Image réalisée par Luc Legay

Thanadeep

Message d’adieu généré par l’intelligence artificielle.
12 septembre 2025
2 mins de lecture

Étymologie

Thanadeep : contraction de Thanatos, dieu grec de la mort, et deep learning, l’apprentissage profond.

Le thanadeep est un message posthume créé par une IA à partir des traces numériques d’une personne décédée.

C’est un texte, un audio qui recrée une voix, ou une vidéo qui imite expressions et timbre. Son ambition est d’offrir une ultime conversation. Son ambiguïté est de n’être qu’une simulation.

 

Usages du Thanadeep

 

Apaiser le deuil

Pour les familles en deuil, surtout lorsque la mort est soudaine ou violente (comme dans le cas des soldats morts en Ukraine), le thanadeep offre une illusion de dernière conversation. Des proches l’utilisent pour :

  • Dire adieu à un être cher disparu,
  • Entendre sa voix une dernière fois,
  • Recevoir des mots rassurants.

En Russie, des services proposent pour 15 à 50 euros des messages vocaux générés à partir d’enregistrements de soldats morts au front.

Interagir avec le défunt

Contrairement à un simple enregistrement ou une vidéo, le thanadeep peut être personnalisable et interactif. On peut poser des questions à l’IA, qui répond à la manière du défunt.

Combler un vide

Dans certains cas, le thanadeep est utilisé pour régler des conflits familiaux en simulant une dernière volonté. Il peut aussi aider à dialoguer avec un parent disparu.

Exemple : Un père mort en Ukraine explique pourquoi il a choisi de partir à la guerre.

Les limites du thanadeep

On assiste à l’exploitation du chagrin à des fins lucratives

Derrière cette promesse de réconfort se cache une industrie en pleine expansion : le grief tech. Des abonnements pour communiquer avec un être cher décédé, des formules haut de gamme incluant des vidéos générées par l’intelligence artificielle, et même des alliances avec les forces armées pour fournir ces prestations aux proches des militaires. Le deuil, processus intime et sacré, se transforme en produit de consommation.

Proposer à une mère éplorée de payer pour entendre la voix de son fils, c’est jouer avec des émotions brutes, des blessures à vif. L’éthique s’efface devant le profit, et la dignité du deuil se perd dans des contrats commerciaux.

On crée de faux souvenirs

La résurrection numérique peut être considérée comme une tentative de la préserver, de maintenir la présence de ceux que nous avons perdus. 

Cependant, la mémoire humaine n’est pas statique : elle sélectionne, modifie, déplace et s’adapte. En recréant numériquement un être cher, on court le risque d’altérer nos véritables souvenirs avec la personne.

 On exacerbe la douleur

Le thanadeep promet de rapprocher les vivants des morts, mais il rappelle surtout leur absence. En s’accrochant à une simulation, on risque de retarder le travail de deuil, de refuser l’acceptation. La technologie maintient en vie une blessure.

En s’efforçant de compenser l’absence d’un être cher ou de combler le vide qu’il a laissé, les thanadeeps exacerbent à la fois le désir de s’accrocher à ce que l’on a perdu et nos propres réticences à accepter la réalité de cette perte et entreprendre le travail de deuil.

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