Ce billet est le septième (et dernier) d’une série consacrée à la question : comment peut-on modéliser une civilisation ? Ensemble, ils vous permettront de découvrir le modèle civilisationnel des “pace layers”, imaginé par Stewart Brand.
Partons maintenant à la découverte de la couche consacrée à la nature.
Dans le modèle des pace layers, les six couches qui, ensemble, composent une civilisation, sont classées par ordre décroissant de vitesse d’évolution. Il s’agit de la “mode” (fashion dans le texte d’origine) à laquelle nous substituons les activités d’invention et d’innovation ; l’économie (et les modèles économiques) ; les infrastructures ; la gouvernance (et les modèles de gouvernance) ; la culture ; le vivant.
Partons maintenant à la découverte de la couche la plus lente, celle de la biosphère.
La biosphère est “l’ensemble des organismes vivants et leurs milieux de vie, donc la totalité des écosystèmes présents que ce soit dans la lithosphère, l’hydrosphère et l’atmosphère”.
La lithosphère
Commençons par la lithosphère. Selon la définition qu’en propose l’Université virtuelle environnement et développement durable (UVED), la lithosphère est “l’ensemble du substrat solide qui affleure à la surface des continents et sur le fond des océans”. De la lithosphère, on extrait de grandes quantités de matières premières, aujourd’hui essentielles au fonctionnement des infrastructures de la société thermo-industrielle :
- Les combustibles fossiles (conventionnels : pétrole, charbon, gaz naturel, etc. ; non-conventionnels : sables bitumineux, gaz de schiste, etc.) ;
- Les métaux dont les terres rares, qui ont acquis le statut de matières premières stratégiques depuis que leurs propriétés uniques sont exploitées massivement dans la fabrication des smartphones notamment ;
- Le sable de construction ;
- Les minéraux qui contiennent de l’azote, du phosphore ou du potassium, trois éléments nutritifs utilisés dans la production d’engrais essentiels à l’agriculture intensive.
Jusqu’à il y a peu, les déterminants “physiques”, à l’instar des matières premières disponibles, pouvaient ne pas être considérés comme des paramètres de premier ordre de l’activité économique, tant ils étaient faibles devant les stocks disponibles ou la capacité d’absorption et de renouvellement de l’environnement.
Mais n’en déplaise aux nouveaux « cow-boys », Elon Musk en tête, nous sommes bel et bien tous à bord du même “vaisseau Terre” et nous ne pouvons pas nous en échapper. Toute nouvelle proposition politique ou toute nouvelle stratégie d’entreprise doit s’inscrire dans la “réalité physique du monde”.
L’hydrosphère
L’eau recouvre 72% de la surface du globe… et la planète bleue porte bien son nom. L’hydrosphère englobe toutes les eaux de la planète : océans, mers, lacs, cours d’eau, nappes phréatiques, etc.
Aujourd’hui, l’hydrosphère est dans un état de dégradation avancé à cause de plusieurs processus en cours qui se conjuguent et se renforcent mutuellement : pollutions, déchets plastiques, acidification, réchauffement, montée des eaux, salinisation, assèchement, etc.
L’atmosphère
Les activités humaines modifient la composition chimique de l’atmosphère si rapidement que les cycles de l’eau et du carbone, des cycles essentiels à la vie, sont détraqués. Le climat sort de sa zone de stabilité… Les pollutions en gaz et en particules sont partout.
Aujourd’hui, la raison d’être de la prospective est toute trouvée : aider notre espèce à penser et à vivre des récits qui lui permettront d’entretenir une relation apaisée avec notre planète.
Et la prospective dans tout cela ?
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la prospective a été conçue par quelques pionniers comme une philosophie en action, indispensable pour penser – et mettre en œuvre – la reconstruction des pays touchés voire anéantis par le conflit mondial.
Aujourd’hui, la raison d’être de la prospective est toute trouvée : aider notre espèce à penser et à vivre des récits qui lui permettront d’entretenir une relation apaisée avec notre planète.