Étymologie
Du grec phônê (φωνή) « voix, son » et du suffixe médical -ose (du grec -ôsis) indiquant un état pathologique.
État pathologique caractérisé par une relation parasitaire instaurée par le téléphone portable.
L’appareil numérique adopte le comportement d’un parasite vivant aux dépens d’une autre espèce.
À l’instar du pou qui se nourrit du sang humain, il absorbe les données, l’attention et l’énergie de son utilisateur sans fournir de contrepartie équivalente.
Symptômes de la phonositose
La dépendance s’avère particulièrement intense. Des avalanches de notifications contribuent à la renforcer progressivement.
Le portable s’est immiscé jusque dans l’intimité de la chambre à coucher : 87% des personnes l’utilisent dès le matin au réveil, 81% le soir avant de s’endormir. Les thérapeutiques de soins s’avèrent souvent paradoxales : on développe des applications sur le téléphone pour réduire l’usage du téléphone.
Il devient difficile de se séparer de son appareil. La majorité des utilisateurs souffrent de nomophobie, une crainte pathologique de s’éloigner de leur téléphone. La suppression temporaire du parasite, ou digital detox a un coût financier et psychologique important.
Le téléphone monopolise l’attention. 50% des jeunes de 18-34 ans déclarent consulter leur téléphone dans les cinq minutes suivant leur réveil selon le Deloitte Global Mobile Consumer Survey. Le temps moyen consacré aux applications mobiles peut atteindre quatre à cinq heures quotidiennes.
Le smartphone instaure un esclavage. L’utilisateur est otage de ses défilements incessants et en paie le prix par divers troubles : privation de sommeil, affaiblissement des relations hors ligne, perturbations de l’humeur…
Supprimer le parasitage
La nature enseigne que pour éliminer un parasite, il faut d’abord identifier l’exploitation qu’il exerce.
Concernant les smartphones, cette détection s’avère ardue. Les entreprises technologiques conçoivent des fonctionnalités et algorithmes qui incitent à nourrir toujours davantage ce parasite. Elles ont également organisé notre dépendance envers cet organisme nuisible.
Nous ne mémorisons plus certaines informations. Nous lui déléguons cette fonction. Nous n’apprécions plus la beauté. Nous lui confions le soin de l’immortaliser. Les gouvernements et entreprises ont rendu obligatoire cette relation parasitaire en transférant leurs services vers des plateformes numériques accessibles uniquement via des applications mobiles.
Dans ce contexte, transformer une relation parasitaire avec le smartphone en relation mutualiste demeure complexe. Pour empêcher que le smartphone continue de nous mettre des poux dans la tête, il convient d’envisager des actions collectives : interdiction des réseaux sociaux pour les mineurs, restriction d’accès aux applications addictives, encadrement de la vente et de la collecte des données personnelles…
Les gouvernements et entreprises ont rendu obligatoire cette relation parasitaire en transférant leurs services vers des plateformes numériques accessibles uniquement via des applications mobiles.
