Q183 | De l’IA à la méditation : quelles compétences pour demain ?

2 décembre 2023
4 mins de lecture
«Prompt Futur», le nouvel ouvrage dirigé par Xavier Comtesse et Giorgio Pauletto, sous l’égide de Manufacture Thinking

Ce billet est une reprise de l’article publié initialement par l’auteure dans la revue Bilan sous le titre « De l’IA à la méditation, il n’y a qu’un prompt ». Trouvant le thème particulièrement en phase avec le contenu du site, c’est avec grand plaisir que nous vous partageons ces lignes de réflexions. Le contenu est identique, seuls quelques liens sur des billets du site ont été ajoutés.

Je ne sais pas si vous êtes confrontés au même souci, mais personnellement, dans ce monde hyperconnecté, je commence à avoir quelques inquiétudes pour le QI de mes enfants.

Mon fils fait preuve d’une grande capacité de persuasion pour me convaincre que ses combats effrénés sur FortNite s’apparentent à du “travail collaboratif” ou encore que TikTok lui permet d’accéder à des contenus de “formation continue” dans des domaines spécialisés, tel que le basketball. 

Mais je ne suis pas dupe, la plupart du temps, c’est à une forme d’aliénation à laquelle il s’expose. Pourtant, ces derniers jours, à la faveur de plusieurs événements consacrés à l’intelligence artificielle, j’ai fait une grande découverte: mon fils n’est pas simplement connecté, il est aussi futé!!!

Et si les compétences qu’il développait dans ces activités relevaient effectivement d’une certaine forme intelligence?

Vers de nouvelles compétences

C’est notamment en préparant le lancement de «Prompt Futur», le nouvel ouvrage dirigé par Xavier Comtesse et Giorgio Pauletto, sous l’égide de Manufacture Thinking, que j’ai pris conscience de cette perspective réjouissante.

En effet, en pleine réflexion sur les intrications entre l’intelligence collective et l’intelligence artificielle, je me suis penchée sur la définition que notre cher Larousse donnait à cette notion d’intelligence: Faculté de connaître, de comprendre; qualité de l’esprit qui comprend et s’adapte facilement.

En y repensant, et en prenant un peu de recul, je me suis rendu compte que mon fils avait bel et bien développé de nouvelles capacités d’apprentissage au cours de ces derniers mois. Il y a une année, j’avais été sidérée par son agilité lorsque, à défaut d’apprécier son professeur de mathématiques, il s’était tourné vers un youtubeur à succès, Yvan Monka, pour obtenir de bonnes notes.

Aujourd’hui, c’est avec Chat GPT qu’il s’aide dans ses révisions. Et cela m’interpelle bien sûr! D’une part sur l’accompagnement que l’on doit lui apporter dans la compréhension de ces outils, notamment en matière d’éthique, mais d’autre part en questionnant les compétences qu’il est en train de développer versus celles qu’il devrait acquérir pour rester maître de son propre univers.

Collaborer avec la machine

La méthodologie “Prompt Future Thinking” permet de donner quelques pistes quant à la collaboration saine que l’on peut commencer à entrevoir avec la machine. Il s’agit entre autres de stimuler notre pensée pour mieux appréhender notre avenir en perpétuel changement.

S’aider de l’IA générative permet d’aller plus vite et plus loin. Y ajouter une dose d’intelligence collective pousse à la prise de recul et permet de prendre le temps d’activer notre esprit critique. 

Cet esprit qui doit ABSOLUMENT faire partie de la démarche, au risque de laisser la machine “halluciner” et de nous mener vers des chemins incongrus.

Intérieur du livre «Prompt Futur»

À l’image du film HER sorti en 2013, lorsque l’on commence à interagir avec une IA, il est facile de se perdre dans une relation ambiguë avec ladite machine.

On pense devoir être poli, qu’il y a un interlocuteur ou une interlocutrice derrière cet écran qui nous répond, mais il n’en est rien! Et il faut en prendre conscience, au risque de se faire happer par un monde parallèle dont on ne maîtrise plus l’évolution, ni les codes… qui n’existent pas.

C’est justement sur ce sujet que portait la première séance du Ciné-Club lancé conjointement par l’Etat de Genève, le Graduate Institute la HES-SO Genève, l’Université de Genève et le Pôle de création numérique. À travers cette démarche, il s’agit d’interroger les choix de sociétés et d’imaginer ensemble le futur que nous souhaitons. Nul doute que les débats seront nourris dans cet hémicycle.

[…]risque de se faire happer par un monde parallèle dont on ne maîtrise plus l’évolution, ni les codes… qui n’existent pas

Et s’il s’agissait d’une autre forme d’intelligence?

En conclusion, il est essentiel de reconnaître que, si nos enfants montrent une formidable capacité d’adaptation et une agilité hors norme, les nuits passées sur FortNite sont néanmoins à proscrire. Cette génération, plongée dans un monde de technologie avancée, maîtrise rapidement les plateformes et outils numériques.

Cela soulève une responsabilité importante de notre part: celle de les accompagner dans leur quête identitaire. Cette quête est cruciale pour ne pas se perdre dans la jungle des contenus, souvent déroutants et parfois trompeurs.

En les guidant, nous les aidons à distinguer le réel de l’illusoire,
le constructif du distrayant.

Image générée avec Midjourney pour le livre «Prompt Futur».

Comprendre et interagir avec le monde extérieur nécessite une connaissance intime de soi-même, et c’est là qu’entre en jeu une troisième forme d’intelligence, l’intelligence émotionnelle.

En fin de compte, éduquer nos enfants dans cette ère numérique signifie trouver le juste équilibre entre la maîtrise des technologies et le développement de l’intelligence émotionnelle. C’est un équilibre délicat, mais nécessaire, pour les préparer à un avenir où la technologie et l’humanité se côtoient étroitement.

En fin de compte, il s’agit de trouver un équilibre entre le virtuel et le réel, entre l’acquisition de connaissances et le développement personnel.

Pour connaître le monde, il faut se connaître soi-même.

Et parfois, cela signifie de se déconnecter pour se reconnecter à soi-même, comme je vais le faire maintenant. Je vous laisse, j’ai méditation! 

Il s’agit de trouver un équilibre entre le virtuel et le réel, entre l’acquisition de connaissances et le développement personnel. Pour connaître le monde, il faut se connaître soi-même. Et parfois, cela signifie de se déconnecter pour se reconnecter à soi-même.

1 Comment Leave a Reply

  1. « … prendre le temps d’activer notre esprit critique. »
    Message très puissant, auquel j’aime bien rajouter l’importance du discernement..

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