#5 Cyrus Farhangi | Comprendre les limites écologiques et sociales à la croissance

4 mai 2022
41 mins de lecture

Cyrus Farhangi est consultant. Il intervient auprès d’administrations publiques, d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche et d’entreprises. Ses sujets de prédilection : l’adaptation au changement climatique, la biodiversité, la valorisation des déchets, ou encore le logement social.

Cyrus anime également Plans B, à la fois blog et podcast, dédiés aux questions liées aux limites écologiques et sociales à la croissance.

Engagé, il investit une partie de ses deniers personnels dans l’agroécologie et l’installation de jeunes agriculteurs, sujet qui lui tient particulièrement à cœur et dont il sera question dans l’échange à suivre.

Entretien enregistré le 11 avril 2022

Entretien enregistré le 11 avril 2022

Transcript de l’entretien

(Réalisé automatiquement par Ausha, adapté et amélioré avec amour par un humain)

Thomas Gauthier

Bonjour Cyrus.

Cyrus Farhangi

Bonjour Thomas.

Thomas Gauthier

Alors ça y est, tu es face à l’oracle. Tu sais que tu peux lui poser trois questions sur l’avenir et tu sais que l’oracle te répondra juste à tous les coups.

Quelles sont les trois questions que tu souhaites lui poser ?

Cyrus Farhangi

La première question est sur laquelle je trépigne sur ma chaise chaque jour. Non, parce que c’est une évolution relativement lente.

On va dire qu’il faut au moins attendre quelques années avant de voir la tendance. J’espère vivre assez longtemps pour le voir, même si ce n’est pas forcément… une perspective joyeuse, c’est le niveau de réchauffement auquel aura droit l’humanité à 2050.

J’aurai 67 ans, mais ne serait-ce à 2030, on y verra déjà un petit peu plus clair, à 2040 encore plus. Ce qui est l’éventail d’être possible en consultant les rapports du GIEC qui font la synthèse de la littérature scientifique sur le sujet, c’est qu’on pourrait…

Le climat s’est réchauffé déjà à 1°C. de 1°C par rapport à la période à l’époque pré-industrielle, donc le 19ème siècle. On va peut-être prendre un demi-degré supplémentaire d’ici 10-15 ans, enfin, même assez certainement, quoi qu’on fasse, donc les plus 1,5°C, même si on change du tout au tout le système énergétique, on développe la capture du carbone, on devrait les avoir, et on aurait, selon les… quand même un grand degré d’incertitude sur quand est-ce qu’on aurait le demi-degré d’après, donc pour atteindre 2 degrés de réchauffement, on évalue que ça pourrait être à un moment entre 2035 au plus tôt et 2070.

Alors ce n’est pas entièrement entre nos mains, donc il va y avoir une grosse part de chance là-dedans. Ça peut survenir très tôt si ce qu’on appelle la sensibilité climatique est dans la borne haute, donc particulièrement élevée. C’est quoi la sensibilité climatique ?

C’est le niveau de réchauffement qui correspond à un doublement de la concentration de CO2 dans l’atmosphère par rapport à l’ère pré-industrielle. Ce doublement pourrait survenir quelque part entre les années 50-60.

Ce niveau de réchauffement, on l’évalue entre 2,5 et 4 degrés. L’incertitude est liée au fait qu’on ne connaît pas encore entièrement le rôle des nuages dans tout ça.

L’incertitude a été resserrée d’un facteur 2 dans le dernier rapport du GIEC, donc on est deux fois moins incertain qu’avant, mais il reste quand même une grosse incertitude. Donc voilà, c’est pour dire qu’on soit entre l’intervalle bas et l’intervalle haut, c’est absolument pas le même monde.

Donc dans un scénario donné d’émission, qu’on soit très vertueux ou au contraire qu’on fasse n’importe quoi, il y a beaucoup d’incertitudes encore autour du GIEC. Après, évidemment, les autres variables qui vont jouer, ça va être le succès avec lequel on mène la transition énergétique, donc se débarrasser du pétrole, gaz, charbon qui continuent tous d’augmenter, ou le pétrole plutôt plafonné, mais les deux autres sources, charbon aussi, on revient au niveau d’il y a 8 ans, j’y reviendrai.

Le gaz, la consommation explose. L’agriculture dans tout ça, donc l’élevage intensif est très émissif, la déforestation, donc toutes ces variables déjà pour réduire les émissions de CO2 à la source, il va falloir amener tout ça progressivement vers zéro. en commençant dès cette année à réduire de 5%, puis encore 5% l’an d’après, puis encore 5% après.

Bon, on a déjà du mal à faire les 5 premiers pourcents. Il va y avoir un enjeu technologique avec la capture du CO2, dans quelle mesure on va pouvoir la développer. Ça, c’est une question très importante aussi, parce que la seule réduction des émissions ne suffira pas, c’est mathématique.

Il faut capturer ce qui a été émis, y compris le capturer dans l’air. Donc aller choper dans l’atmosphère ce qu’on a déjà émis.

C’est un sacré défi technologique, je pourrais éventuellement y revenir, mais ça implique soit développer des espèces d’aspirateurs à CO2 qui recapturent ce gaz très très dissipé dans l’air, soit occuper énormément de terre, donc par exemple l’équivalent de la surface de l’Australie, l’occuper avec des cultures qui recapturent le CO2 dans l’air et qu’on convertit en énergie. Sauf qu’au moment de la conversion en énergie, on capture le CO2 dans le sous-sol, ça s’appelle l’ABEX, Bio Energy Carbon Capture and Storage.

Si j’en parle, c’est parce que c’est une des solutions phares imaginées pour recapturer le CO2 dans l’air. Or, certains scientifiques et ONG s’érigent contre ce genre de solution qui va occuper beaucoup de sol, potentiellement nuire à la sécurité alimentaire, provoquer du stress hydrique et dévaster la biodiversité qui ne va déjà pas super bien.

Mais voilà, il faut capturer ce qu’on a émis, c’est mathématique, on y est contraint. Donc ça va poser aussi cet enjeu-là.

Après, il y a des solutions de captage fondées sur la nature, reforestation ou agriculture de conservation des sols, et je reviendrai sur le point de l’agriculture. Donc des enjeux importants aussi, c’est de régénérer les écosystèmes qui recaptent le CO2.

Et puis un dernier enjeu, je le surveille dans un coin de ma tête, plus ou moins attentive, je m’informe beaucoup du sujet, est-ce qu’à un moment on ne va pas être contraint à refroidir artificiellement le climat ? en balançant des aérosols dans la stratosphère. Ça paraît de la science-fiction, mais c’est à l’étude. Et David Keith, un professeur de Harvard, qui est à la pointe sur ce sujet, nous demande « Imaginez un monde à plus de degrés.

Maintenant, est-ce que vous préférez dans ce monde-là avoir un demi-degré de moins ou un demi-degré de plus ? » Donc, ce n’est pas impossible que ce monsieur revienne, se ramène dans les années 30 et nous repose la même question. Maintenant on y est, est-ce que vous préférez le monde avec un demi-degré de moins ou un demi-degré de plus ? Ça ne me fait pas plaisir de penser à ça, mais c’est à surveiller comme sujet.

