Q253 | La viveza criolla : un modèle pour l’avenir ?

S'inspirer pour anticiper : Argentine
18 février 2025
21 mins de lecture

A special thanks to my partner at Heated Studio, Rohit Gupta, for his invaluable collaboration in bringing these ideas to life. My appreciation to Justin Pickard for his keen editorial eye and thoughtful review of the English version of this piece.

Nous sommes en 1986. Coupe du monde de football. Diego Armando Maradona, notre Diego, entre dans la légende au stade Azteca de Mexico avec le fameux but de la « Main de Dieu ». Pour beaucoup, un acte de tricherie inadmissible ; pour les Argentins, une œuvre d’art.

Car s’il est une chose qui définit notre identité, c’est bien la « viveza criolla » (traduit par vivacité créole): cette capacité à improviser et à trouver une solution à tout, même lorsque les circonstances semblent aller à l’encontre de notre volonté.

Ce trait culturel est profondément ancré dans l’histoire du pays. De l’époque coloniale aux crises économiques du XXIe siècle, la nécessité de s’adapter rapidement a façonné l’identité de l’Argentine. Le manque de stabilité a forcé des générations à développer des stratégies créatives pour faire face aux défis quotidiens.

L’écrivain argentin Jorge Luis Borges, avec son regard critique acéré, l’a dit sans ambages en 1971 :

 

«L’Argentin n’a généralement pas de conscience morale, mais pas de conscience intellectuelle ;
passer pour une personne immorale est moins important pour lui que de passer pour un imbécile.
La malhonnêteté, on le sait, jouit d’une vénération générale et s’appelle ‘viveza criolla’
»

 

Bien que ses propos puissent paraître durs, il est important de comprendre la viveza créole dans sa complexité. Il ne s’agit pas seulement d’une question de ruse, mais d’une réponse culturelle à l’adversité, d’un mécanisme d’adaptation face à l’instabilité.

Un autre écrivain argentin, Marcos Aguinis – dans El atroz encanto de ser argentinos, Volumen 1développe cette idée en soulignant que la viveza criolla est le résultat d’un contexte de mauvaise gouvernance, d’absence de justice efficace et de méfiance à l’égard des institutions, qui favorise une mentalité individualiste du « sauve-qui-peut ».

Cependant, dans un monde confronté à des crises économiques, climatiques et sociales, cette capacité d’improvisation et de créativité peut offrir des leçons précieuses en matière de résilience et d’innovation.

Vivacité créole : L’ingéniosité au service de l’avenir

Aujourd’hui, la vivacité créole peut être comprise comme une manière de pirater le système : penser rapidement, trouver des solutions créatives et, si nécessaire, surmonter des obstacles apparemment insurmontables.

L’habitude de toujours avoir « un contact pour quelque chose » en est un bon exemple : l’ami qui connaît quelqu’un à l’état civil, le cousin qui « a un tuyau » pour obtenir un rendez-vous plus rapidement ou le voisin qui sait où résoudre une procédure sans perdre une journée entière.

Dans un pays où la bureaucratie peut être complexe et imprévisible, ce réseau de faveurs et d’intermédiaires est une manifestation quotidienne de la « viveza criolla », une manière d’optimiser le temps et de contourner les difficultés dans un système qui n’offre souvent pas d’alternatives agiles.

Elle peut être décrite comme une « intelligence adaptative », qui nous permet de trouver des opportunités là où d’autres ne voient que des restrictions. Cependant, Marcos Aguinis prévient que cette mentalité peut aussi conduire à des problèmes :

« Il s’agit d’une coutume argentine qui a un effet antisocial,
sécrète du ressentiment et empoisonne le respect mutuel.»


La viveza criolla a donc un double visage. Elle peut être un puissant outil d’innovation : nous le voyons à chaque crise, lorsque les Argentins trouvent un moyen d’avancer, soit en créant une entreprise avec ce qu’ils ont sous la main, soit en réinventant une activité pour s’adapter à la nouvelle réalité. Cependant, il peut aussi susciter la méfiance s’il est perçu comme de l’opportunisme.

