English Version
L’exploration
Nous avons mené pour l’Agence Régionale Énergie Climat d’Île-de-France (AREC) une étude entre sociologie et spéculation pour questionner les imaginaires qui façonnent notre vision collective de la sobriété énergétique, en collaboration avec le cabinet Auxilia conseil.
L’analyse des contributions de 13 ateliers menés par l’AREC, ainsi qu’une série d’entretiens d’acteurs et experts de la sobriété, ont permis de développer trois scénarios de futurs systémiques, empreints d’imaginaires « hégémoniques » (qui dominent dans les esprits) mais aussi « alternatifs » (émergents et moins répandus). Chaque fiction est une vision du quotidien en Île-de-France si tel ou tel imaginaire de la sobriété énergétique devait s’imposer.
En complément, le kit ludique Imaginairgy propose aux collectivités et acteurs territoriaux de se réapproprier les récits et leurs imaginaires pour les traduire en actions concrètes au service d’une transition énergétique juste et pérenne.
L’enseignement
Mêler Design Fiction et la mobilisation des imaginaires relève-t-il vraiment du mariage de raison ?
Sur le papier, la réponse tiendrait plutôt du « oui » franc, mais rien n’est aussi simple dans la pratique !
Pour bien amorcer la réflexion, il convient d’abord de définir ce qui se cache derrière les «imaginaires» tant le terme est à la mode… depuis 2007, comme le notaient les auteurs de «Fabriquer le futur 2 : L’imaginaire au service de l’innovation» (Pearson Education France, Village mondial).
Par « imaginaires », nous entendons cet ensemble de représentations mentales et collectives qui circulent aujourd’hui dans une société.
Ces projections subjectives et archétypales qui nous viennent à l’esprit lorsque l’on parle d’un sujet — par exemple, le futur — sont faites de références à des œuvres (films, livres, jeux vidéo), mais aussi d’expériences et de croyances partagées.
Les imaginaires forment un tout cohérent et dynamique, qui conditionne notre lecture du monde et influe sur nos décisions.
Cartographier les imaginaires pour en faire un matériau inspirant
Dans un premier temps, il nous faut donc recenser les imaginaires actuels dans un domaine avant même d’envisager de les mêler à des scénarios qui envisagent demain.
En effet, en amont d’une démarche d’exploration des futurs — que ce soit par le Design Fiction, le design prospectif ou d’autres formes de prospective créative — un détour par les imaginaires vient compléter l’analyse du présent et de l’à venir.
Lors de l’exploration des futurs d’une organisation, d’un territoire, d’un secteur d’activité, le travail de captation des imaginaires vient nourrir et incarner les dimensions et les variables-clés qui ont pu être identifiées lors d’une étude du champ prospectif et d’une documentation de l’existant.
Ce passage par les imaginaires fait appel à un de leurs principes fondamentaux, à savoir l’ambivalence avec une pluralité d’interprétations possibles quant à ce qu’ils nous disent du monde en cours et à venir. C’est précisément ce principe qui permet de mieux répondre à plusieurs fonctions essentielles d’une démarche de Design Fiction et d’exploration des futurs :
- Repérer — et surtout questionner — les représentations à l’œuvre, mais aussi les aspirations (les « souhaitables », pas nécessairement convergents).
- Saisir des émergences et des potentialités qui n’ont pas encore de traduction dans les discours, les offres ou les pratiques.
- Détecter des tensions structurantes, des lieux de bifurcation ou de choix.
- Se projeter, décrire des enchaînements d’événements et d’actions, voir les conséquences de ses choix, et s’y projeter de manière subjective.
- Créer un espace commun de discussion dans lequel les différences et divergences de la « vie réelle » s’estompent : dans un espace de l’imaginaire, il n’y a pas d’expert, et des acteurs qui s’opposent aujourd’hui peuvent sans gêne se retrouver dans des futurs souhaitables.
Mais comment recenser ces imaginaires déjà à l’œuvre et ceux qui émergent ?
L’astuce est de les cartographier en amont de la scénarisation des futurs. Pour cela, deux techniques complémentaires existent :
- L’approche des fragments de futur développée par Plurality University Network, pour constituer un corpus d’imaginaires à partir de références culturelles et artistiques qui façonnent nos façons d’aborder un sujet tendance ou une problématique complexe.
