La pandémie de Covid-19 a évidemment bouleversé notre rapport au futur, révélant sa nature imprévisible et non-linéaire.
Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une situation encore plus déconcertante : l’incertitude du contexte actuel crée un brouillard si épais qu’il rend difficile toute projection à plus de six mois. Bienvenue dans les Trente Turbulentes, le pendant plus tourbillonnant des “Trentes Glorieuses” !
La prospective, une boussole pour avancer dans l’incertitude
Dans ce contexte, nous sommes tous contraints de naviguer à vue. Face à cette opacité, l’immobilisme peut sembler une option rassurante : mettre en suspens toute décision en attendant que le brouillard ne se dissipe.
Mais peut-on vraiment compter là-dessus ? Tout porte à croire que cet état de brouillard est la traduction de ce que les observateurs ont appelé “l’âge exponentiel” : un changement systémique, perpétuel, itératif qui nous laisse dans une situation de stupéfaction.
Ce fameux “choc du futur” dont parlait Alvin Toffler en 1970 :
“Le choc du futur est le stress et la désorientation provoqués chez les individus auxquels on fait vivre trop de changements dans un trop petit intervalle de temps.”
Dans ce contexte, ne devons-nous pas continuer d’avancer malgré tout ? Comment le faire sans risque de se tromper ?
En effet, il est impensable de prédire avec exactitude ce qui se profile. Mais on peut apprendre, explorer et découvrir de nouveaux horizons, commencer à anticiper.
C’est là où la prospective peut intervenir, mais pas de la manière dont certains pourraient le penser : la prospective est souvent perçue comme une discipline qui apporte des certitudes.
Je considère plus qu’il s’agit d’une approche par le doute : en ouvrant les futurs possibles, on prend conscience qu’il n’y a pas forcément qu’une seule bonne décision, ou une seule bonne stratégie.
en ouvrant les futurs possibles, on prend conscience qu’il n’y a pas forcément qu’une seule bonne décision, ou une seule bonne stratégie.
C’est justement cette dualité qui déroute nos esprits issus du début des années 2000, plus stable et plus lisible.
Nous avons du mal à imaginer comment concilier décision et agilité, long terme et stratégie, doute et action.
La prospective, au contraire, embrasse cette ambiguïté avec délice, et en fait sa force.
S’ouvrir aux directions possibles du changement, émettre des hypothèses de changement, imaginer les futurs possibles, voilà autant d’outils issus des approches prospectives qui sont des manières d’aborder la complexité avec analyse, créativité et humilité.
La prospective en collectif pour aborder les futurs
Douter avec ambiguïté, se tromper, avancer dans le brouillard…
Voilà un programme qui peut sembler peu réjouissant.
Penser au temps long est vertigineux, et passer son temps à scruter des horizons lourds et incertains charrie son lot d’angoisses. Mais dans le même temps, cette empathie forte avec les futurs possibles dissipe quelque peu la peur. Pas complètement, mais suffisamment pour transformer l’incertitude en un compagnon de route que l’on apprivoise, d’autant plus quand cette manière de regarder le monde se pratique en collectif.
Envisager les futurs possibles en collectif permet en effet d’élargir son champ de vision et son champ de possibles en mêlant différents points de vue.
Le prérequis d’un tel exercice est de clarifier soi-même sa propre perception – exercice d’hygiène prospectif que l’on a tendance à évacuer trop rapidement. En acceptant d‘expliciter sa perception des futurs pour mieux la remettre en question, on s’ouvre à la possibilité d’envisager d’autres futurs possibles. Cet exercice d’étirement du temps a également une autre vertu : il s’agit d’une opportunité pour faire rentrer les angles morts dans le champ de la conversation.
En acceptant d‘expliciter sa perception des futurs pour mieux la remettre en question, on s’ouvre à la possibilité d’envisager d’autres futurs possibles.
Au final c’est un excellent exercice pour transformer le futur, souvent inexploré, craint ou fantasmé, en un lieu plus familier, peuplé de nouvelles représentations qui auront été discutées et évaluées en collectif.
Alors, dans cette époque qui peut, au mieux, laisser perplexe, au pire générer un niveau d’angoisse ingérable, je vous invite à embrasser cette manière de regarder le monde.
Rejoignons-nous dans le brouillard… pour mieux le naviguer.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
N’hésitez pas à :
1. partager votre avis ?
2. nous laisser un petit mot ?
3. rédiger un billet ?
Bonjour,
Quelle joie de rencontrer des gens qui préfèrent avancer et créer plutôt que geindre ou se terrer dans un coin ! Ne parlons pas de ceux qui font du déni… Bref, vraiment je me sens en phase avec vous. Continuez ainsi !
Plus nous serons nombreux à penser l’avenir, plus il se concrétisera selon nos visions. Merci !
Attention, mon site est en construction, il n’est pas encore accessible.
Bonjour Christine,
Merci de votre gentil mot qui motive toute la communauté.
N’hésitez pas à y contribuer également en partageant certaines de vos méthodes et/ou de vos expériences car c’est cela qui fait respirer et vivre le site !
Très cordialement,
Quentin
Merci Noémie ! Inspirant comme toujours !
Je serais curieux de savoir si le processus décisionnel ou le fait de gérer certaines décisions changent selon ton expérience du fait qu’il n’y a plus uniquement, comme tu le cites : «qu’une seule bonne décision ou une seule bonne stratégie.»
Aurais-tu des pistes ou des conseils pour ne pas « regretter » un choix quand des difficultés se présentent, ou pour ne pas avoir toujours l’envie de savoir ce qu’il se serait passé si on avait pris l’autre option ?
Remarques-tu des évolutions dans la création de feuilles de routes ? Va-t-on dans la direction de l’effectuation comme solution ?
Beaucoup de questions, mais c’est pour mieux naviguer vers le soleil 😉