C’est le 1er janvier 2020 que paraissaient sur le site laprospective.ch le premier billet ainsi que les pages des catégories principales (Pourquoi, Quoi, Comment). Depuis sa création l’Atelier des Futurs s’est imposé comme un espace unique d’exploration et de réflexion autour de la prospective. Cet article retrace cinq années de contributions, de découvertes et de défis, tout en esquissant les prochaines étapes de cette aventure collective.
Machiavel plutôt que Sénèque
Nous avions mentionné Sénèque dès le début : « Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va ». Si cela semble sage et vrai dans bien des circonstances, fort est de constater que si nous avions attendu de connaître la destination précise, nous serions encore à quais.
En ce qui concerne l’Atelier, nous sommes plus dans une logique « nous aimons faire de la voile, voyons où le vent nous porte » !
Cela est une autre posture, relevée déjà par Nicolas Machiavel « En agissant se dévoilent les partis [options] qui seraient demeurés cachés si l’on n’avait pas agir. ».
En effet, après une bifurcation identitaire en 2021 déjà, les formats (texte, audio) tout comme les thèmes et éléments présentés (billets, citations, extraits, ressources) se sont construits de manière spontanée répondant à un désir de « lieu centralisé d’information » plutôt qu’à une stratégie de croissance.
Travail de fond plutôt qu’immédiateté
Nous savions dès le début que nous ne répondions pas forcément à une attente ou à un besoin autre que le nôtre.
Notre besoin cependant était un vrai besoin métier : celui d’implémenter de la meilleure façon possible un dispositif de prospective au sein d’une organisation.
Sans aucune légitimité, nous avons donc commencé à mettre nos questions sous formes de billets afin d’essayer d’y répondre, et surtout avec l’espoir d’attirer d’autre praticiens rencontrant les mêmes défis, ou les ayant déjà résolus.
Cela nous a aidé dans notre questionnement et notre rapport aux projets du moment, mais les thématiques traitées étaient tout sauf populaires ce qui explique pourquoi les premiers 100 billets furent rédigés par nos soins. Sans raison évidente, nous avions numéroté tout une série de questions auxquelles nous voulions apporter une piste de réponse, cela explique la numérotation en « Qxyz » et surtout le fait que les numéros ne suivent pas un ordre de rédaction chronologique croissant.
Façons de faire plutôt que futurs possibles
Si le résultat d’un processus, d’un atelier ou d’un projet est certes intéressant et sans aucun doute le plus important dans son contexte, ce que nous voulons décrire dans les billets de l’Atelier, ce sont « les coulisses » menant à ces résultats. Quelles sont les choix qui se sont présentés, les décisions qui ont été prises, les bases de réflexion menant à ces décisions. Quelles sont les façons de faire qui ont bien fonctionné et celles qui n’ont pas porté leurs fruits.
Ce que nous cherchons dans les billets est en fait un contenu atemporel et réplicable par d’autres personnes que son auteur. Cela peut être une réflexion, un processus, la rédaction d’un livre, un projet, il n’y a pas vraiment de règle thématique comme vous le voyez dans les 238 billets.
Nous avons essayé d’exprimer cela dans notre ligne éditoriale. Sauf rares exceptions, vous ne trouverez donc pas de contenu comme «Le futur de XYZ» à part si les auteurs décrivent dans le billet le procédé ayant donné naissance au contenu.
Pour faire l’analogie avec une expression bien connue, le site a donc pour ambition de permettre d’apprendre à pêcher plutôt que de fournir le poisson.
Diversité plutôt qu’unité de pensée
Nous promulguons volontiers la prospective comme un «état d’esprit » plus que comme une science.
Cela explique que nous accueillons volontiers des billets se contredisant ou présentant des opinions différentes.
En fait, aucun contrôle n’est effectué par rapport à l’état de l’art déjà présenté, sauf une répétition qui serait trop évidente, ou une contribution sans aucune valeur ajoutée. Cela est déjà arrivé sur des versions initiales de billets, mais nous avons toujours trouvé un éclairage permettant de mettre en valeur un élément spécifique et unique.
De même nous nous permettons de rappeler bien volontiers qu’il n’y a pas sur ce site de syndrome de l’imposteur. Chaque voix compte, chaque parcours enrichit nos réflexions sur les futurs. Que vous soyez débutant ou expert, vos idées apportent une perspective unique et sont précieuses à notre communauté.
Qualité plutôt que visibilité
Il est facile de ressentir la pression de devoir publier quelque-chose. Nous nous sommes promis de ne pas succomber à ce biais.
A l’heure des intelligences artificielles génératives, créer du contenu n’est plus un problème. Créer de la valeur ajoutée oui.
Pour cela chaque contribution est validée et mise en page individuellement, avec un rythme de publication dépendant de nos disponibilités !
Authenticité plutôt qu’opportunité
En choisissant le français plutôt que l’anglais, nous savions pertinemment que la visibilité allait en pâtir à l’échelle internationale. Cependant nous sommes attachés à la langue de Molière (et à tant d’autres) et admettons que c’est bien dans celle-ci que nous sommes le plus à-même d’exprimer nos idées avec toutes les nuances qui font parfois, nous l’espérons, la différence.
Les améliorations récentes des outils de traductions automatisées nous ont réconforté dans ce choix en rendant compréhensible le site presque à chaque internaute.
Partager plutôt que monétiser
Jusqu’à maintenant, et c’est également une force, tout est fait bénévolement et rien n’a été monétisé.
Naturellement la question revient périodiquement dans les discussions, mais cela changerait l’âme du site et de sa communauté.
Nous pensons qu’il existe une façon de continuer à offrir et partager des savoirs faire d’une façon où sa monétisation n’est pas au centre du débat. Cela a fonctionné jusqu’à maintenant et tant que les charges de travail et les coûts d’hébergement sont supportables, nous trouverions dommage d’y renoncer.
