L’arbre chantant #1

22 décembre 2020
3 mins de lecture

Primo-visitant

Avec les Nouvelles Technologies, le XXIème siècle devient l’ébauche d’un avenir étonnant. Le flot incessant d’informations ne cesse d’interroger notre représentation du monde. Notre mental devient l’épicentre d’un séisme cognitif. Prendre le temps de la réflexion, relève d’une véritable hygiène psychique. Se défaire de croyances par le questionnement, c’est cheminer, avec un esprit plus apaisé.

 

Mode d’emploi

Vous pénétrez dans un Cabinet de curiosités du XXIème siècle avec son atmosphère techno-poétique. Le leitmotiv : laissez-vous réfléchir, pour appréhender le nouveau monde. Il s’agit d’interroger l’Objet technologique, tel une curiosité. Comment le penser ? 

Ici, des matériaux qui se veulent féconds, vous sont proposés : une image-horizon, un récit-vivant, le parcours d’un curieux, une affiche et un texte argumentatif. D’une formulation à l’autre, l’ordre de cheminement reste personnel. En fonction des traitements, l’Objet s’incarne dans différents registres : le Réel, le Symbolique, et l’Imaginaire, teinté de mythes et de chimères. L’itinérance choisie oriente la démarche intellectuelle et émotionnelle. Elle favorise l’autonomie de pensée créatrice. Dans sa modernité technologique, l’Objet archive le présent et amène à voir au futur. Tout l’enjeu de ce blog est que chacun développe une pensée métisse entre le connu et l’inconnu.

« Curiosités Technologiques » vous présente son troisième objet réflexif : L’arbre chantant (qui se déclinera en deux posts).

Récit-vivant

D’ordinaire paisible, l’allée bordée de palmiers-dattiers du Musée, fut assaillie par une joyeuse nuée d’écolières. Toutes plus curieuses les unes que les autres, les fillettes enroulèrent leurs bras autour des troncs, les joues pressées contre l’écorce. Comme sortie d’un conte, sur l’île de Saadiyat, la nouvelle s’est vite propagée : des arbres chantent et en chœur.

Un peu en retrait, Julien observe les petites silhouettes aux foulards noirs. Immobiles et mutiques, les voilà réceptives aux sons émis par les créatures végétales. L’oreille charmée, de larges sourires illuminent leur visage d’enfant. Le directeur musical savoure l’instant, l’œuvre fait son effet !

Il se remémore la mise en place de l’installation sonore. Un véritable défi ! Equiper les 30 palmiers, menant au Louvre Abu Dhabi, d’une fine ceinture de capteurs électroniques. Donner à chacun, des voix humaines transformées par logiciel, avec une sorte de ‘filtre feuille’. Connecter par liaison sans fil les apprentis-altos, sopranos, ténors et barytons. Leur faire maîtriser aussi bien le chant arabe traditionnel Allaya, que l’électro-pop de Björk ou encore le slam d’Abd El Malik.

Il n’est plus à prouver que les Arbres dialoguent entre eux, s’échangent des informations par messages olfactifs et par un réseau souterrain, tel un Internet organique, entremêlant filaments de champignons et racines aventureuses. Pourtant ce dialogue végétal échappe à nos sens, et par là-même, reste une abstraction pour la majorité d’entre nous.

L’expérience vécue avec « Singing trees » relèvent de l’Art écologique. Le dispositif sait se faire envoûtant ou inquiétant. Selon la qualité de l’air ambiant, les Arbres peuvent cesser toute caresse sonore ; et ne réussir à s’époumoner à nouveau, qu’en faisant corps avec le Public. Donner une voix aux Arbres, c’est ancrer par l’expérience artistique une émotion.

Donner une voix aux Arbres, c’est délivrer des messages d’amour et d’urgence. Pour Julien Chirol, musicien dans l’âme, c’est faire entendre la respiration du Vivant. Il est prévu que le dispositif soit étendu dans le jardin du Palais Royal, avec cette fois-ci des tilleuls-chanteurs. Alors avant de rentrer sur Paris, Julien s’élance vers sa forêt connectée et enchantée, afin de profiter d’un dernier « bain » sonore.

 

Récit librement inspiré par ma rencontre avec Julien Chirol, tromboniste, arrangeur, compositeur, réalisateur et producteur. L’installation sonore et interactive « Singing Trees » est le fruit d’une collaboration entre Music Unit, dont il est le co-fondateur, l’Ircam Amplify, le Théâtre du Châtelet, le Musée du Louvre Abu Dhabi et le collectif artistique londonien Umbrellium.

Récemment diplômé de l’Executive Master de l’École Polytechnique à Paris, il a l’ambition de poursuivre, sans modération, l’exploration d’espaces fertiles où se rencontrent les territoires de l’Art et de la Technologie. Julien, de son nom d’artiste Lamozé, présentera prochainement plusieurs de ses œuvres interactives visuelles et sonores.

Exposition « Paysages tactiles » à la Galerie Mémoire de l’Avenir à partir du 13 février 2021 (Paris 20e).

 

1 Comment Laisser un commentaire

  1. Dans un registre proche, un artiste du nom de Arlo avait publié, dans les années 90 (de mémoire), des albums musicaux qui ont connu succès au Japon. Ceux-ci témoignaient du passage pas sage du vent jouant avec les cordes de guitares plantées sur la… dune du Pyla.

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