Le but de la « main de Dieu » en est peut-être l’expression la plus symbolique : pour beaucoup d’Argentins, il s’agit d’un coup de génie ; pour d’autres, il s’agit d’un acte contraire à l’éthique. La perception de ce type d’acte varie en fonction du contexte culturel : ce qui pour certains est de l’astuce, pour d’autres est de la tricherie.

À mon avis, la vivacité créole, lorsqu’elle est appliquée de manière éthique, peut constituer un avantage significatif en période d’incertitude. Dans un monde en constante évolution, il est essentiel de s’adapter et de trouver des solutions rapides pour ne pas se laisser distancer.

Janus, Dieu romain aux deux visages.
Janus, Dieu romain aux deux visages.

Lier le tout : la créativité à partir de la pénurie

Cette capacité d’adaptation ne se limite pas à la ruse individuelle, mais se reflète également dans la manière dont les Argentins résolvent les problèmes quotidiens avec ce qu’ils ont sous la main.

C’est là qu’intervient un autre trait caractéristique : la capacité à « tout attacher avec du fil de fer« .

Cette expression, si profondément ancrée dans notre langue, symbolise la capacité à trouver des solutions improvisées avec les ressources disponibles. Ce n’est pas la solution idéale, mais dans les contextes de crise, elle permet d’aller de l’avant ; on le voit dans tous les coins du pays : des prises maintenues avec du ruban isolant, des chargeurs scotchés avec des sceaux et des connexions improvisées qui, contre toute logique, continuent de fonctionner.

Car s’il n’y a pas de solution miracle, il y a toujours une rustine qui permet de « débrancher la prise pour un temps ». Si elle comporte certains risques, elle illustre parfaitement la mentalité du « faire avec » et la créativité appliquée dans des situations où les ressources sont limitées.

 

Enchufes - Prises
Avec l'aimable autorisation de Nicolas Nova - Source : flickr.com
Avec l'aimable autorisation de Nicolas Nova - Source : flickr.com

L’économiste Bernardo Kliksberg souligne que ce type de créativité « est un exemple d’innovation sociale, où le besoin motive la création de solutions alternatives« .

Cette mentalité est très proche de l’innovation frugale, un concept largement développé en Inde sous le nom de Jugaad, qui fait référence à des solutions pratiques, économiques et efficaces dans des environnements de pénurie.

« Tout attacher avec du fil de fer » symbolise une capacité d’adaptation qui peut s’avérer cruciale en temps de crise. Toutefois, cette capacité est moins fréquente dans les cultures caractérisées par un haut niveau de stabilité, de planification et d’accès aux ressources, comme en Suisse ou dans d’autres pays du nord de l’Europe.

En tant qu’Argentin vivant en Europe, je peux observer que dans les sociétés plus structurées, l’absence du besoin d’improviser a, dans une certaine mesure, limité la flexibilité nécessaire pour faire face à l’inattendu. Paradoxalement, cette même stabilité peut devenir une vulnérabilité lorsque les crises exigent des réponses agiles et innovantes.

Dans un monde en constante évolution, la capacité à s’adapter rapidement avec les ressources disponibles est non seulement un atout, mais une nécessité pour la résilience organisationnelle et sociétale.

 

l’absence du besoin d’improviser a, dans une certaine mesure, limité la flexibilité nécessaire pour faire face à l’inattendu.

Futurs câblés : la créativité comme réponse à l’effondrement

L’exploration des pratiques culturelles nous permet non seulement d’anticiper l’avenir, mais aussi d’imaginer des alternatives aux récits dominants. Comme l’affirme Nicolas Nova dans « Futurs ? – La panne des imaginaires technologiques« , de nombreuses visions du futur sont piégées dans un modèle technocentrique qui laisse peu de place à l’improvisation et à l’adaptation humaine.

