Que ce soit au lancement d’activités de prospective, dans le choix des personnes devant remplir des tâches d’anticipation ou dans le positionnement d’un tel programme au sein d’une organisation, différentes compétences seront indispensables pour mener à bien ce projet. En écoutant l’entretien Remarquables – et remarquable entretien – d’Arthur Keller, celui-ci mentionne la nécessité, pour la réalisation de projets, de travailler avec un écosystème de 5 acteurs différents. Ceux-ci peuvent naturellement s’interpréter comme des actions ou des aptitudes.
- les penseurs – penser
- les inspirateurs – inspirer;
- les organisateurs – organiser;
- les facilitateurs – faciliter;
- les faiseurs – faire;
Nécessaires à tous les échelons hiérarchiques et à toutes les étapes, ces 5 actions devront s’alterner dans le temps, mais présentent un caractère presque fractal entre les différents éléments du programme de prospective. Celles-ci se retrouvent aussi bien dans l’existence du programme en tant que tel, dans l’organisation de ses activités, que dans les individus chargés de le faire vivre.
Les actions pour l’existence du programme
A moins d’être une structure lucrative dont l’activité est la prospective, la création d’un programme d’anticipation s’inscrit nécessairement dans une organisation dont l’activité principale est autre.
Penser l’établissement d’un tel programme stratégique revient généralement à un individu ou comité directeur ayant une position de cadre dans l’organisation.. Ceux-ci peuvent être inspirés par un ou des collaborateurs portant l’initiative d’un tel programme. Les organisateurs peuvent prendre la fonction de responsable des budgets ainsi que d’autres parties prenantes permettant l’éclosion ainsi que la création d’un groupe en charge du programme. Responsables de lignes de produits ou de domaines de compétences, ceux-ci peuvent faciliter les échanges et l’interaction interne à l’organisation avec le programme alors que le service de communication – ou marketing – pourrait se voir confier la mission de facilitateur externe. Que ce soit une seule personne ou une équipe, les faiseurs auront la mission de matérialiser le cahier des charges et faire vivre le programme de prospective.
Considérant un autre angle d’approche, le programme de prospective en tant que tel peut avoir comme but d’inspirer et de faciliter la recherche de nouvelles idées. Il permet de penser de nouveaux produits, de nouvelles applications pouvant mener à un repositionnement de l’organisation afin de mieux anticiper le changement, bref, le futur. Étincelle d’un type d’innovation, le relais est transmis pour l’organisation de la réalisation (faire) de celle-ci.
Les actions pour faire vivre le programme
Nous pouvons appeler “projets” les acteurs de la vie du programme de prospective. Devant une feuille blanche, vous aurez toute liberté de penser vos livrables. Ceux-ci devront inspirer vos différentes parties prenantes et la forme choisie pourra y contribuer grandement.
Que vos projets soient indépendants peut faciliter leur gestion, mais organiser leurs interactions peut permettre des effets de levier, des convergences, des idées inattendues. Faciliter les synergies internes et externes à l’organisation en partageant ressources et motivation permet à l’entité d’étendre son réseau tout comme sa notoriété.
Comme Rome ne s’est pas faite en un jour, chaque projet devra aboutir, faire sens, et porter sa pièce à l’édifice.
Les acteurs humains pour agir
Si le programme devra compter sur différentes compétences, il est rare qu’une personne puisse, comme le mentionne Arthur Keller, regrouper toutes ces caractéristiques sans une plus forte sur laquelle capitaliser. Pour continuer dans les citations latines en unissant deux concepts historiquement opposés, le programme devra diviser pour régner en même temps que unir pour faire sa force.
Diviser est à comprendre ici dans le sens de partager les compétences nécessaires entre différents acteurs pour mieux unir celles-ci au service du programme.
Il n’en reste cependant que, dans beaucoup de situations, chaque acteur du programme de prospective devra, à un moment ou un autre,
- penser – à ce que chaque signal faible pourrait devenir (et pas uniquement!)
- inspirer – comme moyen de partage des enseignements de chaque projet
- organiser – et s’organiser, car le futur est multiple et complexe
- faciliter – les échanges entre différents modèles mentaux et les différentes parties prenantes
- agir – ne serait-ce que pour donner vie aux points précédents !
Comment saurais-je ce que je veux tant que je n’ai pas agi? La loi suprême de l’invention humaine est que l’on n’invente qu’en travaillant.
Le secret de l’action, c’est de s’y mettre.
Que ce soit à l’échelle d’un programme, d’un projet, d’un individu, il est peut-être pertinent de se demander systématiquement si les 5 rôles sont mobilisés dans le prisme « acteurs, jeux d’acteurs ». Il s’agirait d’une sorte d’auto-diagnostic recommandé pour interroger les chances de succès d’une démarche d’anticipation stratégique.
Penser avant d’agir, cela est sage, mais la pensée a également besoin de l’action pour évoluer ou se renouveler. Prospectiviste ou non, n’hésitez pas à vous lancer!