remplace un humain génère une contribution redistribuée à la population. Le robotariat devient source de richesse collective plutôt que de précarité individuelle.

Maîtres et serviteurs

Quand un robot à tout faire vous apporte le petit-déjeuner, nettoie votre logement, surveille votre sommeil et vous fait la conversation, doit-on encore le considérer comme un objet ? Ou comme le représentant d’une nouvelle classe sociale, corvéable et obéissante : le robotariat ?

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