Voilà un peu le panorama des enjeux que ça pose, cette histoire de climat. Et si j’en parle autant, ça paraît abstrait, plus 1,5, plus 2 degrés et tout, mais c’est assez documenté ce que peuvent être les effets rien que d’un monde à plus 1,5 degré.

C’est par exemple la mort de 90% des coraux. donc des chaînes trophiques dont dépendent les coraux, donc la perte d’emploi pour des millions de pêcheurs qui dépendent de ces chaînes alimentaires, de dizaines de millions, voire de centaines de millions de personnes qui dépendent du poisson comme principale source de protéines. Et donc là, je n’ai parlé que des conséquences sur les coraux.

Il y en a beaucoup d’autres sur les forêts, sur les événements climatiques extrêmes, sur l’étendue d’une maladie comme la dengue et de remontée de maladies tropicales. Le GIEC est parfaitement incapable, et c’est normal, de décrire toutes les conséquences, surtout que le système n’est pas linéaire.

Tout ce qu’on sait, c’est que plus on prend des dixièmes de degré, plus on se rend vulnérable sur des chocs non linéaires, des événements climatiques qui vont interagir avec des risques non climatiques, pour nous poser tout un tas de soucis. En fait, je préfère…

Citer une partie de la synthèse du rapport du groupe 2 du GIEC, celui sur l’adaptation et les risques climatiques, c’est un chapitre qui s’appelle « Les risques complexes, composites et en cascade » . Donc, allez quantifier ça.

Impossible. Je cite « Des risques climatiques concomitants » .

Donc, imaginez une sécheresse là, un feu de forêt ailleurs, une inondation au même endroit, bon bref. Des risques climatiques concomitants et répétés se produiront dans toutes les régions, augmentant les impacts et les risques pour la santé, les écosystèmes, les infrastructures, les moyens de subsistance et l’alimentation.

Les risques multiples interagissent, générant de nouvelles sources de vulnérabilité aux aléas climatiques et aggravant le risque global. Les risques pour la santé et la production alimentaire seront aggravés par l’interaction des pertes soudaines de production alimentaire dues à la chaleur et à la sécheresse, exacerbées par les pertes de productivité du travail, dû à la chaleur.

Ces interactions feront augmenter le prix des denrées alimentaires, réduiront les revenus des ménages et entraîneront des risques sanitaires de malnutrition et de mortalité liés au climat en l’absence d’adaptation ou avec un faible niveau d’adaptation, en particulier dans les régions tropicales. Ces aléas et risques en cascade déclencheront également des points de bascule dans les écosystèmes sensibles et dans les systèmes socio-écologiques.

On ne sait pas comment vont réagir les systèmes humains à ça. Les systèmes socio-écologiques en évolution… rapide et significative, touchée par la fonte des glaces, le DGA, le permafrost, les changements hydrologiques dans les régions polaires, etc.

Dans de nombreuses régions, les incendies de forêt affectent les écosystèmes et les espèces, les personnes et leurs biens bâtis, l’activité économique et la santé. Peut-être pour illustrer par un cas qui me trotte dans la tête en ce moment, fin de citation, imaginons que la méga sécheresse dure au Maroc, encore 5-6 ans, donc cette année c’est une sécheresse exceptionnelle, que la société se voit déstabilisée, déjà c’est un problème en soi purement climatique.

Imaginons que ça interagisse avec un risque non climatique que serait une déstabilisation politique et sociale dans un pays qui fournit 20% du phosphate dans le monde. Et on voit actuellement quels sont les effets du manque d’engrais et de gaz naturel qui sert à faire aussi de l’engrais, mais lié à la crise en Ukraine.

Voilà, et imaginons que la crise en Ukraine ne soit toujours pas finie dans cinq ans. Bon, donc ça peut ressembler à ça, un monde à 1,5 degré déjà.

Donc un monde à 2 degrés, c’est non linéairement pire. Voilà, bon.

Je passe à la deuxième question.

Thomas Gauthier

Écoute Cyrus, quelques rebonds à ta question. Comment est-ce que tu t’expliques encore aujourd’hui, en 2022, le grand écart entre le diagnostic que posent les scientifiques, notamment les scientifiques du GIEC, sur la criticité de l’état du climat, la biodiversité et j’en passe, et de l’autre côté, la timidité des réactions des États, des entreprises et d’autres formes d’organisation ?

Comment est-ce qu’on s’explique ce grand écart alors que les preuves les éléments de diagnostic scientifique vont tous dans le même sens, et que peut-être les climato-sceptiques sont enfin une espèce en voie de disparition ?

Cyrus Farhangi

Eh bien, alors déjà, malheureusement, pas tant que ça. Aux États-Unis, ils restent assez solidement ancrés, notamment chez les chrétiens évangélistes, mais pas que.

En France, ils restent 25-30%, et même plus nombreux chez les jeunes que chez les… Alors c’est un sondage qui m’a beaucoup étonné.

Plus nombreux chez les jeunes que… Mais voilà, je ne dis pas qu’il faut absolument qu’il y ait 100% de gens convaincus, mais le fait qu’il en demeure un quart, un tiers, et effectivement, ils sont beaucoup moins crédibles qu’avant chez les décideurs, dans les milieux qui décident, le diagnostic est accepté, mais quand même, on se passerait bien d’avoir un quart de gens qui pensent toujours que tout ça, c’est des bêtises.

Ensuite, la culture climatique, et ça, je jette le relève d’ailleurs, reste quand même assez faible. Le genre de choses que je viens de dire, qui est dans le résumé du GIEC, donc ça fait 30 pages résumées aux décideurs, mais quel pourcentage des décideurs l’ont vraiment lu, l’ont vraiment débattu en urgence à l’Assemblée nationale de France et l’équivalent dans tous les autres pays, ont pris un moment pour le faire.

Il y a toujours d’autres urgences qui font que le climat passe au second plan aussi, et ça, ça peut se comprendre dans la mesure où, il faut quand même l’admettre, on voit énormément de signes inquiétants. Mais il demeure encore difficile d’attribuer telle pénurie alimentaire ou tel dommage de manière sans équivoque au climat.

Ce sera peut-être davantage le cas dans cinq ans, au point de vraiment se sentir un gros coup de pied aux fesses. Ce sera peut-être davantage le cas lorsqu’il fera plus 1,5 degré, sauf que déjà on aura encore plus raté la fenêtre de tir.

Donc c’est ça un peu le drame de la situation, il y a une inertie en politique, il y a une inertie sociale, il y a une inertie dans les comportements, même quand on est motivé à réduire par soi-même les émissions de CO2, soit on peut se sentir seul, soit on ne fait pas assez, soit on n’a pas les bons ordres de grandeur en tête, et on n’est pas exactement, on éteint la lumière en sortant, or ça ne fait pas une grosse partie du boulot. Il y a aussi beaucoup d’inertie dans le système énergétique, alors ça, Thomas, le centre de la réponse, c’est plutôt ça. la difficulté à se débarrasser des énergies fossiles.

