Ne pas se contenter du récit officiel du futur qui sous-tend la stratégie d’une organisation ; dépasser le simple recours aux probabilités pour penser demain ; explorer un éventail aussi large que possible de contextes futurs auxquels une organisation pourrait bien avoir affaire ; ces activités relèvent à coup sûr de l’indispensable, dans un contexte actuel marqué par une complexité croissante, une accélérations des changements, et un amoncellement d’incertitudes environnementales, sociales, économiques, technologiques etc.
La réponse est donc nécessairement positive, bien que si pour l’ensemble des organisations la prospective est nécessaire, l’aspect technologique n’est peut-être pas prioritaire pour toutes. Toute entreprise, et même toute entité organisationnelle se doit cependant d’avoir un oeil sur le futur et ce que celui-ci peut signifier pour elle en termes d’opportunités ainsi que de menaces. La taille du dispositif sera lui variable en fonction des moyens de la structure en question, mais comment être responsable sans chercher à anticiper demain?
Les informations recueillies jointes aux projections effectuées ne servent pas uniquement à se lancer sur de nouveaux marchés, mais elles peuvent également et très concrètement aider à :
- Trouver un nouveau fournisseur
- Anticiper l’arrivée sur le marché de nouveaux entrants
- Mieux comprendre les lignes de force, appelées parfois megatrends, qui ont le potentiel de façonner durablement l’environnement (par exemple, l’érosion de la biodiversité ou les tensions croissantes autour des métaux rares)
- Imaginer des business models disruptifs
- Moderniser son outil de production
- Concevoir des innovations produit
- S’adapter voire anticiper le durcissement des normes et des réglementations
Si une organisation, seule, peut hésiter à consacrer les moyens nécessaires à la mise en place d’un dispositif de prospective, il est en revanche de plus en plus fréquent de rencontrer des exemples d’efforts collaboratifs. À titre d’exemple, on citera le Club Open Prospective, créé en mars 2015 à l’initiative d’Orange. Aujourd’hui, ce collectif est fort d’une cinquantaine d’entreprises et d’organisations représentant des secteurs d’activités très variés. Sur son site, on peut lire que “le club a pour ambition de créer une plateforme de dialogues et de réflexions afin de mieux appréhender le long terme. Il a créé des outils et des modes d’actions pour donner à la prospective toute sa place dans l’entreprise et notamment la rendre plus opérationnelle.”
Plus récemment, en 2019, la Fondation Internet nouvelle génération a initié une démarche prospective et participative de grande ampleur : RESET. Dans les grandes lignes, il s’agit de mutualiser les efforts d’anticipation et d’innovation de plusieurs dizaines d’acteurs publics et privés afin de retrouver la maîtrise des choix institutionnels et individuels vis-à-vis du numérique.