En ce sens, la créativité argentine, qui se reflète dans la « viveza criolla » et l’art de « tout attacher avec du fil de fer », offre une perspective différente : une perspective qui n’attend pas le scénario idéal, mais qui parvient à aller de l’avant avec ce qui est là.

Le défi consiste à passer de l’improvisation individuelle à la collaboration organisée. Comme le souligne Navi Radjou :

 

 

Le véritable potentiel de l’innovation frugale réside dans sa capacité à réinventer l’environnement, non seulement grâce à la technologie, mais aussi grâce à la créativité humaine.

 

 

La mise en place de réseaux de collaboration est essentielle pour relever efficacement les défis.

Imaginer un avenir où cet état d’esprit serait intégré aux technologies avancées, telles que l’intelligence artificielle, nécessite de développer de nouvelles capacités. 

Il ne s’agit pas seulement d’adopter des outils numériques, mais de les combiner avec la créativité et l’improvisation inhérentes à des contextes où les ressources sont limitées. 

Cette fusion pourrait déboucher sur des solutions accessibles, évolutives et adaptées à l’incertitude du XXIe siècle, ouvrant la voie à ceux qui endossent le rôle d’alchimistes créatifs, capables de transformer les contraintes en opportunités.

Aborder l’avenir comme des alchimistes créatifs

Dans des contextes de changement constant et d’incertitude, les capacités d’adaptation, la créativité et l’innovation frugale ne sont pas seulement des outils de survie, mais des éléments clés pour concevoir des avenirs résilients. Ces compétences ne se limitent pas à un lieu ou à une culture.

En tant qu’Argentin et Indien vivant en Europe, mon collègue Rohit Gupta et moi-même constatons que dans des environnements très structurés, où la planification et la stabilité sont la norme, l’improvisation et la créativité appliquée peuvent faire la différence.

À travers Heated Studio, nous proposons cet état d’esprit, en combinant notre expertise en matière d’innovation frugale avec des outils technologiques et des processus de conception stratégique.

Par exemple, dans des villes comme Madrid où la chaleur deviendra de plus en plus oppressante, nous avons imaginé des cabines publiques comme des oasis rafraîchissantes intégrées dans le paysage urbain quotidien.

Cabines publiques rafraîchissantes conçues pour se fondre dans le paysage quotidien de la ville et offrir un moyen d'échapper à la chaleur.
Cabines publiques rafraîchissantes conçues pour se fondre dans le paysage quotidien de la ville et offrir un moyen d'échapper à la chaleur. Ces structures sont placées le long de rues très fréquentées, offrant aux piétons un lieu de repos frais et ombragé. Elles s'intègrent naturellement dans l'environnement urbain, offrant un soulagement de la chaleur sans interrompre le flux de la vie urbaine. Source : Nicolás Bronzina/AI-Generated.

En outre, nous avons étudié la manière dont la chaleur extrême et les sécheresses prolongées pouvaient influencer les modes de vie et la mode.

C’est ainsi que nous avons imaginé « Desert Athleisure« , une collection de vêtements de sport conçus pour aider les habitants à rester à l’aise lorsqu’ils s’entraînent et font de l’exercice en plein air dans la chaleur intense de la ville.

Collection Capsule Décathlon | Où la chaleur rencontre le style dans chaque maille. Source : heated.studio

Notre approche des défis mondiaux combine l’état d’esprit d’un technologue ainsi que d’un alchimiste, tous deux créatifs.

Il ne s’agit pas seulement d’innover, mais aussi de remettre en question le statu quo et de transformer les contraintes en opportunités.

Dans un monde où les avenirs se croisent, la flexibilité, l’intuition et l’expérimentation sont essentielles.

Il ne s’agit pas seulement d’innover, mais aussi de remettre en question le statu quo et de transformer les contraintes en opportunités.

Q253 | La viveza criolla:
¿un modelo para el futuro?