Surtout si c’est pour les remplacer par des énergies, alors c’est bien le solaire, l’éolien, tout ça, mais on pourra y revenir. Mais on voit bien qu’en ce moment, pour surmonter la crise énergétique actuelle, qui n’a pas attendu la guerre en Ukraine, ça l’a accéléré, mais dès 2021, il y avait déjà une crise énergétique liée à tout un tas de facteurs, la demande post-Covid, qui est repartie plus rapidement que les gens ne s’y attendaient. donc l’offre énergétique n’était pas forcément au rendez-vous.

Et puis il y a quand même des facteurs structurels, d’épuisement des puits de pétrole conventionnels par exemple, où la Chine et l’Inde qui avaient amorcé une sortie du charbon et donc ils se prennent un déficit d’offres en pleine explosion de la demande. Et donc ce qu’on a observé dans ces circonstances-là, Ce que j’ai observé du moins, ce n’est pas tout à coup, youpi, c’est l’occasion qu’on attendait pour développer des panneaux solaires et des éoliennes et des réacteurs nucléaires partout qui vont alimenter des véhicules électriques.

Alors, le solaire, l’éolien et même la voiture électrique maintenant décollent très fortement, mais c’est encore loin de se substituer massivement aux énergies fossiles qui restent quand même des sources denses. pilotables, ça veut dire on en a quand on veut, stockables d’énergie, le pétrole est le plus avantageux. Tout ça, bon, je reprends ce que nous enseigne quelqu’un comme Jean Covici, au-delà du fait que c’est parfois cher, parfois pas cher, c’est physiquement avantageux et difficile à remplacer.

Ensuite, un système énergétique, ça ne s’improvise pas comme ça. En termes de transition, ça évolue lentement, sur des pas de temps de 10, 20, 30, 50 ans, ça nécessite quand même un certain courage d’aller un peu contre nature. de ces sources d’énergie quand même avantageuses pour les remplacer par des sources qui vont nécessiter peut-être plus de sobriété ou peut-être pas avoir de l’énergie quand tu veux, en tout cas qui n’offrent pas le même service.

Donc pour le moment, on a aussi un problème technologique, tout simplement. Les technologies nouvelles offrent certains avantages, mais pas tous les avantages qu’offraient les énergies fossiles, qui sont donc durs à remplacer.

C’est possible, mais on ne le voit encore très peu. Là où on en est, c’est que les énergies renouvelables, nouvelles énergies renouvelables, éolien et solaire, représentent 2% du mix énergétique mondial.

On va vers les 3%. Et à ce rythme-là, ce n’est pas exclu que d’ici 10 ans, ça représente 10-15%.

C’est relativement rapide d’ailleurs par rapport à l’histoire de l’énergie, si ça se passe comme ça. Le pétrole n’a pas forcément décollé beaucoup plus rapidement au début du XXe siècle.

Donc tout ça, finalement, c’est dans l’ordre des choses. Après, une grande question, c’est est-ce que ça va remplacer la grosse couche d’énergie fossile sur laquelle le monde prospère, même si beaucoup restent marginalisés ou exclus de cette prospérité ?

Ou est-ce que ces nouvelles sources d’énergie vont juste s’empiler par-dessus les énergies fossiles, et on serait dans ce que Jean-Baptiste Fressoz appelle l’accumulation symbiotique des énergies ? Vincent Mignereau va encore plus loin en parlant de renforcement synergique des énergies, c’est-à-dire les nouvelles sources d’énergie dites de substitution, non seulement ne remplaceraient pas les énergies fossiles et ne transformeraient pas le système, mais elles en renforceraient le fonctionnement, c’est-à-dire encore plus de croissance, le nucléaire, le solaire, l’éolien, etc.

Encore plus de croissance, donc encore plus de consommation matérielle, énergétique, etc. Pour simplifier. le propos de Mignereau.

Je ne sais pas dans quel sens vont aller les choses, je ne suis pas l’oracle, mais en tout cas voilà pourquoi ça bloque. Si les technologies étaient miraculeuses, qu’elles remplaçaient facilement les choses, oui on n’aurait pas ces problèmes-là, c’est sûr.

Si le climat s’abattait déjà sur nous, au point que les choses deviennent invivables, et qu’on ait encore largement le temps de redresser la barre derrière, je serais quelque part plus optimiste aussi. Or on n’est pas dans cette situation-là non plus.

Thomas Gauthier

Il y a un mot que tu as employé à plusieurs reprises, je n’ai pas compté, tu as parlé de système, de systémique, tu as cité aussi le dernier rapport du GIEC où il est fait mention du système socio-écologique. De l’autre côté, j’ai l’impression que quand on attend que le climat soit à coup sûr le principal facteur qui détériore nos conditions de vie actuelles ou bien les conditions de vie économique d’un pays, on reste dans une pensée qui est parfaitement analytique où on espère que Un jour, le climat sera entre guillemets le principal coupable et donc toutes les forces vives de ce pays et des pays du monde entier s’uniront pour enfin se hisser à la hauteur des enjeux climatiques.

Comment est-ce que l’on peut promouvoir une pensée systémique, c’est-à-dire une pensée qui n’attend pas que le climat soit un jour, par une opération quasi magique, la seule cause des difficultés que les sociétés rencontrent ? Comment est-ce que l’on va d’une pensée analytique vers une pensée systémique ?

Cyrus Farhangi

Oula ! grande et bonne question surtout que les gens n’ont pas forcément tant de temps à accorder à tous ces sujets, moi qui accorde beaucoup de temps j’ai extrêmement loin de vraiment tout saisir c’est d’ailleurs un peu le reproche aussi qu’on peut faire éventuellement à cette idée de pensée systémique c’est que c’est très complexe et donc à force on en parle avec beaucoup d’abstraction bon moi je n’ai pas d’autres comment dire voient offrir que s’intéresser au maximum à toute la diversité des sujets qui nous concernent. Moi je suis loin de tout saisir, mais là effectivement on a fait un long échange sur le climat, mais parlons d’énergie, bon ça c’est directement lié, d’agriculture et de biodiversité.

Les deux sont liés entre elles et aux questions énergétiques et climatiques. Je pourrais y revenir lorsqu’on parlera d’agriculture, mais l’agriculture est la clé de voûte. une des clés de voûte à la fois de la question climatique, énergétique et de biodiversité.

Toutes ces variables, rien que ces quatre-là, s’influencent énormément entre elles. On n’a pas évoqué les questions sociales, ne serait-ce que l’éducation, les questions identitaires, les questions de justice sociale, d’équité face à la transition ou à la descente énergétique et matérielle, de lutte des classes, c’est un sujet qui me tient aussi beaucoup à cœur. la manière dont les différentes classes sociales vont interagir et porter le charge de l’effort à fournir est absolument majeur.

Un sujet que je ne maîtrise pas du tout, mais des questions de pollution, quelque chose comme les perturbateurs endocriniens, les pollutions plastiques et les effets que ça a sur la santé, sachant que tous ces effets sont encore assez inconnus. Entre les incertitudes, la vasteté des sujets, chaque sujet, et la complexité des… de tous ces sujets, enfin des interactions de tous ces sujets entre eux, ça fait que oui, cette question de systémique, hormis passer beaucoup de temps à contempler, à essayer de s’informer, à essayer de comprendre, pendant qu’on fait ça, à part la consommation d’énergie que nécessite d’aller sur Internet et de se renseigner, au moins on peut, on contemple, on s’informe et on se renseigne, prendre une posture un peu humble par rapport à tout ça.