- L’étude sociologique des imaginaires, qui s’appuie sur un travail d’entretien et d’observation ainsi que des matrices de synthèse inspirés par la Chaire Modélisations des Imaginaires, Innovation et Création (MODIM), portée par l’École Télécom Paris-Tech, pour prendre en compte la dualité technique et symbolique d’un sujet dès les premières étapes de sa conception
Aux côtés de Jean-François LUCAS, sociologue des imaginaires, nous avons mêlé le principe de ces deux écoles pour nous intéresser plus particulièrement au rôle des imaginaires marginaux et/ou émergents de la sobriété qui viennent challenger les récits dominants de la consommation énergétique.

The imagination of energy sobriety: project milestones.
La difficulté était alors de trier le bon grain de l’ivraie : qu’est-ce qui tient d’un véritable imaginaire à l’œuvre ou bien d’un imaginaire fantasmé par nous autres concepteurs de (design) fictions car allant dans le sens du ton que l’on souhaite donner à notre travail ?
Et pour cause, c’est ici une première limite au mariage de raison évoqué plus tôt : on peut certes convoquer les imaginaires pour explorer les futurs, mais on n’est jamais sûr qu’ils répondent présents, car on ne peut les décréter ex nihilo.
qu’est-ce qui tient d’un véritable imaginaire à l’œuvre ou bien d’un imaginaire fantasmé
C’est là qu’est apparue la seconde difficulté : trouver le juste milieu entre les trajectoires chiffrées des études prospectives et le caractère mouvant des imaginaires. Cette question est au cœur de notre positionnement méthodologique : pour cette exploration comme pour bien d’autres, lorsqu’il s’agit d’explorer de nouveaux horizons, nous avons la conviction qu’en faire l’expérience permet d’aller là où la donnée ne va pas. Le Design Fiction trouve son équilibre entre la projection objective propre à la prospective, et la projection subjective permise par les imaginaires.
faire l’expérience permet d’aller là où la donnée ne va pas

The three energy sobriety Imaginaries selected to narrate the green transition of the Île-de-France region
Amplifier de nouveaux imaginaires alternatifs et réduire ceux dominants
Maintenant que nous avons recensé les imaginaires qui infusent le sujet abordé, ici la sobriété énergétique, comment les mobiliser dans un scénario qui imagine d’autres demains ?
Le Design Fiction ne part jamais de rien : il s’ancre dans des imaginaires collectifs — culturels, médiatiques, professionnels, technologiques. Il les capte, les réinterprète, les détourne. Ces imaginaires sont les ingrédients inspirants de fictions qui convergent ou divergent avec ces représentations, s’y raccrochent ou les challengent.
À ce titre, avoir recensé les imaginaires en amont de l’exploration des futurs d’un sujet est particulièrement utile pour identifier les poncifs et les représentations éculées. On peut ensuite décider sciemment s’il vaut mieux s’en détacher ou s’en servir comme d’un « Cheval de Troie » — c’est-à-dire de subvertir ces points de départ attendus et intelligibles afin de mieux amener de nouvelles idées en rupture.
Pour notre exploration des Imaginaires de la sobriété énergétique, nous avons utilisé l’approche du Design Fiction pour concevoir et illustrer des récits de futurs possibles, Sur la base des imaginaires identifiés précédemment, nous avons poussé fortement les curseurs, en appliquant chaque nouvel ensemble de représentations au territoire francilien et en raconter les transformations atypiques.
Et demain, si tel imaginaire alternatif ou émergent de la sobriété énergétique devenait dominant :
- À quoi ressemblerait notre société ?
- Quels produits, comportements, activités, lieux seraient refaçonnées ?
- Quelles nouveautés du quotidien deviendraient emblématiques de cette nouvelle relation à l’énergie ?
- Au contraire, qu’est-ce qui disparaîtrait, car incompatible avec ce que porte cet imaginaire ?
La clé du travail de mise en récit des transformations repose ici sur un travail d’extrapolation : on maximise l’emprise d’un imaginaire sur un territoire grâce à la fiction, et, par contraste, on en vient à interroger les représentations qui sont déjà bien en place.
