Notre vision de la technologie et du futur n’est pas neutre. Elle a été façonnée par l’ensemble des représentations auxquels nous avons été exposés, via la pop-culture. Ce que l’on appelle les Imaginaires.
Au sein de l’agence digitale Plan.Net France, nous nous sommes livrés à un exercice d’exploration de nos imaginaires numériques : ces représentations qui déterminent la façon dont nous voyons le monde numérique au quotidien. Et donc un peu notre relation à la technologie. Une exploration qui permet de s’enrichir mutuellement, et de mieux se connaître.
C’est quoi un imaginaire ?
Un imaginaire, c’est un récit, un mythe, une image, plus ou moins détaché du réel mais qui nous guide dans notre façon d’appréhender la réalité. Notre monde, notre quotidien, sont plein de ces imaginaires.
C’est l’Odyssée d’Homère dont on se sert pour décrire le parcours semé d’embuches d’un entrepreneur. Ce sont les noms des personnages de Molière dont l’image colle si bien aux caractères de nos proches. Ce sont des films, vus et revus, qui nous aident à décrire notre quotidien, à le raconter, voire à le sublimer.
Le monde numérique dans lequel nous évoluons chaque jour n’échappe pas à cette emprise des imaginaires. Il s’en nourrit même abondamment. Notre relation aux ordinateurs, aux smartphones, aux algorithmes, est dictée par mille récits. Par la science-fiction que nous lisons ou regardons sur grand et petit écran. Par les jeux vidéo auquel nous jouons. Par les objets, les sons, les rituels qui ont marqué nos premiers accès au Net, il y a longtemps pour certains d’entre nous.
Ces imaginaires structurent notre quotidien, et notamment notre quotidien professionnel.
Est-ce que ce film est une comédie romantique ? Je n’en suis pas certaine, surtout que l’un des personnages est un programme informatique. Et pourtant on s’identifie… Est-ce que nous sommes réellement prêt à tomber amoureux d’un système d’exploitation ? L’intelligence artificielle pourrait-elle guérir les blessures ? Un amour préprogrammé pourrait-il éviter les cœurs brisés ? Qui sait…
Kristell à propos du film HER de Spike Jonze
Une exploration commune
L’exploration des imaginaires peut s’avérer une approche intéressante pour initier une discussion autour des sujets technologiques et de prospectives. Elle peut également constituer un exercice de team building pour les équipes.
Les équipes de l’agence de design digital Plan.Net France se sont frottées à l’exercice lors d’un séminaire en juin 2021. Entre deux présentations Powerpoint et un barbecue, chacun a été invité à rassembler, raconter et partager ses… imaginaires. Ces films, romans, séries, jeux vidéo ou autres objets qui racontent sa relation au numérique.
Chacun y est donc allé de sa petite anecdote sur le personnage de fiction qui l’a marqué, sur ses souvenirs de première utilisation d’un ordinateur, sur les jeux vidéo sur lesquels il a passé ses nuits… Et chacun a, parfois, pu reconnaître un peu de ses propres souvenirs dans ceux partagés par les autres.
Dans les références citées par chacun, on trouve en vrac de grands classiques de la science-fiction (Blade Runner, Ghost in the Shell, Terminator, TRON), des vieux films qu’on n’aurait pas imaginé cités ici (Mon Oncle de Jacques Tati), de la musique électronique (Kraftwerk ou Jean-Michel Jarre), des jeux vidéo en pagaille – récents ou moins récents comme Pong, Prince of Persia ou Pokemon – des séries télé ou encore des objets issus du passé comme le modem ou les kits de connexion des FAI des années 2000.
Finalement, ce sont une soixantaine d’objets culturels qui ont été partagés et ont parfois permis de nouer des liens entre les nouveaux profils de l’agence et les membres les plus anciens de l’équipe .
Mais cette exploration des imaginaires ne s’est pas arrêtée là…
Dessiner la « fresque » de ses imaginaires
Pour aller plus loin, l’agence a imaginé plusieurs moyens de partager ces imaginaires collectifs avec ses partenaires, clients et contacts.