Corría el año 1986. Mundial de Fútbol. Diego Armando Maradona, nuestro Diego, se convierte en leyenda en el Estadio Azteca de México con el famoso gol de la “Mano de Dios”. Para muchos, un acto de trampa inadmisible; para los argentinos, una obra de arte.

Porque si algo define nuestra identidad es la viveza criolla: esa capacidad de improvisar y encontrar la vuelta a todo, incluso cuando las circunstancias parecen jugar en contra.

Este rasgo cultural tiene raíces profundas en la historia del país. Desde la época colonial hasta las crisis económicas del siglo XXI, la necesidad de adaptarse rápidamente ha moldeado la identidad argentina. La falta de estabilidad ha obligado a generaciones a desarrollar estrategias creativas para enfrentar los desafíos diarios.

El escritor argentino Jorge Luis Borges, con su aguda mirada crítica, lo expresó en 1971 de manera contundente:

«El argentino suele carecer de conciencia moral, pero no intelectual;
pasar por un inmoral le importa menos que pasar por un zonzo.
La deshonestidad, según se sabe, goza de la veneración general y se llama ‘viveza criolla’.
»


Aunque sus palabras puedan parecer duras, es importante comprender la viveza criolla en su complejidad. No es solo una cuestión de astucia, sino una respuesta cultural a la adversidad, un mecanismo de adaptación ante la inestabilidad.

Otro escritor argentino, Marcos Aguinis – en El atroz encanto de ser argentinos, Volumen 1 profundiza en esta idea, señalando que la viveza criolla es el resultado de un contexto de desgobierno, falta de justicia efectiva y desconfianza en las instituciones, lo que promueve una mentalidad individualista de “salvarse solo”.

Sin embargo, en un mundo que enfrenta crisis económicas, climáticas y sociales, esta capacidad de improvisación y creatividad puede ofrecer valiosas lecciones sobre resiliencia e innovación.

Viveza Criolla: Hackear el Futuro con Ingenio

La viveza criolla puede entenderse hoy como una forma de hackear el sistema: pensar rápido, encontrar soluciones creativas y, cuando es necesario, sortear obstáculos que parecen insalvables.

No es un talento con el que se nace, sino una habilidad que se forja en la incertidumbre, en la necesidad de salir adelante como sea; un claro ejemplo de esto es la costumbre de tener siempre ‘un contacto para algo’: el amigo que conoce a alguien en el registro civil, el primo que ‘tiene un dato’ para conseguir un turno más rápido o el vecino que sabe dónde resolver un trámite sin perder un día entero.

En un país donde la burocracia puede ser compleja e impredecible, esta red de favores e intermediaciones es una manifestación cotidiana de la viveza criolla, una forma de optimizar tiempos y sortear dificultades dentro de un sistema que muchas veces no ofrece alternativas ágiles.

Se la puede describir como « una inteligencia adaptativa », que permite encontrar oportunidades donde otros solo ven restricciones. Sin embargo, Marcos Aguinis  advierte que esta mentalidad también puede generar problemas:

«Es una costumbre argentina que tiene un efecto antisocial,
segrega resentimiento y envenena el respeto mutuo.»


La viveza criolla tiene, entonces, una doble cara. Puede ser una herramienta poderosa para la innovación: lo vemos en cada crisis, cuando los argentinos encontramos la manera de salir adelante, ya sea creando un emprendimiento con lo que tenemos a mano o reinventando un negocio para adaptarnos a la nueva realidad. Sin embargo, también puede generar desconfianza si se percibe como oportunismo.

El gol de la “Mano de Dios” es quizás su máxima expresión simbólica: para muchos argentinos, fue una genialidad; para otros, una falta de ética. La percepción de este tipo de actos varía según el contexto cultural: lo que para algunos es astucia, para otros es trampa.

En mi opinión, la viveza criolla, cuando se aplica con ética, puede ser una ventaja significativa en tiempos de incertidumbre. En un mundo que cambia constantemente, adaptarse y encontrar soluciones rápidas es clave para no quedarse atrás.