Autrement dit, le Design Fiction permet de montrer des mondes où l’on a diminué ou effacé des imaginaires dominants qui bloquent la sobriété énergétique, et où l’on a considérablement amplifié des imaginaires «de sortie» (Marie-Julie Catoir-Brisson & Emmanuelle Caccamo, 2023) qui offrent des trajectoires pour, justement, s’en sortir.
Pour autant, le Design Fiction reste un dispositif critique, un miroir déformant qui nous aide à mieux voir, ou voir sous un nouveau jour, ce que nous croyons vrai, normal, désirable. Chaque scénario nous demande si la fin justifie les moyens, si un imaginaire alternatif favorisant la sobriété relève davantage du remède ou du poison.

Each Imaginary — such as the renunciation imaginary featured here — is brought to life through a series of short narratives. These vignettes shed light on the changes unfolding in 2030 under the influence of this new value system.

Emblematic of the renunciation Imaginary: a (fictional) invitation to a citizens’ convention on ‘de-innovation’, set to decide on the dismantling of the Stade de France in 2032.
Faire atterrir ces nouveaux imaginaires sur le terrain, aujourd’hui
Comme à son habitude, une (bonne) démarche de Design Fiction ne dit pas « voici le futur », mais demande : « et si c’était ça, que feriez-vous ? ».
Afin de pousser à cette réflexion, la démarche des Imaginaires de la sobriété énergétique s’est conclue par une ouverture : plutôt que d’adresser des conclusions définitives, et quelque peu hors-sol, le parti-pris a été de proposer un kit permettant de poursuivre l’exploration à un niveau local.
Nous avons fait le choix de développer un ensemble d’outils et de ressources qui aident des collectivités et acteurs franciliens à faire « le dernier kilomètre de la spéculation » pour voir comment ces imaginaires s’incarnent localement, selon les spécificités de chaque territoire. C’est tout le propos du kit Imaginairgy, l’extension vivante de notre l’étude : outiller pour envisager comment ces nouveaux imaginaires dits macro se déclinent à l’échelle du territoire, de ses acteurs et de sa culture, en repartant des scénarios de design fiction initiaux.
Par exemple, dans un futur où chaque habitante et habitant dispose d’un « quota d’énergie universelle de base » offerte par la collectivité, qu’est-ce qui change pour le territoire en termes de politiques publiques et d’infrastructures privées ? Comment se déplace-t-on, se nourrit-on, se divertit-on ?
Cette extension du domaine de l’exploration des futurs de la sobriété énergétique n’en oublie pas de faciliter le cheminement de la fiction à l’action, en gardant les imaginaires comme fil conducteur.
C’est un des piliers de la démarche et de l’outil : permettre de s’approprier les scénarios pour aboutir à des « actions-manifestes » inspirées par les fictions, à savoir des initiatives au caractère de manifeste, conjuguant un impact réel sur la réduction des consommations énergétiques et un imaginaire fédérateur au service de cette transition.
Des liaisons réciproques aux liaisons dangereuses
Comme pour toute démarche exploratoire, défricher des futurs et de nouveaux imaginaires ne saurait faire abstraction du contexte et de l’actualité. Loin d’être une simple anecdote, l’année 2022 est particulièrement remarquable pour son influence sur notre défrichage des imaginaires de la sobriété énergétique.
La mission débute au début de l’année 2022, avec la prise de position du Président de la République Emmanuel Macron ironisant sur le « modèle Amish » et le « retour à la lampe à huile » face au questionnement du modèle 5G. Un propos controversé qui s’applique, par extension et dans les imaginaires, à la sobriété énergétique.
La même mission se termine en septembre 2022, alors que la notion de « sobriété énergétique » est devenue le mot-clé de la rentrée autant que la valeur cardinale du pivot stratégique du pays sur les enjeux énergétiques, suite aux turbulences conjuguées de l’invasion de l’Ukraine et de la tension sur les capacités opérationnelles des centrales nucléaires.
En coulisses, il nous aura fallu gérer l’accélération de la transformation des imaginaires dans le débat public, pour se préserver des interférences et parasitages de l’actualité dans notre réflexion et conserver une forme de recul. Un objectif à cela : s’extraire du bruit ambiant pour proposer une vision de long terme, sans pour autant sous-estimer l’impact que les événements en cours peuvent avoir sur la perception de nos scénarios. Un jeu d’équilibriste propre à toute démarche de Design Fiction, mais qui, ici, prenait une saveur toute particulière.
