Q074 | Comment voyager dans le temps ?

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Lors d’un exercice de prospective, y compris technologique, l’objectif est bien de décrypter les tendances à l’oeuvre, les signaux faibles émergents, les nouveaux jeux d’acteurs et toute autre force susceptible de transformer profondément l’environnement d’une organisation dès aujourd’hui. Prospective n’est certainement pas synonyme de prédiction ; puisque l’avenir se construit, puisque nul ne peut échapper aux “accidentalité[s]” de l’histoire (on doit la formule à l’universitaire français Paul Veyne), il est futile de chercher à décrire dans les moindres détails ce à quoi ressemblera le futur.

Envisager le recours à la prospective comme un processus d’apprentissage, c’est chercher à accroître la capacité de l’organisation à répéter plusieurs séquences d’événements possibles afin que celle-ci soit en mesure de faire face aux situations inédites qui ne manqueront pas de se présenter. L’organisation apprenante peut alors être proactive (elle agit pour transformer la réalité autour d’elle) et préactive(elle se prépare à plusieurs éventualités en répétant dans chacun des scénarios envisagés les actions qu’elle pourrait entreprendre) plutôt que passive.

En pratique, le voyage dans le temps auquel invite la prospective peut nous amener du présent vers le futur ou au contraire, du futur vers le présent.

Le plus souvent, le “trajet” présent-futur(s) est parcouru au cours d’un exercice de prospective dit exploratoire. Dans ce cas de figure, les scénarios que l’on construit “se fond[e]nt sur la représentation que nous pouvons nous forger du présent et de ce qu’il recèle comme tendances lourdes et émergentes pour aller explorer le spectre des futurs possibles, y compris ceux pouvant résulter de discontinuités ou de ruptures” (extrait de l’éditorial d’Hugues de Jouvenel du numéro 413 de la revue Futuribles).

Le trajet inverse, futur-présent est plébiscité quant à lui lors de démarches de prospective dite normative. Ici, il s’agit plutôt, à partir d’une vision de futur souhaitable, d’élaborer des stratégies et des logiques d’intervention que l’organisation pourra mettre en oeuvre dès aujourd’hui afin de tendre vers le futur souhaitable visé. Puisque l’on part du futur pour revenir en arrière vers le présent, on parle parfois de backcasting.

De nombreux instituts de recherche, think tanks, cabinets de conseil, entreprises etc. ont développé puis diffusé autant de méthodes et d’outils prêts à l’emploi. Un processus très bien documenté et éprouvé dans le cadre du programme DEFTECH est celui du roadmapping (feuille de route) développé par l’équipe du Prof. Robert Phaal de l’Université de Cambridge. Vous trouverez sur le site tout le matériel nécessaire (canevas, instructions, études de cas etc.) pour tester vous-même cette méthode, particulièrement adaptée à la gestion stratégique des innovations technologiques émergentes et qui devrait vous permettre d’intégrer de nombreux éléments que vous avez probablement déjà développés, tels qu’une matrice d’analyse SWOT.

Canvas résumant les différentes étapes de réflexion menant à l’établissement de la « feuille de route ».
Représentation du processus intégratif des différents éléments stratégiques dans la méthode du roadmapping.


Nous avons également eu l’opportunité de tester et d’adapter un deuxième processus, complémentaire du roadmapping mais également utile en lui-même: le jeu des transitions, développé par la Fondation Internet nouvelle génération (FING).

Dans les règles qui accompagnent le plateau et les cartes à jouer, on peut lire que “le principe [du jeu] consiste à inventer ensemble l’histoire qui mène 

… de l’état de départ, rendu instable par un certain nombre de facteurs externes et internes
… à un ou plusieurs état(s) d’arrivée qu’il s’agit de pouvoir décrire,
… ainsi que les chemins qui relient aujourd’hui à demain, … avant de [se]situer [soi]-même dans l’état futur.

Pour des raisons pratiques – temps de travail disponible en atelier, nombre de participants etc. , nous avons adapté la méthode originale et l’avons convertie en un outil MS Excel. Avec un peu de recul, il s’avère que cette configuration tend à simplifier le travail du modérateur en rendant la saisie des inputs des participants plus facile et en  générant automatiquement une esquisse de transition qui peut alors être aisément projetée et mise en débat.

Nous serions heureux de recevoir de votre part des idées de méthodes, outils etc. que vous avez vous-mêmes utilisés voire développés !

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