Janus, Dieu romain aux deux visages.
Janus, Dieu romain aux deux visages.

Atar Todo con Alambre: Creatividad desde la Escasez

Esta capacidad de adaptación no se limita sólo a la astucia individual, sino que también se refleja en la manera en que los argentinos resolvemos problemas cotidianos con lo que tenemos a mano.

Aquí entra en juego otro rasgo característico: la capacidad de ‘atar todo con alambre‘.

Esta expresión, tan arraigada en nuestro lenguaje, simboliza la habilidad de encontrar soluciones improvisadas con los recursos disponibles. No es la solución ideal, pero en contextos de crisis, permite seguir adelante; se ve en cada rincón del país: enchufes sostenidos con cinta aisladora, cargadores pegados con precintos y conexiones improvisadas que, contra toda lógica, siguen funcionando.

Porque cuando no hay una solución rápida, siempre aparece un parche que ‘tira un tiempo más’. Si bien puede implicar ciertos riesgos, ilustra perfectamente la mentalidad de « resolver con lo que hay » y la creatividad aplicada en situaciones donde los recursos son limitados.

Enchufes - Prises
Avec l'aimable autorisation de Nicolas Nova - Source : flickr.com
Avec l'aimable autorisation de Nicolas Nova - Source : flickr.com

El economista Bernardo Kliksberg destaca que este tipo de creatividad – Dicho concepto aparece en varias de sus conferencias, artículos y libros, especialmente en su obra « Primero la Gente«  – “es un ejemplo de innovación social, donde la necesidad impulsa la creación de soluciones alternativas”. Esta mentalidad tiene un fuerte paralelismo con la Innovación Frugal, un concepto ampliamente desarrollado en India bajo el término Jugaad, que hace referencia a soluciones prácticas, económicas y eficientes en entornos de escasez.

« Atar todo con alambre » simboliza una capacidad de adaptación que puede ser crucial en tiempos de crisis. Sin embargo, esta habilidad es menos común en culturas con altos niveles de estabilidad, planificación y acceso a recursos, como en Suiza u otros países del norte de Europa.

Como argentino viviendo en Europa, puedo observar cómo en sociedades más estructuradas, la ausencia de la necesidad de improvisar ha limitado, en cierta medida, la flexibilidad para enfrentar lo inesperado. Paradójicamente, esta misma estabilidad puede convertirse en una vulnerabilidad cuando las crisis exigen respuestas ágiles e innovadoras.

En un mundo donde el cambio es constante, la capacidad de adaptarse rápidamente con los recursos disponibles no solo es una ventaja, sino una necesidad para la resiliencia organizacional y social.

 

la ausencia de la necesidad de improvisar ha limitado, en cierta medida, la flexibilidad para enfrentar lo inesperado.

Futuros con Alambre: Creatividad como Respuesta al Colapso

Explorar prácticas culturales no solo permite anticipar el futuro, sino también imaginar alternativas a las narrativas dominantes. Como plantea Nicolas Nova en « Futurs ? – La panne des imaginaires technologiques« , muchas visiones del futuro están atrapadas en un modelo tecnocéntrico que deja poco espacio para la improvisación y la adaptación humana.

 

muchas visiones del futuro están atrapadas en un modelo tecnocéntrico que deja poco espacio para la improvisación y la adaptación humana

 

En este sentido, la creatividad argentina, reflejada en la viveza criolla y el arte de « atar todo con alambre », ofrece una perspectiva distinta: una que no espera el escenario ideal, sino que se las ingenia para avanzar con lo que hay.

El reto es pasar de una improvisación individual a una colaboración organizada. Como señala Navi Radjou – Síntesis del concepto que Radjou discute ampliamente en obras como Frugal Innovation y Jugaad Innovation – :

 

« […] el verdadero potencial de la innovación frugal es su capacidad para reinventar el entorno, no solo con tecnología, sino con creatividad humana.« 

 

Tejer redes colaborativas es fundamental para enfrentar desafíos de manera efectiva.

