Étymologie
Le terme pharmakon (φάρμακον) est un mot grec qui désigne à la fois le remède et le poison.
Le pharmakon a été développée par le philosophe Bernard Stiegler, qui l’emprunta à Jacques Derrida, lequel la récupérait déjà chez Platon.
Stiegler considère le pharmakon comme la notion centrale pour comprendre la technique : elle est à la fois ce qui nous définit et ce qui peut nous anéantir.
Objectifs
Chaque innovation porte en elle cette dualité :
- La chimiothérapie traite le cancer en supprimant les cellules anarchiques. Elle affaiblit l’organisme en détruisant les cellules saines.
- Les énergies renouvelables réduisent les émissions de CO. Pour les produire, on détruit l’environnement en exploitant des mines de métaux rares.
- Le télétravail offre flexibilité et équilibre vie-travail. Elles peuvent aussi isoler et effacer les frontières privé-professionnel.
- Les cryptomonnaies démocratisent la finance et limitent l’inflation. Elles facilitent la circulation de l’argent pour les commerces illicites.
- L’édition génétique (CRISPR) permet de guérir des maladies génétiques. Elles ouvrent aussi la voie à l’eugénisme et aux inégalités génétiques.
- Les pesticides augmentent les rendements agricoles et nourrissent la population. Elles détruisent les écosystèmes et ont un impact dramatique sur la santé humaine.
Signes caractéristiques
Le pharmakonage consiste à doser la part remède et poison de chaque avancée technologique.
Pour Bernard Stiegler, la technique devient poison lorsqu’elle se développe sans régulation ni finalité collective. Le pharmakonage s’oppose à cette dérive en inscrivant les innovations dans un projet collectif d’émancipation. On ne subit plus les effets négatifs de la technique. On les anticipe et on les oriente.
Le pharmakonage suppose une vision critique qui identifie et anticipe les effets toxiques d’une innovation. De l’autre, une vision constructive qui cherche à maximiser les bénéfices collectifs. Cette double vision guide les choix de conception, de déploiement et de régulation.
Le pharmakonage crée un rapport mature à l’innovation. N’étant ni technophobe ni technolâtre, il est lucide sur les enjeux et responsable dans les choix. C’est une manière de réfléchir qui s’impose quand les innovations gagnent en puissance et en rapidité de diffusion.
la technique devient poison lorsqu’elle se développe sans régulation ni finalité collective
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