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Q185 | Pourquoi intégrer des outils de veille dans un dispositif de prospective ? 

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Source: Image tirée de la vidéo loop the loop réalisée par Pepsi Max. Une vision artistique de « L'humain dans la boucle ».

S’il peut être aisé (et encore) de fournir une liste des livrables possibles d’un dispositif de prospective, présenter sa structure et son organisation sans prendre en compte les moyens à disposition me semble passablement utopique.

Si la prospective n’est pas en soi nécessairement une branche scientifique, rien n’empêche de l’approcher avec rigueur, du moins dans la construction de ses livrables.

Se projeter dans le futur sans connaissances et surtout compréhension du présent, et a fortiori du passé, c’est s’exposer à des risques non négligeables. Aucune recherche digne de ce nom omettra d’établir un “état de l’art” du thème considéré. Naturellement, les conséquences de ces risques seront à évaluer au cas par cas, mais si vous devez, sur la base d’un livrable, effectuer des choix et implémenter des décisions, partir du présent et réfléchir en pertes acceptables peut se révéler une bonne stratégie considérant l’incertitude liée à l’activité d’anticipation.

C’est pour répondre à ce besoin de suivi de l’état de l’art que dans le dispositif de prospective technologique d’armasuisse Science et Technologies nous utilisons des outils de veille. Naturellement la veille stimule également la détection de signaux faibles, mais ce n’est pas ici notre objectif principal.

Complémentarité humain – machine

Si le processus que nous souhaiterions répliquer est celui du renseignement, fort est de constater que les ressources à disposition ne le permettent pas toujours; et peut-être même que cela serait un peu surfait de par l’horizon temporel généralement considéré. Ayant à faire avec le stratégique plutôt que l’opérationnel, la temporalité de l’information joue un rôle certes important, mais non critique.

Utilisant la plateforme de veille collaborative Curebot, nous y avons implémenté les 12 tendances technologiques que nous considérons comme pertinentes.

Les agents logiciels informatiques – bots informatiques – consultent en permanence toutes les sources définies en regroupant l’information. Diverses outils tels que le clustering et l’IA générative permettent de résumer et d’offrir une idée synthétique des tendances.

A cette façon de procéder, nous avons couplé un processus basé sur le retour d’information glanées lors de conférences, d’ateliers, voire de rencontres fortuites. 

Les deux processus se complètement parfaitement et l’être humain effectue dans une newsletter la sélection et la priorisation des thèmes, tout en commentant ceux-ci avec parfois des anecdotes spécifiques et uniques !

La complémentarité humain-machine se présente ici sous son meilleur jour.

Dashboard de la plateforme de veille collaborative Curebot permettant de suivre les 12 tendances technologies.
Exemple de la fonction de clustering de la plateforme de veille collaborative Curebot.

L’intérêt du collaboratif

Sur une plate-forme de veille, les informations sont à disposition et mises à jour en permanence. Sans des personnes à même de les évaluer, de séparer le grain de l’ivraie, il est difficile de différencier de la simple donnée, voire même des fausses données, de l’information pertinente.

C’est pour cela que la notion de collaboration est primordiale entre différents utilisateurs afin que chacun puisse évaluer un contenu en fonction de son expertise spécifique.

Cette fonctionnalité permet donc non seulement de demander confirmation sur la véracité de l’information, mais également de la qualifier par rapport à différents modèles mentaux, différentes perspectives et donc de se faire rapidement un point de vue holistique de la question.

Naturellement une communauté importante et diversifiée est requise pour un usage optimal !

Entre réalité et imagination

Comme mentionné dans l’introduction, dans notre dispositif de prospective, la veille sert principalement de point de départ et d’inspiration à l’imagination.

Nous l’utilisons dans deux processus – ou façon de penser – que nous conduisons en parallèle, indépendamment de la question posée. Nous les avons appelés simplement “push et pull” technologiques, car mis à part un contexte différent, il s’agit de la même logique que dans le marketing (technology push – market pull).

Dans le push technologique le point de départ sont les tendances technologiques. Celles-ci rendent possibles de nouvelles fonctions qui vont être intégrées dans de nouveaux produits, lesquels seront utilisés dans de nouveaux cas d’usages.

A l’inverse, dans le pull technologique, les activités de prospective imaginent par divers moyens (narratif, design fiction, scénarios, etc) de nouvelles situations. En analysant celles-ci il est possible d’en déduire les besoins et ainsi les spécifications de ce que devraient réaliser de futurs produits, processus ou façon de faire. Ces différentes solutions intègrent et combinent à leur tour les technologies considérées ici comme “promesses technologiques” car en devenir.

Ce n’est pas une ou l’autre des façons de penser qu’il faut considérer, mais bien les deux en parallèle au risque de ne considérer qu’une partie des possibilités !

L’usage de la veille nous sert – et parfois nous force – à considérer la réalité, toute la réalité.

Représentation des deux processus d'anticipation « push technologique « versus le « pull technologique « conduits en parallèle dans les activités du dispositif de prospective deftech

Le pull technologique présente également d’autres avantages indirects:

  1. Il permet de différencier ce que nous appelons couramment “science-fiction” vs “sciences facts”. On se rapproche alors des indicateurs de maturité (RL – Readiness Level) utilisés pour indiquer le niveau d’une technologie (TRL), de son degré d’intégration (dans différents produits), de son degré d’acceptation dans la société, etc.

  2. En passant de l’avant-dernière étape à la dernière étape, on se rend compte qu’il y a théoriquement plusieurs façons de réaliser quelque-chose en combinant différents domaines technologiques. Ce rappel positif permet de rester alerte et de ne pas se réfugier et se reposer sur une logique partant du principe que “Tant que ceci n’est pas possible, cela ne le sera pas non plus”.
Passage de la réalité à l'imagination et vice versa dans les deux processus de « push & pull technologique ».

Conclusions

Si pour certaines parties prenantes, la prospective pourrait se résumer à un travail de veille, et un dispositif de prospective à l’usage d’une plateforme informatique, nous présentons ici une approche intégrant les différents outils et processus de façon coordonnée et inter-active.

Un processus de veille fait partie intégrante d’un dispositif de prospective, quelle qu’en soit sa taille, quel qu’en soit sa structure. Le futur se construit forcément à partir du présent; il ne peut en être autrement.

En plaçant dans son dispositif l’humain en son centre, rêvons que l’éveil soit ce résultat idéal de la veille !

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