Imaginar un futuro donde esta mentalidad se integre con tecnologías avanzadas, como la inteligencia artificial, exige desarrollar nuevas capacidades.

No se trata sólo de adoptar herramientas digitales, sino de combinarlas con la creatividad y la improvisación propias de contextos donde los recursos son limitados.

Esta fusión podría dar lugar a soluciones accesibles, escalables y adaptadas a la incertidumbre del siglo XXI, abriendo el camino para quienes asuman el rol de Creative Alchemists, capaces de transformar restricciones en oportunidades.

Abordar Futuros como Creative Alchemists

En contextos de cambio constante e incertidumbre, las habilidades de adaptación, la creatividad y la innovación frugal no son sólo herramientas de supervivencia, sino elementos clave para diseñar futuros resilientes. Estas habilidades no se limitan a un lugar o una cultura.

Como argentino e indio que viven en Europa, mi colega Rohit Gupta y yo, vemos cómo en entornos altamente estructurados, donde la planificación y la estabilidad han sido la norma, la improvisación y la creatividad aplicada pueden marcar la diferencia.

A través de Heated Studio, ofrecemos esta mentalidad, combinando nuestra experiencia en innovación frugal con herramientas tecnológicas y procesos de diseño estratégico.

 

Por ejemplo, en urbes como Madrid donde el calor será cada vez más agobiante, hemos imaginado pods como oasis refrescantes integrados al paisaje cotidiano de la ciudad.

Cabines publiques rafraîchissantes conçues pour se fondre dans le paysage quotidien de la ville et offrir un moyen d'échapper à la chaleur.
Cabines publiques rafraîchissantes conçues pour se fondre dans le paysage quotidien de la ville et offrir un moyen d'échapper à la chaleur. Ces structures sont placées le long de rues très fréquentées, offrant aux piétons un lieu de repos frais et ombragé. Elles s'intègrent naturellement dans l'environnement urbain, offrant un soulagement de la chaleur sans interrompre le flux de la vie urbaine. Source : Nicolás Bronzina/AI-Generated.

Además, exploramos cómo el calor extremo y las sequías prolongadas podrían influir en los estilos de vida y la moda.

Esto nos llevó a imaginar ‘Desert Athleisure‘, una colección de indumentaria deportiva diseñada para ayudar a los residentes a mantenerse cómodos mientras entrenan y hacen ejercicio al aire libre bajo el intenso calor de la ciudad.

Collection Capsule Décathlon | Où la chaleur rencontre le style dans chaque maille. Source : heated.studio

Nuestra forma de abordar los retos globales combina la mentalidad de un Creative Technologist con la de un Creative Alchemist.

No se trata sólo de innovar, sino de desafiar lo establecido y transformar las limitaciones en oportunidades.

En un mundo donde los futuros se cruzan, la clave está en la flexibilidad, la intuición y la experimentación.

 

No se trata sólo de innovar, sino de desafiar lo establecido y transformar las limitaciones en oportunidades.

Q253 | Viveza Criolla: A Model for the Future?

1986. The World Cup. Our Diego—Maradona—carves his legend at Mexico City’s Estadio Azteca with the “Hand of God.” To outsiders: cheating. But for us Argentines? A subversive masterpiece.

Because what defines us isn’t grit, but viveza criolla: that ability to improvise, twisting situations to their breaking point, even when the odds are against us.

This cultural trait runs deep. From colonial plunder to 21st-century hyperinflation, survival demands constant reinvention.

As diagnosed by Jorge Luis Borges in 1971:

 

«An Argentine often lacks moral conscience, but not intellectual conscience;
being seen as immoral stings less than being branded a damn fool.
Dishonesty, as we know,
wears the crown of viveza criolla.»


