Personne, par même les artistes, ne comprend l’art. Son rapport à la vitesse. Le travail que cela exige, année après année, pour maîtriser le savoir-faire, la confiance dans le processus, un travail sans doute plus intense que celui investi par un athlète préparant les Jeux olympiques car il ne s’arrête jamais, pas même dans les rêves, et ensuite, quand le savoir-faire et la confiance sont acquis, ce qu’on fait de mieux est ce qui demande le moins d’effort. En général. Les choses viennent vite, sans qu’on y pense, comme un cheval qui vous renverse la nuit. Mais. Même si les gens comprennent ça, ils ne comprennent pas que parfois, les choses ne se passent pas ainsi. Parce que le processus a toujours été le suivant : des années d’artisanat ; puis la foi ; puis le lâcher-prise. Mais alors, ce qu’on fait de mieux peut être le fruit d’un véritable calvaire. Des fragments mis bout à bout, déchirés, repris. tout ce que l’on a appris, remis en questions, la terrible crise de la foi, la foi qui permet à tout cela de fonctionner. Mon Dieu. Après quoi, malgré tout, si l’on survit à l’avancée laborieuse et à la fièvre, il arrive qu’on produise sa meilleure oeuvre. C’est cela qu’uaucun de nous ne comprend.

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