En rendant le savoir de la communauté accessible, ce sont d’autres valeurs que nous privilégions : celles de l’échange, du dialogue, de l’écoute, de la rencontre.
Nous travaillons naturellement à la pérennisation et à la meilleure exploitation possible du contenu, mais toujours dans le respect de nos convictions !
Communauté mais individualités
Cela aurait pu être un simple site, mais nous sommes devenus une communauté de pratiques de la prospective ! Une communauté composées de fortes individualités, non pas dans un sens limitant où prédomineraient des jeux de pouvoir, mais où celle-ci font don de leurs expériences et compétences en maintenant une sorte de « marque de fabrique » bien trempée et identifiable.
Bien souvent une communauté recherche à promouvoir une certaine uniformité, mais c’est tout l’opposé que nous favorisons et qui se matérialise petit à petit au fil des activités.
Alors, quel bilan ?
Le premier élément positif venant à l’esprit est que nous sommes toujours là (et bien là !) avec quantitativement tout de même 268 billets rédigés par 68 auteurs différents, 54 podcasts, 434 citations et 143 extraits, le tout agrémenté de 14 fictions.
Le deuxième aspect est que nous nous servons du contenu dans nos activités professionnelles, aussi bien dans celle d’enseignement (Thomas) que pour piloter le dispositif de prospective deftech (Quentin).
Un troisième élément positif est que l’Atelier est relativement unique dans le paysage de la prospective et de l’anticipation et compte actuellement en moyenne plus de 400 visites par jour de 150 visiteurs uniques mesurées par le plugin Jetpack. Nous avons des pointes à 1’000-3’000 naturellement en fonction des publications, mais nous trouvons cela un assez bon score – et sans vrai moyen de comparaison il faut le dire. D’autres sources telles que celles de l’hébergeur revendiquent des chiffres 10 fois plus élevés, mais ceux-ci nous semblent passablement irréalistes, pour le moment espérons-nous !
A ne pas oublier non plus est la création de Futurs, une association visant à promouvoir et développer la prospective, l’exploration d’idées émergentes et le rapport positif à l’incertitude. Cette association n’aurait jamais vu le jour si l’idée de base n’était venue de Venusia Bertin afin de donner plus de visibilité à l’Atelier. Actuellement il est difficile de dire qui pousse l’autre, mais le fait est que nous avons un environnement d’anticipation actionnable et opérationnel, avec du contenu et de nombreux acteurs pour le mettre en scène.
Du négatif ? Difficile à trouver ou nous l’avons oublié !
Un aspect à ne pas négliger cependant est le temps et l’énergie à consacrer en permanence et de manière constante pour la création de contenu ainsi que la mise en forme via le site Internet. Nous ne sommes pas encore arrivés à maintenir une réserve de billets à disposition permettant de réguler un peu le flux. Nous en sommes en même temps responsables car nous préférons publier le plus vite possible par respect et pour le plaisir des différents auteurs.
Un bilan donc plus que positif pour ces 5 années écoulées !
Vers quels horizons ?
Sans jeu de mot, tout est à écrire ! C’est là l’aspect stimulant de l’exercice. Nous pouvons continuer sur les mêmes bases, et implémenter de nouvelles idées ! Nous sommes naturellement preneurs de toute considération!
Nous avons également l’intention de rencontres thématiques en présentiel de façon à garder la relation humaine au centre de nos activités et de valoriser cette même communauté. Les modalités sont bien évidemment à inventer.
Après avoir quitté le port, nous nous trouvons désormais en haute mer, avec un équipage des plus expérimenté ne cherchant qu’à s’étoffer de nouveaux membres. L’embarcation est, elle, manœuvrable et agile à souhait. Reste donc à choisir le cap, même si la navigation en tant que telle est déjà grisante !
La seule promesse que nous pouvons vous faire, en paraphrasant David Bowie, et que « Nous ne savons pas où nous allons à partir de là, mais nous vous promettons que ce ne sera pas ennuyeux !»
Un avis ?
Une idée lumineuse ?
Une suggestion géniale ?
Un format innovant ?
N’hésitez pas à laisser un petit mot ci-dessous ou, pourquoi pas, à rédiger un billet sur votre façon de faire !
Bonjour à toute l’équipe,
je me suis régalé hier avec un film à la Cinémathèque Suisse:
« The Boat That Rocked »
Si j’en parle, c’est que ça me semble un belle image.
le futur, c’est un peu comme la mer.
le bateau, c’est le dispositif pour l’aborder.
Bravo à toute l’équipe!
Quel parcours, quel travail, que de références!
Ma suggestion est de créer un mapping interactif et ultra-user-friendly:
dedans, on y trouvera des liens et des références sur des:
acteurs du secteur de la prospective
institutions incontournables
thématiques essentielles
mots clés
événements
clubs de réseautage
etc.
tout ce là dans une pensée intuitive et arborescente
pour faciliter le cheminement des chercheurs d’idées, de contacts, de projets…
Bon vent à tous en cette Nouvelle Année.
Sami AMY
PS:
j’oubliai…
essentiel:
faire des rencontres en présentiel, régulièrement, dans un lieu physique fixe, sans rendez-vous, sans inscription, où les personnes intéressées par ces thématiques peuvent venir et rencontrer d’autres personnes intéressées par ces sujets.
Pour discuter, papoter, échanger,
rien ne remplace le contact et l’échange
ou bien?
Merci Sami, excellentes suggestions !
Auriez-vous des pistes, technologiquement parlant, pour ce mapping interactif ?
Au plaisir de faire votre connaissance lors de ces prochaines rencontres.
Très cordialement,
Quentin