Harsh? Perhaps. But Marcos Aguinis – in El atroz encanto de ser argentinos, Volumen 1, another Argentine writer, nails the context: viveza criolla is a product of crisis—a survival logic honed in the vacuum of effective governance, where everyone’s scrambling solo, yet somehow keeping the whole rickety system afloat.

In a world confronting economic fault lines, social fractures, and an unravelling climate, this improvisational ingenuity offers more than just lessons—it rewires resilience, turning survival tactics into protocols for innovation.

Patch Notes for a Broken System

Today, viveza criolla is a way to hack the system—thinking fast and rapid-prototyping workarounds.

A prime example is the ever-present contacto—not just a contact, but a lifeline: the compadre with a friend at the civil registry, a cousin’s tip-offs, or your neighbor’s “one weird trick” for filing paperwork without wasting an entire day.

This peer-to-peer network is a daily manifestation of viveza criolla—a way to trick time and outmaneuver a system’s brittle architecture.

Call it “adaptive intelligence”—that knack for spotting opportunities where others hit walls. However, Marcos Aguinis warns us of this mindset’s darker side:

 

«It’s an Argentine custom with antisocial effects,
leaching resentment and poisoning mutual respect.»

 

Viveza criolla, then, is double-edged. It can spark innovation—we see it in every crisis, when we Argentines find ways to push forward, improvising with whatever the moment offers, cobbling together make-do hustles and rebooting street-corner enterprises overnight. Yet left unchecked, this same ingenuity can curdle into raw opportunism.

Maradona’s « Hand of God » remains perhaps its purest expression—a transgression turned national myth. For many Argentinians, this was a stroke of genius; for others, a betrayal of the game. Perception pivots on whose rules you’re bending—what some see as resourcefulness, others see as deceit.

 

As part of the Post-Corralito generation, I’ve seen how viveza criolla, tempered by collective ethics, can be a crucial advantage. In an ever-changing world, this isn’t just about adaptation or quick solutions—but how to rewrite the rules mid-game.

Janus, Dieu romain aux deux visages.
Janus, Dieu romain aux deux visages.

Tying Everything with Wire: Creativity Forged in Scarcity

This adaptability isn’t just about individual cunning—it’s how we Argentines solve everyday problems with whatever’s to hand.

This is the art of ‘atar todo con alambre‘—tying everything with wire.

Never the perfect fix—but in times of crisis, enough to keep things running. You see it everywhere: sockets jury-rigged with electrical tape, chargers patched with zip ties, makeshift plumbing connections that somehow hold fast—defying logic, gravity, and municipal codes.

When systems fail, a temporary patch buys a little more time. Risky? Sure. But this is the make-do mindset in action—creativity applied as a stopgap in contexts with limited resources.

Enchufes - Prises
Avec l'aimable autorisation de Nicolas Nova - Source : flickr.com
Avec l'aimable autorisation de Nicolas Nova - Source : flickr.com

Bernardo Kliksberg—the Argentine economist who demystified Latin America’s informal economies—highlights these grassroots improvisations – this concept appears in several of his lectures, articles and books, particularly his work ‘People First‘. »  – as “social innovation born of necessity”, parallel systems challenging top-down development and bypassing broken institutions. This mindset parallels Indian Jugaad—a celebrated (if contested) practice of frugal ingenuity—but roots it firmly in Latin America, where improvisation emerges not from tradition or cultural pride, but systemic instability.

Atar todo con alambre” epitomizes a society’s pragmatic adaptability, turning constraints into scaffolding. However, in highly structured societies—Switzerland, Nordic nations—where stability and social safety nets offer refuge from uncertainty, this skill is less common.

As an Argentine in Europe, I’ve seen this firsthand: the absence of the need to improvise can, paradoxically, become a vulnerability—rigidity parading as order, until crises demand reinvention, and systems crack.

In a world where even stability is provisional, the ability to bend scarcity into advantage isn’t just useful—it’s social resilience, Argentine-style.