Nous reviendrons prochainement sur la gestion de l’influence des événements extérieurs, avec les bonnes pratiques de « l’anti-sprint » pour imaginer des futurs à l’épreuve de la volatilité ambiante !
In fine, marier les imaginaires et la pratique du Design Fiction relève d’un aller-retour permanent et d’un jeu d’influence réciproque. Les imaginaires façonnent et sont façonnés par une démarche de Design Fiction. D’une certaine manière, le Design Fiction travaille les imaginaires comme un sculpteur travaille la matière : en révélant ses formes cachées, en les tordant pour les faire parler, et en façonnant de nouvelles figures pour penser autrement l’avenir.
Fidèles à notre engagement frictionnel, nous ne pouvons conclure ce retour d’exploration selon un bémol et un avertissement : alors que certaines et certains prophétisent une guerre des imaginaires — notamment concernant la transition écologique — renouveler nos représentations ne suffira pas : il faut les mettre en débat.
C’est là un effet de bord, si ce n’est un risque, majeur : l’usage du Design Fiction comme fabrique du consentement par l’orientation des imaginaires. La même pratique, ici présentée comme émancipatrice, peut tout à fait être détournée que ce soit pour préparer les esprits, créer de l’acceptation, ou occulter certaines réalités du présent en les glissant sous le tapis des futurs. C’est un des problèmes intrinsèques à la pratique du Design Fiction, qui doit nous interroger sur l’éthique de cette approche.
Pour aller plus loin sur le sujet de la place des imaginaires dans le Design Fiction et la projection prospective, nous vous renvoyons au podcast Design et récit, influencer les imaginaires par Design MasterClass, avec Léa Lippera de Design Friction.
Q286 | Practising polyphony of visions to add nuance to a future scenario

The exploration
We conducted a study for the Île-de-France Regional Energy and Climate Agency (AREC), blending sociology and speculation to investigate the imaginaries shaping our collective vision of energy sufficiency, in collaboration with the consulting firm Auxilia conseil.
By analysing the contributions from 13 workshops led by AREC, along with a series of interviews with key actors and experts on sufficiency, we developed three systemic future scenarios. These scenarios are infused with both hegemonic imaginaries (those that dominate current thinking) and alternative ones (emerging and less widespread). Each fiction presents a vision of everyday life in Île-de-France shaped by a different imaginary of energy sufficiency.
As a complement, the Imaginairgy game kit invites local authorities and territorial stakeholders to reclaim these narratives and imaginaries, translating them into concrete actions in support of a just and lasting energy transition.
The insight
Is blending Design Fiction with the mobilisation of imaginaries really a marriage of convenience?
On paper, the answer leans towards a firm “yes” — but in practice, it’s never quite that simple.
To approach the question properly, it’s important to first clarify what we mean by “imaginaries”, a term that’s become increasingly fashionable… since at least 2007, as noted by the authors of Fabriquer le futur 2: L’imaginaire au service de l’innovation (Pearson Education France, Village mondial).
By imaginaries, we refer to the collective mental representations circulating within a society at a given time.
These subjective and archetypal projections that spring to mind when we evoke a topic — such as the future — are shaped by references to cultural works (films, books, video games), as well as shared experiences and beliefs.
Imaginaries form a coherent, evolving whole that shapes how we interpret the world — and influences the decisions we make.
Mapping Imaginaries to turn them into an inspiring resource
The first step is to identify the dominant imaginaries within a given field, even before weaving them into forward-looking scenarios.
Indeed, before embarking on any futures exploration — whether through Design Fiction, speculative design, or other forms of creative foresight — a detour through imaginaries helps enrich our analysis of both the present and what’s to come.
When exploring the futures of an organisation, a region, or a sector, capturing imaginaries brings to life the key dimensions and variables identified through foresight studies and an analysis of the current landscape. This engagement with imaginaries draws on one of their core principles: ambivalence, with a plurality of interpretations about what they reveal of the present and the possible futures. This principle enables Design Fiction and futures exploration to better fulfil several key functions:
- Identifying — and above all, questioning — the representations at play, as well as the aspirations (what is considered “desirable”, though not necessarily shared).