Et des fois, j’en viens à me dire, bon, une philosophie, bon, pardon, je dérive un petit peu, mais une philosophie comme le taoïsme, qui date d’il y a 2500 ans, qui est dans la contemplation, un peu l’humilité, face au grand ordre des choses, face à la complexité, est quelque chose d’intemporel, dans lequel on devrait se replonger. Donc, mettre aussi un petit peu de spiritualité dans tout ça, et moins de technique, et dire que, bon, au final, on fait beaucoup d’équations, de chiffres, de tout ça, et on en arrive souvent à des conclusions de… finalement peut-être philosophique aussi par rapport à notre place dans le monde.

Je ne pense pas répondre vraiment à ta question, parce qu’elle est vraiment très complexe, et j’y réponds par plus de complexité, en essayant de trouver une sortie un peu ouverte.

Thomas Gauthier

J’ai l’impression que tu y réponds justement avec la dose d’humilité qu’appelle la pensée systémique, et puis tu as ouvert un tout petit peu une porte que du coup j’aimerais bien que tu ouvres un peu plus grand sur le sujet de l’agriculture. Est-ce que tu as des questions à poser à l’oracle sur ce sujet-là ?

Cyrus Farhangi

Tout à fait, c’est une des trois questions que j’avais. La première, c’était sur le climat et quel sera le niveau de réchauffement plus tard.

Et on a vu que ça peut aller du tout au tout, transition énergétique ou pas, capture de carbone ou pas, géoingénierie ou pas, sensibilité climatique plus ou moins. Bon, voilà, je ne reviens pas dessus.

L’agriculture, la question que je poserai, c’est quelle part des terres agricoles dans le monde et en France se seront converties à l’agroécologie ? Alors, à ne pas confondre avec l’agriculture bio.

On peut avoir une exploitation fonctionnant en agroécologie et ne remplissant pas forcément le cahier des charges du bio. On peut avoir du bio qui n’est pas forcément agroécologique parce qu’on travaille le sol de manière très importante et on détruit la vie qui est dedans.

C’est possible avec le bio parfois. Des engrais bio peuvent provoquer des excès d’effluents d’engrais organiques dans les cours d’eau et provoquer… ce qu’on appelle l’eutrophisation de l’eau, donc les algues vertes en Bretagne, pour la faire courte, lorsqu’on prive des milieux, des écosystèmes marins proches des côtes, qu’on les prive d’oxygène, parce que l’excès des fluents agricoles provoque une prolifération de plantons qui privent la vie locale, non seulement de lumière, mais aussi de nutriments.

Donc bref, qu’est-ce que l’agroécologie ? C’est un ensemble de choses qui va concerner…

Alors déjà, il n’y a pas de dogme, il n’y a pas un cahier des charges où il faut absolument faire ceci, il faut absolument faire cela. Les grands principes, ça va être de limiter, voire d’arrêter complètement le travail du sol, le labour, ou de faire un labour très light, peu profond, ou carrément de cesser le travail du sol.

Maintenir les sols couverts en permanence, soit par une couverture végétale de végétaux morts, soit par ce qu’on appelle des intercultures, c’est-à-dire qu’entre le moment de la récolte… et la période suivante de semis, maintenir le sol couvert, donc ne pas le laisser à poil face au soleil, au vent, aux pluies qui provoquent ruissellement et perte de sol, et donc un excès d’érosion des sols par rapport à l’érosion naturelle. Donc on perd du sol chaque année quelques millimètres, donc au bout de siècles ou de millénaires, on se retrouve avec des sols désertifiés.

Donc l’état des sols dans le monde est très mauvais. Il faut retourner là.

Donc, limiter le travail du sol, la couverture permanente, la rotation et la diversification des cultures. Le chanvre s’intègre très bien, par exemple, dans la rotation des cultures, les pâturages, les bêtes s’intègrent très bien, fournissent de l’engrais. par opposition aux monocultures intensives.

Et puis, tout un tas de pratiques comme replanter des haies qui fournissent beaucoup de services écosystémiques. Donc concrètement, les bénéfices de tout ça, et je vais faire le lien avec les questions climatiques, énergétiques et biodiversité, les bénéfices de tout ça, c’est très clairement tout d’abord faire revenir la vie. 50% des terres émergées en France sont des terres agricoles.

Le reste, c’est des forêts, des villes et des montagnes. Ce sont des terres agricoles.

Donc déjà, ça occupe de la surface. L’agriculture, entre le labour, l’utilisation de pesticides, d’engrais, etc., a énormément de conséquences sur la biodiversité.

J’ai parlé tout à l’heure des algues vertes en Bretagne, il y en a beaucoup d’autres. La dégradation de la vie dans le sous-sol, les vers de terre, les insectes, les coccinelles.

Tout ça a des conséquences sur la vie au-dessus du sol. Les oiseaux, les hérissons, tout un écosystème qui meurt.

Ce n’est pas la peine d’être biologiste pour constater que dans les campagnes françaises ou ailleurs, il n’y a plus beaucoup de vies. N’importe qui qui aurait vécu à la campagne il y a 50-60 ans, il voyait plus de grenouilles, d’oiseaux, d’hérissons. Ça paraît évident, ce n’est pas la peine de faire des chiffres.

D’ailleurs, on parlait de climato-scepticisme, il y a aussi un biodiversité-scepticisme qui utilise à peu près les mêmes méthodes. Donc biodiversité très important, et ce qui se passe sur terre a aussi un impact sur la mer.

Il y a un gros enjeu énergétique pour que l’agroécologie permette aussi de préparer l’agriculture moins dépendante du pétrole. Donc moins de travail du sol égale moins de passage avec le tracteur, donc moins de carburant. sans forcément éliminer totalement les engrais de synthèse ou les pesticides et herbicides.

On peut beaucoup les limiter, et tout ça, c’est des produits dérivés du pétrole et du gaz. L’enjeu énergétique est absolument énorme, et on voit bien en ce moment que les agriculteurs souffrent énormément de la hausse du prix du gaz et du pétrole, et donc de tous les intrants. extrêmement important.

Tout ça, c’est une question de sécurité alimentaire aussi. Donc, maintenir des rendements quand même à peu près corrects, pouvoir nourrir le monde, c’est un énorme enjeu.

Remettre de la fierté dans le métier d’agriculteur, où souvent on se sent seul. Pour les agriculteurs aussi, c’est triste de voir la vie disparaître et d’être vulnérable face au prix du pétrole.

Et, c’est mon dernier point, vulnérable face aux aléas climatiques. sécheresse, inondation. Alors à nouveau, l’agroécologie, ça ne va pas être la panacée, mais à force de travail excessif du sol, de labours, alors au début c’est bien, ça aère le sol, etc., mais avec le temps, on tasse, on compacte, on fait perdre au sol sa capacité d’infiltration et sa porosité.