Tout d’abord, elle a demandé à une illustratrice de l’accompagner dans la représentation de ces différents imaginaires. C’est la dessinatrice et tatoueuse Roca Balboa qui s’est chargée de cette partie du projet et a traduit en dessin les moments de la pop-culture échangés.
L’agence a ensuite demandé à chacun des participants de cet atelier de partager un petit texte, un souvenir, une impression, une anecdote, sur les imaginaires ainsi listés.
Tout le monde ne s’est pas senti à l’aise immédiatement avec l’exercice d’écriture, mais tout le monde s’est prêté au jeu, racontant son premier visionnage de Jurassic Park, ses samedis après-midi sur la GameCube ou sa lecture d’un bon polar futuriste.
De cette soixantaine d’illustrations et de cette centaine de textes, Plan.Net a fait une fresque, disponible en ligne et a pu produire du contenu pour l’animation de ses comptes sur les différents réseaux sociaux (Instagram, Twitter, LinkedIn) et de son blog tout au long de l’année.
Le jeu auquel je jouais en arrivant chez mes grands-parents, sur le vieil ordinateur MS DOS de mon grand-père. C’était finalement assez étonnant de trouver un jeu aussi graphique (tout est relatif) après avoir dû le démarrer en ligne de commande !
Matthieu à propos du jeu Prince of Persia
Animer la curiosité
Au-delà de l’exercice de partage entre vos équipes projet, l’exploration des imaginaires tel que l’a exercé Plan.Net peut avoir plusieurs vertus dans une démarche d’innovation.
- La première, c’est d’identifier les mythologies qui existent autour d’une technologie, d’un vocabulaire ou d’une actualité.
Effectuer cet exercice avec le thème, par exemple, de l’intelligence artificielle, va vous permettre d’identifier les craintes ou les espoirs personnels de votre organisation. Associent-ils cette technologie au soulèvement des machines – avec des références comme le Terminator de James Cameron ou le H.A.L. 9000 de 2001, L’Odyssée de l’espace – ou y voient-ils quelque chose de plus intime et positif – le HER de Spike Jonze, le robot Astro Boy d’Osamu Tezuka ou encore les Janet de la série The Good Place ?
Sur la base de ces imaginaires, vous pouvez construire plus facilement un argumentaire concret, expliquant les impacts réels, positif ou négatif, d’une technologie, qu’il s’agisse d’illustrer ceux-ci ou de démonter des mythes. - Une seconde c’est l’acculturation à une technologie, surtout pour des populations novices avec les sujets technologiques ou prospectifs.
La pop-culture – surtout aujourd’hui qu’elle ne se résume plus à une littérature de niche mais a envahi notre quotidien – peut être une métaphore intéressante pour aborder un sujet. La thématique de la transition écologique peut être ainsi abordée via différents films ou récits que chacun, autour de la table, pourra expliquer et partager aux autres participant. Sans plonger dans les détails des récits, ce partage permet à chacun de réaliser qu’il possède, quoi qu’il puisse en penser, un imaginaire technologique utile aux ateliers d’idéation.
Mettre la science-fiction, et plus largement la pop-culture, dans le paysage de la prospective peut s’avérer payant pour embarquer plus facilement son audience. Et une technique comme cette exploration des imaginaires permet à chacun de s’exprimer sans tomber forcément dans les clichés du genre.
Wargame, c’est l’histoire d’une intelligence artificielle qui menace de déclencher une apocalypse nucléaire. C’est sans doute le tout-premier teen-movie à mettre en scène des geeks, cancres au lycée et connectés en permanence à leur ordinateur. Un peu comme moi sur mon Amstrad 😉
François, à propos du film Wargames de John Badham
Produits dérivés de la fresque
Et pourquoi ne pas profiter des réalisations pour réaliser des cartes postales, cartes de voeux ou autre en-têtes de lettres personnalisés ! Une multitude de vies pour valoriser au mieux l’imaginaire et inspirer vos parties prenantes !