- Detecting emerging signals and latent potential that have yet to materialise in discourse, offerings, or practice.
- Revealing structural tensions, moments of divergence, or strategic crossroads.
- Projecting oneself into the future, describing sequences of events and actions, seeing the consequences of choices — and doing so from a subjective standpoint.
- Creating a shared space for discussion where real-world divisions and oppositions can soften: in the space of imagination, there are no experts, and today’s adversaries may find common ground in desirable futures.
But how can we identify both the imaginaries already at work and those beginning to emerge? The trick is to map them out before developing future scenarios. Two complementary approaches can help:
- The fragments de futur method, developed by the Plurality University Network, which builds a corpus of imaginaries based on cultural and artistic references shaping how we approach trending topics or complex challenges.
- The sociological study of imaginaries, grounded in interviews and observation, and enriched by synthesis frameworks inspired by la Chaire Modélisations des Imaginaires, Innovation et Création (MODIM). This approach acknowledges both the technical and symbolic dimensions of a subject from the very earliest stages of design.
Together with Jean-François LUCAS, a sociologist specialising in imaginaries, we combined these two schools of thought to explore the role of marginal and/or emerging imaginaries of sufficiency — those that challenge dominant narratives around energy consumption.

The imagination of energy sobriety: project milestones.
The challenge then was to separate the wheat from the chaff: what truly reflects an imaginary at work, and what stems from a fantasy — a projection shaped by us, the designers of (design) fictions, because it conveniently aligns with the tone we want to give our work?
And that’s precisely the first limitation of the so-called marriage of convenience we mentioned earlier: while imaginaries can be summoned to explore the future, there’s no guarantee they will answer the call — they cannot be conjured ex nihilo.
what truly reflects an imaginary at work, and what stems from a fantasy
This led us to a second difficulty: striking the right balance between the quantified trajectories of foresight studies and the fluid, shifting nature of imaginaries. This tension lies at the heart of our methodological stance. In this exploration, as in many others, we believe that experiencing futures is key to venturing into spaces where data alone cannot go.
Design Fiction, in this sense, sits at the crossroads of objective foresight and the subjective projection enabled by imaginaries.
venturing into spaces where data alone cannot go

The three energy sobriety Imaginaries selected to narrate the green transition of the Île-de-France region
Amplifying emerging Imaginaries and dialling down the dominant ones
Now that we’ve mapped out the imaginaries infusing the topic at hand — in this case, energy sufficiency — how can we mobilise them within scenarios that imagine different tomorrows?
Design Fiction never starts from scratch. It draws upon collective imaginaries — cultural, media-based, professional, technological. It captures them, reinterprets them, subverts them. These imaginaries are the raw material for crafting fictions that either align with or disrupt these representations — that build on them or challenge them.
That’s why identifying imaginaries before beginning to explore futures is so useful: it helps reveal clichés and worn-out representations. Once identified, we can decide whether to leave them behind — or to use them as a Trojan horse to smuggle in unexpected ideas through familiar forms.
In our exploration of Energy Sufficiency Imaginaries, we used Design Fiction to create and illustrate possible future narratives. Based on the previously identified imaginaries, we turned the dials all the way up, applying each new set of representations to the Île-de-France region to narrate its unconventional transformations.
And so we asked:
- What would society look like if an emerging or alternative imaginary of energy sufficiency became dominant?
- What products, behaviours, activities, or spaces would be reshaped?
- What everyday novelties would come to symbolise this new relationship with energy?
- And on the flip side, what would vanish — deemed incompatible with the values of that imaginary?
At the heart of this narrative work is a process of extrapolation: fiction allows us to imagine a world where one imaginary fully takes hold of a territory — and by contrast, it sharpens our awareness of the dominant representations already in place.
Put another way, Design Fiction helps us picture worlds in which we’ve scaled back or erased dominant imaginaries that hinder energy sufficiency, and amplified so-called imaginaires «de sortie» (Marie-Julie Catoir-Brisson & Emmanuelle Caccamo, 2023) — those offering pathways out of our current impasses.
Yet Design Fiction remains a critical tool — a distorting mirror that helps us better see, or see differently, what we take for granted as true, normal, or desirable. Each scenario poses the question: Do the ends justify the means? And when it comes to energy sufficiency, is an alternative imaginary ultimately more of a cure — or a poison?