 

the absence of the need to improvise can, paradoxically, become a vulnerability—rigidity parading as order, until crises demand reinvention

Futures Bound by Wire: Creativity as a Response to Collapse

Mapping present-day cultural practices isn’t just a way to anticipate the future, but can surface alternatives to dominant narratives. As Nicolas Nova argues in Futures? The Breakdown of Technological Imaginaries, many futures are trapped in tech-centric models that sideline human adaptability.

 

many futures are trapped in tech-centric models that sideline human adaptability

 

In this sense, Argentine creativity—embodied in viveza criolla and the art of “Atar todo con alambre”—offers an alternative: not waiting for ideal conditions, but hacking a path forward, rewiring hope with whatever’s to hand.

From lone-wolf improv to organised collaboration—that’s the leap. Can we wire together a network that holds? As frugal innovation pioneer Navi Radjou insists – A synthesis of the concept that Radjou discusses at length in works such as Frugal Innovation and Jugaad Innovation – :

 

The true potential of frugal innovation lies in its ability to reinvent the environment, not just through technology, but through human creativity.

 

In this task, collaborative networks are essential. But such networks aren’t engineered; they’re assembled over time—a wire mesh handwoven from contactos and code.

To imagine a future where this mindset integrates with advanced technologies like artificial intelligence demands new capabilities—not just programming skills, but the knack for bending technology to human desires.

Not just adopting digital tools—but combining them with the tactical ingenuity forged in scarcity’s crucible.

This fusion births patchwork solutions—improvised-yet-elastic systems well-suited to the uncertainties of the 21st century, paving the way for those who take up the role of Creative Alchemists—part Maradona, part cartonerotransmuting scrap into gold.

Approaching the Future as Creative Alchemists

In times of uncertainty and constant change, adaptability, creativity, and frugal innovation aren’t just survival tools—they’re key ingredients for designing resilient futures. And these skills aren’t tied to a specific place or culture.

As an Argentine and an Indian operating within Europe’s design orthodoxy, my collaborator Rohit Gupta and I have seen how improvisation and applied creativity can make a difference—reconfiguring environments paralysed by planning and stability. Through our work as Heated Studio, we fuse this mindset with frugal innovation, technological tools, and strategic design processes.

Take Madrid, where heat waves are becoming increasingly frequent, and ever-more-extreme. We imagine cooling pods as urban oases: modular structures integrated into the city’s everyday landscapes—plazas, bus stops, the cracks where bureaucracy overheats.

Cabines publiques rafraîchissantes conçues pour se fondre dans le paysage quotidien de la ville et offrir un moyen d'échapper à la chaleur.
Cabines publiques rafraîchissantes conçues pour se fondre dans le paysage quotidien de la ville et offrir un moyen d'échapper à la chaleur. Ces structures sont placées le long de rues très fréquentées, offrant aux piétons un lieu de repos frais et ombragé. Elles s'intègrent naturellement dans l'environnement urbain, offrant un soulagement de la chaleur sans interrompre le flux de la vie urbaine. Source : Nicolás Bronzina/AI-Generated.

Or consider Desert Athleisure—a speculative sportswear line designed to keep people cool while exercising outdoors, reimagining functionality for residents training under 45°C urban infernos.

Collection Capsule Décathlon | Où la chaleur rencontre le style dans chaque maille. Source : heated.studio

Our method? Fusing the Creative Technologist’s rigor with the patchwork pragmatism of a Creative Alchemist.

This isn’t just innovation—it’s alchemy, rewiring the status quo.

Transmuting scarcity into scaffolding, restrictions into blueprints. In a world of crossed futures, flexibility, intuition, and radical experimentation aren’t just ideals—they’re lived practices, etched into our shared repertoires.

 

This isn’t just innovation—it’s alchemy, rewiring the status quo.

Et vous, qu’en pensez-vous ?
N’hésitez pas à :

1. partager votre avis ?
2. nous laisser un petit mot ?
3. rédiger un billet ?

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Même catégorie

Dernières parutions

Retour auDébut

Ne manquez pas