La deepcratie existe lorsque les fondations des systèmes démocratiques sont fragilisées par la multiplication de contenus politiques fabriqués par les intelligences artificielles.
De fausses vidéos ou audios manipulent l’opinion publique.
Elles font dire à des personnalités politiques des propos choquants ou contraires à leurs positions ou font ressusciter des morts. On leur fait annoncer une guerre ou avouer des crimes qu’ils n’ont pas commis.
Les conséquences peuvent être immédiates. En 2024, lors des élections en Inde, des vidéos présentaient des leaders politiques tenant des propos incendiaires. Cela a provoqué des émeutes.
Ces faux contribuent à une érosion de la confiance envers les institutions. Les leaders politiques, les médias et même les processus électoraux sont remis en question. En Ukraine, de fausses vidéos de Zelensky appelant à la reddition ont été diffusées pour démoraliser la population.
On assiste aussi à une paralysie du débat public. Chaque vidéo ou déclaration d’un candidat est suspectée d’être un deepfake.
L’absence de débat fait naître un relativisme généralisé. Tout devient potentiellement faux.
La deepcratie est un ver qui ronge les principes de base de la démocratie.
Transparence paralysée
Chaque vidéo, chaque déclaration devient suspecte. Aux Philippines en 2022, cette suspicion généralisée discrédite jusqu’aux débats télévisés. Le hashtag #FakeNews accompagne désormais toute nouvelle vidéo politique, vraie ou fausse. Le doute systémique remplace la vérification.
Responsabilité diluée
Les auteurs de deepfakes restent dans l’ombre. L’anonymat numérique protège les manipulateurs tandis que leurs victimes subissent les conséquences de paroles qu’elles n’ont jamais prononcées.
Représentation faussée
Les algorithmes orientent les opinions, biaisent les choix électoraux et transforment le jeu démocratique en manipulation cognitive. Le jeu disparaît au profit de ceux qui maîtrisent ces nouvelles armes.
La deepcratie crée des sociétés fracturées où la vérité devient une denrée rare et où la confiance démocratique s’évapore dans le brouillard numérique.
Les deepcraties risquent de perturber le jeu politique dans de nombreux pays dans un avenir très proche. Si les gouvernements investissent des millions dans des IA pour détecter les deepfakes, les groupes malveillants développent des techniques toujours plus sophistiquées pour les contourner.
Un mot tiré de : IA qu’à — Dico du futur de l’intelligence (et la bêtise) artificielle
Pour en savoir plus :
- Recorded Future | Cibles, objectifs et tactiques émergentes des deepfakes politiques – PDF
- Radio France | Belgique, Inde, Indonésie… Ces pays où l’on ressuscite des hommes politiques grâce à l’IA
- Le Monde | Deepfake de Joe Biden : l’identité du commanditaire dévoilée
- France Info | Élections : pourquoi sont-elles menacées par les deepfake ?