Each Imaginary — such as the renunciation imaginary featured here — is brought to life through a series of short narratives. These vignettes shed light on the changes unfolding in 2030 under the influence of this new value system.

Emblematic of the renunciation Imaginary: a (fictional) invitation to a citizens’ convention on ‘de-innovation’, set to decide on the dismantling of the Stade de France in 2032.
Bringing these new Imaginaries down to Earth, today
As always, a good Design Fiction approach doesn’t proclaim “this is the future”, but instead asks: “if this were the future, what would you do?”
To provoke that kind of reflection, the Energy Sufficiency Imaginaries project concluded with an opening rather than a closure. Instead of delivering definitive — and potentially out-of-touch — conclusions, we chose to offer a toolkit designed to continue the exploration at a local level.
We developed a set of tools and resources to help local authorities and stakeholders in the Île-de-France region tackle “the last mile of speculation” — exploring how these imaginaries might take shape on the ground, tailored to the specificities of each territory. That’s the purpose of Imaginairgy, the living extension of our study: equipping people to explore how these broad, macro-level imaginaries could be translated into local realities — across actors, policies, and cultural contexts — by building directly on the original Design Fiction scenarios.
For example: in a future where every resident receives a basic universal energy quota granted by the local authority, what changes in terms of public policy and private infrastructure? How do people get around, eat, or entertain themselves?
This expansion of the energy sufficiency futures exploration doesn’t lose sight of the journey from fiction to action — with imaginaries as the guiding thread.
It’s one of the core pillars of both the approach and the toolkit: enabling appropriation of the scenarios to lead to “manifesto-actions” — initiatives with the symbolic weight of a manifesto, combining tangible impact on energy consumption with a unifying imaginary to support the transition.
From reciprocal ties to dangerous liaisons
As with any exploratory approach, investigating futures and emerging imaginaries cannot be detached from context and current events. Far from being anecdotal, the year 2022 played a particularly pivotal role in shaping our mapping of energy sufficiency imaginaries.
The project began in early 2022, just as French President Emmanuel Macron publicly mocked the so-called “Amish model” and a supposed “return to oil lamps” in response to critiques of the 5G model. Though framed around digital infrastructure, his remarks extended — in the collective imaginary — to energy sufficiency as well.
The project concluded in September 2022, by which time energy sufficiency had become the watchword of the season and the cornerstone of France’s strategic pivot on energy issues — spurred by the combined shock of the war in Ukraine and mounting pressure on nuclear power capacity.
Behind the scenes, we had to navigate a rapid transformation in the public imaginary, managing interference from the news cycle while maintaining the distance needed for long-term thinking. The goal: to rise above the ambient noise and offer a horizon view — without ignoring how unfolding events might influence how our scenarios are perceived. This balancing act is inherent to any Design Fiction practice, but here, it took on a particularly intense flavour.
We’ll be sharing more soon about how we handled the influence of external events — and the value of anti-sprint methods to imagine futures resilient to today’s volatility!
Ultimately, marrying imaginaries with the practice of Design Fiction is a constant back-and-forth — a dynamic of mutual influence.
Imaginaries shape, and are shaped by, Design Fiction. In many ways, Design Fiction works with imaginaries as a sculptor works with material: revealing hidden forms, bending them to make them speak, and shaping new figures to reimagine the future.
True to our frictional ethos, we must close this exploration with both a caution and a caveat: as some begin to prophesy an imaginary war — particularly around ecological transition — renewing representations will not be enough. They must be brought into debate.
This is one of the major side effects — if not outright risks — of the practice: the use of Design Fiction as a tool for manufacturing consent through the orchestration of imaginaries. The very same approach that can be emancipatory may also be co-opted — to prepare public opinion, foster acceptance, or sweep uncomfortable present-day realities under the rug of a speculative future. This is one of Design Fiction’s intrinsic tensions — and one that compels us to reflect on the ethics of the practice.
To explore further the role of imaginaries in Design Fiction and futures thinking, we invite you to listen to the podcast Design et récit, influencer les imaginaires by Design MasterClass, with Léa Lippera from Design Friction.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
N’hésitez pas à :
1. partager votre avis ?
2. nous laisser un petit mot ?
3. rédiger un billet ?