Alors en français, qu’est-ce que ça veut dire ? L’eau va moins bien s’infiltrer dans le sol, le sol va moins bien le retenir, donc déjà ça va augmenter les besoins en irrigation.

Bon, en soi, l’irrigation, c’est aussi des ressources, donc c’est aussi une question d’eau, tout ce que j’évoque. Et pour en revenir à la question de résilience face aux événements climatiques extrêmes, une meilleure capacité d’éponge du sol le rend moins vulnérable lorsqu’il y a une inondation, parce qu’il retient mieux l’eau, il ne se sature pas.

Et en cas de sécheresse, il aura stocké plus d’eau, et il est plus en mesure de libérer cette Ausha. Donc, je ne fais pas un dessin, les événements climatiques extrêmes vont être de plus en plus fréquents et de plus en plus amples.

Donc ça aussi, tous les… il y a beaucoup de chiffres dans les rapports du GIEC et à nouveau j’insiste, ce n’est pas linéaire les agriculteurs sont en première ligne face à ça ils le vivent déjà de plus en plus donc le sol est aussi une clé de voûte pour en termes de résilience, pour absorber les chocs climatiques futurs et s’adapter aux changements climatiques donc voilà, ça pose aussi des enjeux de stopper l’artificialisation enfin arrêter de bétonner, tout ça est précieux voilà, c’est un sujet finalement assez peu connue, mais qui nécessiterait vraiment une implication politique de la part de beaucoup pour pousser ces sujets-là, soutenir les agriculteurs qui se lancent là-dedans. Ce n’est pas facile, je tiens à les saluer. Ça ne se prête pas à tous les types de sols, je ne rentre pas plus que ça dans la technique, mais c’est absolument déterminant.

Je ne suis pas forcément 100% optimiste dessus, dans le sens où ça décolle de l’épaisseur du trait, cette transition-là. Voilà, c’est maintenant quelques pourcentages, il n’y a pas de chiffres exacts, mais quelques pourcentages des terres en France pratiquent la chose.

Finalement, c’est au Brésil et aux États-Unis que c’est développé un peu à grande échelle. Je n’aurais pas donné de chiffres, mais je ne serais pas étonné que ce soit plusieurs dizaines de pourcents de certaines régions des États-Unis ou du Brésil qui pratiqueraient l’agriculture de conservation des sols.

Donc on a des exemples de modèles. Je ne suis pas forcément entièrement optimiste, bon effectivement ça décolle un petit peu, mais on se balade dans les campagnes, on voit encore que beaucoup de sols sont nus, et il y a des résistances évidemment face aux changements.

Thomas Gauthier

Merci Cyrus. Alors attends, ça fait donc deux questions, il t’en reste une troisième, qu’est-ce que tu veux demander à l’oracle maintenant ?

Cyrus Farhangi

En lien avec les deux premières questions, mais finalement, quel sera le mix énergétique tout simplement dans le monde et en France ? Donc déjà, quelle est la quantité totale d’énergie qu’on consommera et quelle sera la répartition par source d’énergie ?

Pétrole, charbon, gaz, énergie renouvelable, nucléaire, hydroélectricité, qui est une forme d’énergie renouvelable, biomasse, tout ça extrêmement important parce que l’énergie définit ce qu’on a, beaucoup de ce qu’on est, de notre quotidien, de nos faits et gestes, en quelle quantité on en consomme. sous quelle forme, carburant liquide, électricité, tout ça. Et d’où elle provient cette énergie ?

Est-ce qu’on en est plus ou moins souverain ou est-ce qu’on est très dépendant de l’extérieur ? Donc tout ça est extrêmement important.

Et je veux quelque part se réjouir que… Enfin non, ce n’est pas du tout réjouissant.

Mais la guerre en Ukraine, évidemment pas. Mais qu’il y a une prise de conscience par rapport à ça.

Donc voilà, l’énergie, ça existe. Le pétrole et le gaz, ça existe.

On a beaucoup parlé électricité en France et encore sous l’angle nucléaire ou renouvelable. Ben voilà, le pétrole et le gaz c’est extrêmement important, ça va définir beaucoup de choses.

Il y a beaucoup de variables que j’ignore. Est-ce que ça fait 10-15 ans que dans un pays comme la France on consomme 1% de pétrole et de gaz en moins chaque année ?

Pour l’instant c’est plutôt gentil, même s’il y a des petits chocs au passage. Mais voilà, est-ce que ce rythme-là va s’accélérer ou pas ?

Est-ce que cette accélération va se faire gentiment ou pas ? Est-ce que l’État va juste laisser la hausse des prix écraser les plus pauvres ?

Ou est-ce qu’il va procéder à des rationnements, à fixer des quotas sur les usages, par exemple, non essentiels ? Est-ce qu’il va imposer des normes ?

Le poids maximum d’une voiture, une température maximum de chauffage, plein de choses comme ça. Et comment va réagir et se réorganiser la société ? covoiturage, télétravail, etc.

Et surtout, quelles innovations technologiques ça va potentiellement accélérer, parce qu’il ne faut pas tout le temps voir des contraintes, des contraintes, on va devoir changer, il faut être plus sobre, non, on va aussi voir des innovations, à la fois sociales et technologiques, et je suis curieux de voir lesquelles elles seront. Par nature, c’est un peu imprévisible, et une fois dos au mur, on devrait, j’espère, accélérer cette innovation.

Voilà tout.

Thomas Gauthier

On a passé pas mal de temps avec toute notre attention tournée vers le futur. Je te propose maintenant, Cyrus, pour la deuxième partie de l’entretien qu’on regarde dans le rétroviseur.

Est-ce que tu peux nous ramener de notre histoire deux ou trois événements que tu considères comme des événements clés ou des processus clés qui peuvent nous servir de repère pour le présent et pour l’avenir ?

Cyrus Farhangi

Tout à fait. Les pénuries de pétrole par le passé.

Il y a eu deux épisodes, notamment, auxquels je pense. la Deuxième Guerre mondiale, notamment en Angleterre, où il a fallu faire extrêmement peu, enfin ils étaient sous, je ne sais pas si c’est le bon terme, sous blocus, enfin ils étaient isolés. Et à l’époque, on ne parle pas de la consommation de pétrole d’aujourd’hui, c’était déjà des niveaux très très bas en 1939 en Angleterre.

Et puis ils ont dû s’organiser, faire avec ce qu’ils ont, rationner, rationner, rationner, jusqu’à quasiment atteindre 0 litres par mois par habitant. notamment au cœur de la bataille de l’Atlantique, sauf pour les travailleurs essentiels. Donc les médecins et les infirmières, par exemple, avaient accès à une essence teintée, qu’on puisse reconnaître et tracer, à prix bloqué.

Les travailleurs non essentiels, et tout ça doit évoquer des choses et j’y reviendrai, avaient d’autres tarifs et une essence non teintée. Dans toujours ce premier… événements historiques, cette série, il y a aussi les chocs pétroliers des années 70, 73 et 79.

Je vais revenir sur 73, et pas sur 79, mais 73, donc c’est l’embargo de l’OPEP, notamment sur les pays qui ont soutenu Israël dans, oula, ma mémoire flanche, il me semble, la guerre des six jours, ou la guerre du Kipour, je suis désolé pour ceux qui nous écoutent, mémoire flanche. Donc, soudainement, plus rien, mais beaucoup moins de carburant disponible dans les stations.

Alors, il y a eu des normes drastiques de prise, dont on pourra à nouveau, dans toute l’Europe, donc à nouveau des quotas, en Hollande, des rations de fioul et de gaz de chauffage, et si on dépassait sa ration, on avait une lourde amende. Donc voilà, le moment où chacun s’est serré les coudes pour surmonter cet épisode, un peu partout en Europe, on en a vu.

Pour faire un focus sur la France, et ça va me ramener aux questions d’innovation, mais aussi d’intervention de l’État, c’est ce choc pétrolier-là qui a eu deux événements extrêmement importants et deux tendances dont on tire encore les dividendes aujourd’hui. Un, c’est l’accélération du programme nucléaire civil.

Alors, ce n’est pas juste plus d’électricité, c’est aussi l’électrification de tout un tas d’usages qui, jadis, fonctionnaient au pétrole, comme le train, comme l’éclairage, comme le chauffage. Donc beaucoup de choses ont été électrifiées et beaucoup plus d’électricité bas carbone, même si ce n’était pas la motivation de l’époque du tout, c’était plutôt la souveraineté énergétique.

La France sortait aussi du charbon et de l’épuisement de ses mines de charbon. Donc une double contrainte énergétique qui a fait qu’on a lancé un des programmes industriels et énergétiques à la fois les plus ambitieux et les plus efficaces et les plus effectifs que le monde ait jamais connu.

L’année 80 et 90, on a construit 30 ou 40 réacteurs, on n’a rien de temps. Une autre mesure, c’est l’augmentation de la TICPE. À l’époque, je ne sais pas comment ça s’appelait, mais il n’y avait presque pas de taxes sur les carburants.

Or, là, on s’est dit qu’il faut être un peu plus dans l’anticipation. Concrètement, nous n’avons rien sous nos pieds.

Il faut essayer de contrôler, juguler notre dépendance et notre consommation. Maintenant, on s’en rend compte des taxes, parce qu’elles frappent surtout les plus pauvres.

Mais pendant assez longtemps, c’était plutôt indolore à comparer aux États-Unis où l’essence est beaucoup moins chère, mais ils se retrouvent dans un état de dépendance pétrolière beaucoup plus grave que nous, vraiment sans comparaison. Déjà, ils en consomment beaucoup plus, alors certes, ils en ont sous leur sol, mais ils en consomment beaucoup plus, leurs villes sont configurées d’une manière qui est complètement inadaptée à l’après-pétrole, et même si l’essence n’est pas chère du tout, même une légère remontée du prix du carburant, alors qu’on parle d’un pays aux pipes par habitant beaucoup plus élevées. même une légère remontée du prix du carburant leur est insupportable.

Bon, je nous vois quand même un peu plus résilients que ça. Nos villes, certes, se sont beaucoup pétalées, mais pas autant.

Et ce niveau de prix a permis de contrôler ça sans même qu’on s’en rende compte. Et on a tenu bon.

Donc à aucun moment, par mesure électoraliste, on est venu dire on supprime cette taxe. Bon, soit dit en passant, elle rapporte beaucoup à l’État.

Donc on ne va pas supprimer une source de revenus. Mais voilà le fruit de cet épisode-là.

Je fais un fast-forward vers le futur, un autre événement que j’ai trouvé très intéressant. C’est un ensemble d’événements, mais je m’intéresse à ces questions énergétiques et climatiques depuis 2005.

Or, depuis 2016-2017, ça s’est énormément accéléré, pour une grande raison qui est que tout à coup, énormément de gens ont commencé à s’y intéresser. Et donc, plutôt que d’être seul dans mon coin, de temps en temps lire un article qui relaie un rapport du GIEC, un peu me morfondre aussi dans mon coin. et un peu être l’écolo de service tout seul, qui a réduit sa consommation de viande ou que sais-je, et que les gens regardent bizarrement.

Tout à coup, je vois énormément de gens affluer de toutes parts. Alors, les réseaux sociaux nous rapprochent, c’est sûr, mais en nombre, ça a augmenté.

Donc, beaucoup de « nouveaux venus » , et c’est très bien, qui apportent de nouvelles idées, qui en très peu de temps aussi apportaient des idées auxquelles moi, je n’avais jamais pensé. Et bon, je pense que des gens comme Jean Covici, qui a pris une nouvelle dimension depuis quelques années. ceux qui ont émergé, Pablo Servigne et la collapse au Sphère, on va dire, quelqu’un comme Yves Cochet, qui a théorisé des choses sur l’effondrement, avec lesquelles je ne suis pas tout à fait d’accord.

Il y a eu la marche sur le climat, il y a eu le mouvement des Gilets jaunes, qui est quand même un événement énergétique et aussi lié à la lutte contre le changement climatique, auquel on a très bien répondu par un des meilleurs exercices démocratiques de notre histoire, que fut la Convention citoyenne pour le climat. 150 citoyens tirés au sort qui… comme reflet du reste de la population ne connaissait pas grand chose à ces sujets, qui ont été informés par des experts de toute discipline, et qui ont pondu 150 propositions qui franchement sont cohérentes, sont de qualité, un meilleur travail que ce que n’importe quel groupe parlementaire pourrait produire, j’ai envie de dire chapeau. Donc tout ça est venu encore alimenter les idées.

Malheureusement cette convention n’a pas été respectée, enfin Macron n’a pas tenu sa promesse, le gouvernement n’a pas tenu sa promesse. Donc voilà, toute une série de choses intéressantes qu’on voit depuis quelques temps, et puis un peu les dissonances cognitives et les interrogations que se posent beaucoup de gens dans leur travail, est-ce que ce que je fais a du sens, etc.

Je trouve que c’est assez récent, et puis on constate une espèce de grande démission, qui n’est pas que du fait de l’écologie, mais une espèce de grande démission, des bullshit jobs, des trucs comme ça. Donc je trouve qu’il y a un courant de pensée intéressant quand même qui traverse la société, et que les gens se sont constitués beaucoup de récits alternatifs depuis quelques temps. se sont aussi rendus compte que la question par exemple climatique, ce n’est pas que des articles de presse, ce n’est pas que de la science, ce n’est pas que sauver les grenouilles. même si c’est très important de sauver les grenouilles.

Un des deux grands intérêts de la lutte écologique, un, c’est préserver le vivant, en soi c’est un objectif, deux, c’est assurer la sécurité des sociétés humaines. Et c’est l’autre point sur lequel je voulais venir, c’est qu’il y a eu cette prise de conscience que l’écologie, c’est aussi une question de sécurité.

D’ailleurs, dans le paysage politique, c’est surtout Delphine Bateau… et le mouvement Génération Écologie que j’ai rejoint, je préfère être transparent, qui porte cette idée-là. Donc voilà, ce n’est pas abstrait, ce n’est pas le Bangladesh en 2100, même si la situation du Bangladesh risque d’être absolument dramatique.

Effectivement, le pays est plus vulnérable que la France, mais ne pas croire que ce sera pour nos petits-enfants et que ce sera pour les pays pauvres. Non, c’est une question de sécurité à plein d’égards.

Le scénario que j’ai un peu développé tout à l’heure sur le Maroc concernerait évidemment la France. Et en France même, les forestiers, les agriculteurs, les guides de haute montagne et beaucoup d’autres acteurs sont déjà confrontés au changement climatique et on n’est qu’en 2022.

Et j’insiste, la chose n’est pas linéaire. Donc non, c’est maintenant, le futur est déjà là.

Et cette prise de conscience est très récente et je crois que c’est plutôt une bonne chose. Le troisième événement, je fais un slow forward, c’est les deux dernières années qu’on a vécues.

Bon, on a eu trois fois deux mois confinés chez nous pour réfléchir au monde qu’on voulait. Voilà, ce qui a primé, c’est le retour à la normale, finalement.

Ce qui est inquiétant, on n’a pas saisi l’occasion de partir sur de nouvelles bases, que ce soit politiquement ou socialement. Et bon, ça a été surtout politiquement.

On est d’accord, on ne fait pas un plan politique comme ça, dans l’urgence, où on renverse la table, mais quand même, il y a eu le temps pour réfléchir. Donc, occasion ratée.

Et puis par la suite, le redémarrage rapide de la demande, combiné à des facteurs structurels sur l’offre d’énergie, a provoqué une crise énergétique, par la suite aggravée par la guerre en Russie. Mais il y avait déjà une crise du charbon en Inde et en Chine, et il y avait déjà une crise du gaz en Europe. À quoi on a réagi ?

Ce n’est pas très encourageant. Je ne vois pas forcément un sursaut de type années 70. même si je n’étais pas né à l’époque, mais par exemple un programme nucléaire, la TICPE, enfin un peu des choses nouvelles.

Je ne vois pas forcément ça se constituer, j’ai l’impression qu’on bouche les trous. En Chine et en Inde, on a redémarré le charbon de plus belle.

En 2021, en Allemagne, le charbon est redevenu la première source d’électricité. Pour boucher les trous, en Chine, ils ont rationné le diesel des camions pour pouvoir fournir du diesel aux usines qui n’avaient plus de charbon.

En Europe, comme on a pu, on a remplacé du gaz par du fuel. Enfin bref, je ne vois pas beaucoup de substitution d’énergie fossile par des énergies bas carbone, mais des substitutions d’énergie fossile entre elles.

Malheureusement, je préfère être lucide. Donc ce n’est pas forcément très encourageant. et de même Alors, je comprends, évidemment, les prix explosent et les ménages très fragiles, il faut absolument les aider.

Mais quelque chose comme la remise sur le prix du carburant de 18 centimes pour tout le monde, donc on subventionne ou du moins on réduit le prix. Ce n’est pas vraiment une subvention, c’est une réduction de taxes, on va dire.

Peu importe. On fait une remise tout autant à l’infirmière qui se rend au travail en Dacia, dans une zone où on ne peut pas vivre sans voiture. on a tout autant cette personne par litre acheté que celui qui se balade en SUV par plaisir, sans vouloir opposer les gens entre eux.

Donc cette distinction essentielle, non essentielle, je pense qu’à un moment, elle va être importante à mener, que juste laisser les prix écraser les plus pauvres et après arroser tout le monde, c’est un peu du bricolage. L’argent, ça ne se mange pas et ça ne fait pas rouler des voitures, donc je ne vois pas, là, ce n’est pas durable ce qu’on fait.

Donc je suis curieux pour la suite à voir, mais si la crise actuelle devait s’aggraver, est-ce qu’on va agir vraiment au niveau de quotas, de normes et de nouvelles règles du jeu ? Des tarifs préférentiels pour les travailleurs essentiels par exemple ?

Des tarifs progressifs qui augmentent selon les niveaux de consommation ? Alors ça peut être des entreprises ou des particuliers.

Des tarifs préférentiels ou des… Quota préférentiel pour les entreprises essentielles, l’idée a été évoquée par, j’ai oublié son nom, un des patrons de l’industrie en France, de dire, là, il faut rationner le gaz, et favoriser les entreprises à forte valeur ajoutée ou essentielles.

Je suis curieux de voir la suite. Pour l’instant, on est au milieu du guet.

Thomas Gauthier

Je pense qu’il est temps, Cyrus, de faire un petit point de situation sur tous les éclairages que tu nous as ramenés, à la fois des futurs et du passé. Pour nos auditeurs, et remettre un petit peu en ordre tous les sujets, tu as commencé par nous parler niveau de réchauffement en 2050. À partir d’une question qui paraît assez focalisée sur un nombre de degrés, tu as ouvert le champ en nous expliquant… que la question de température était intimement liée à des questions de technique, à des questions de société, à des questions de géopolitique.

On s’est beaucoup parlé de systémique. Tu nous as, dans cet élan systémique, branché aussi sur le sujet de l’agroécologie.

Tu nous as parlé mix énergétique d’un pays comme la France, avec l’interconnexion entre mix énergétique et tissu social. Puis, quand il a été question d’aller voir dans l’histoire, tu ne nous as pas ramené d’événements. mais bien des processus, des lames de fond, en commençant par la lame de fond qui démarre avec la Seconde Guerre mondiale et qui se poursuit avec les crises pétrolières des années 70, où finalement des sociétés tout entières ont dû faire face à des périodes de pénurie, ont dû mettre en place des systèmes de rationnement, parfois effectivement à la hauteur des enjeux.

Tu nous as raconté d’ailleurs que ces crises pétrolières ont encore en France aujourd’hui des effets tout à fait bénéfiques avec l’électrification. dont tu nous as rappelé un petit peu l’histoire. Tu nous as raconté aussi qu’au plan, je dirais, individuel, spirituel, éthique, la vague Collapso, pour l’appeler ainsi, Pablo Servigne et consorts, a certainement nourri des imaginaires, a élargi des imaginaires, a permis peut-être à certains qui se sentaient coincés dans un récit officiel du futur d’en envisager d’autres.

Mais alors maintenant, la question qui s’impose, Cyrus, elle est évidente. Comment est-ce que toi, au quotidien, tu t’efforces d’accorder actes et paroles ?

Comment est-ce que tu penses ta vie ? et tu vis ta pensée. Raconte-nous un tout petit peu comment Cyrus Faranghi assure la concordance des temps.

Cyrus Farhangi

Non, comme pour tout le monde, ce n’est pas vraiment 100% évident. Bon, il y a un côté, effectivement, agir en tant que consommateur selon ce que chacun peut s’informer sur quelles sont les sources importantes d’émissions de gaz à effet de serre, de destruction de la biodiversité, de pollution, tout ça.

Réduire sa consommation de viande, moi, personnellement, sans forcément totalement l’éliminer. faire plus de trains et moins d’avions, essayer toujours de me passer de la voiture, même si pour ceux qui font une transition néo-rurale, c’est très difficile de se passer de la voiture, d’avoir une voiture peu consommatrice. Plein de petites choses comme ça, mais c’est important de se dire les petits gestes, ou plus ou moins grands gestes, parce que ça peut aussi… entraîner des changements assez importants de mode de vie par rapport à un entourage qui n’est pas tout à fait sur les mêmes manières de consommer.

Des proches, ça va, mais déjà un cercle plus large, ça fait un peu plus ovni. Parenthèse refermée.

Les gestes individuels, ça peut faire un quart, un tiers du boulot. On n’est pas que des consommateurs, on est aussi des électeurs, surtout en ce moment.

La politique, c’est très important. Il faut qu’il y ait une demande politique pour de nouvelles règles du jeu.

Et tant qu’on ne milite pas pour, ou tant qu’on ne fait pas des propositions pour surmonter les crises qui nous permettraient de changer de braquet, il ne se passera rien, concrètement. J’ai parlé de normes et de quotas.

J’aimerais bien que ce genre de choses soient davantage débattues. Je m’engage en politique.

J’ai parlé de génération écologie. Je serai candidat. dans la deuxième circonscription de l’Ariège pour représenter, et j’en suis très fier, et je remercie la confiance qui m’est accordée, le pôle écologiste.

L’Ariège, où ça me permet d’embrayer, où je n’ai aucune prétention, je suis parisien, j’ai vécu une bonne partie de ma vie à Paris. Depuis 4 ans, je me rends de plus en plus régulièrement en Ariège, région que j’apprends à connaître et à aimer.

Je passe du temps dans un éco-village, qui s’appelle l’éco-village de Pourgues, que je soutiens. Quelques années, ça a été du soutien, même mon corps, et aider plusieurs semaines aux travaux.

Alors, je ne suis pas bricoleur, mais aider à cuisiner, aider à accueillir les invités. L’éco-village vit beaucoup d’accueil et de formation.

J’ai un petit peu aidé à ça. J’ai aussi investi un peu de mes propres deniers pour les aider à construire des ouvrages, des choses comme ça.

Le vivre autrement m’intéresse. On peut vivre autrement à Paris, on peut vivre autrement à la campagne.

J’essaie de goûter différentes formes, de vivre autrement. Aller aussi rendre visite à des amis qui ont fait des transitions ailleurs en France.

On a un très beau pays, beaucoup de belles campagnes, un peu partout. Donc aller rendre visite à des gens que j’ai pu rencontrer sur Internet et échanger.

Puisque je parle d’Internet, j’anime un blog, un podcast qui met ces sujets-là sur la table, qui donne la parole à des gens qui en parlent sur beaucoup de sujets qu’on a pu aborder là, au cours de cet entretien. Je pense effectivement à ce travail de micro-influence, j’aime pas le terme influenceur, mais de micro-information, avec plein de petites personnes, avec des petites audiences à droite à gauche, qui essaient d’informer à leur petite échelle, de soulever des débats, de prendre des positions. tranchées, voire parfois fortes, alors virulentes, non, je suis non-violent, mais aller à la confrontation, je pense que ça fait aussi partie de la chose, quand je reparlais de militantisme politique, oui, il faut aller à la confrontation, nous avons des adversaires, et ils ne nous feront pas forcément de cadeaux.

Quoi d’autre d’échelle individuelle ? J’enseigne dans un cours lancé par un professeur principal de haute qualité à l’EM Lyon, qui s’appelle les Futurs Durables.

Je me retrouve face à 80 étudiants, enfin 2 fois 40 classes, et des entreprises partenaires avec qui nous faisons de la prospective stratégique d’entreprise en imaginant un futur durable ou pas durable et les enjeux que ça pose pour la stratégie des entreprises qui coaniment le cours avec moi. Ce professeur principal n’est autre qu’un certain Thomas Gauthier.

Voilà un peu, bon voilà ça me paraît important aussi d’aller au contact d’étudiants. Qu’est-ce que je fais d’autre ?

Finalement, ce n’est pas que mon gain de pain, mais je suis consultant. Alors ce n’est pas super en période de scandale McKinsey, je comprends que ça puisse tout à fait choquer et il y a des pratiques choquantes.

Je suis consultant sur tout un tas de… enfin voilà, ça prend la moitié de mon temps. Toutes les autres activités que j’ai évoquées sont totalement bénévoles.

Donc ça prend la moitié de mon temps, je gagne un peu d’argent. Je fais du conseil, des études et de l’expertise sur des sujets souvent qui touchent à ce qu’on a évoqué, l’adaptation au changement climatique, la biodiversité, l’éducation populaire à l’environnement, la transition écologique des universités, des établissements d’enseignement supérieur et de recherche. Ça touche tout le monde, de toute façon, ça touche le secteur des télécoms, du ferroviaire, toutes ces questions qu’on a évoquées, il y a de quoi travailler avec tout le monde.

Donc c’est un peu ce que je tente de faire. Et puis dernièrement, ça c’est à titre personnel, mais je…

J’investis une partie de mes deniers, et c’est aussi pour une transmission de patrimoine à mes enfants, et je suis fier de leur offrir ça, mes départs dans un fonds, on va dire, de fermes agroécologiques, qui investit dans des corps de fermes et aide des collectifs d’agriculteurs à s’installer, avec un cahier des charges qui n’est pas bio, mais qui respecte les principes de l’agroécologie. Donc ça débloque tout un tas de choses, l’installation des jeunes agriculteurs, le fait qu’ils ne soient pas seuls, c’est un métier où on est souvent seul. la charte agroécologique, mutualiser des équipements et permettre de les lancer et de réduire une partie du risque.

Le, et je vais être très honnête, ce n’est pas un investissement philanthropique, néanmoins, ça ne rapporte pas des milliers de décents, c’est des rendements de 1% par an rémunérés par le fermage versé par les producteurs. Et puis, il y a un avantage fiscal de l’État qui fait que le risque pour l’investisseur est limité.

Je préfère être très honnête, très transparent sur ça. Ce n’est pas de la philanthropie, c’est un investissement, mais dont je pense qu’il a du sens.

Thomas Gauthier

Écoute Cyrus, pour tenter une synthèse de ta dernière réponse, j’ai noté plusieurs verbes d’action que tu essayes de pratiquer au quotidien. J’ai noté consommer, s’engager, former, accompagner, s’investir et investir.

Je te propose que ce soit le… Le mot de la fin, merci beaucoup d’avoir passé une heure au micro de Remarquable et à très bientôt.

Cyrus Farhangi

Merci beaucoup Thomas, c’était un exercice vraiment intéressant.

Thomas Gauthier

Au revoir.

Cyrus Farhangi

Au revoir.

1 Comment Laisser un commentaire

  1. Oui bonjour Cyrus
    Je vous lis et ai trouvé sensé ( incitation des agriculteurs … ; un dimanche … ; rationnement et … )
    Ce matin ( 17 novembre 2022 ) JMJ était chez Appoline de Malherbe . Moi je ne peux pas le joindre ou ça va l’embrouiller … mais on rate le coche avec ces 110 130 :
    Je m’explique : pourquoi ceux qui le souhaitent ( le 110 ) ne le font-ils? ( rien ne les empêche ) sauf quelques entêtes qui mettent le régulateur a 130
    Pourquoi ne dit on a tous? ( rien ne vous oblige a rouler à 130 ) Merci
    Pierre

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