Q250 | Et si les citoyens s’emparaient de la prospective citoyenne ?

Destinée à partager la vision prospective du C2D d’une manière accessible et décalée, la collection Imagine Demain met l’accent sur la Bande Dessinée. Chaque récit prospectif en BD est suivi de Regards de terrain, de zoom sur des initiatives inspirantes et d’une posteface signée par un auteur invité.
Destinée à partager la vision prospective du C2D d’une manière accessible et décalée, la collection Imagine Demain met l’accent sur la Bande Dessinée. Chaque récit prospectif en BD est suivi de Regards de terrain, de zoom sur des initiatives inspirantes et d’une posteface signée par un auteur invité.

Cette interview croisée de Michèle Cottin et Christine Henon, membres du C2D et de Marie Lyne Mangilli Doucé, chargée de mission coordination, vous propose un retour d’expérience sur le laboratoire de prospective citoyenne de Grenoble Alpes Métropole… et vous allez voir, c’est juste une expérience merveilleuse que nous espérons esséminer afin de la voir germer ailleurs ! Un immense merci à ses autrices et à chaque actrice et acteur du changement qui se cache derrière chaque mot !

Qu’est-ce que le C2D, comment fonctionne-t-il ?

Marie Lyne Mangilli Doucé : 

Le conseil de développement (C2D) est une instance participative du temps long. Il en existe dans toutes les intercommunalités françaises de plus de 50 000 habitants, et leurs formats sont chacun très différents.

En 2022, le C2D, qui était alors davantage dans une posture d’évaluation des politiques publiques métropolitaines, a été renouvelé tant dans sa forme que dans ses missions.

 La volonté a été de revivifier cette instance en la positionnant comme un laboratoire de prospective citoyenne et en la dotant d’un mode de gouvernance et de fonctionnement plus agile, collégial et décalé.

 Ses 66 membres bénévoles (33 femmes et 33 hommes) sont toutes et tous engagés dans le territoire à titre professionnel, culturel, associatif ou universitaire par exemple. Les mandats sont de 3 ans et la composition se fait à la suite d’un appel à candidature.

Chaque année, la métropole missionne le conseil de développement par délibération sur un ou plusieurs sujets, et  celui-ci a également la possibilité de s’auto-saisir.

Ainsi, en 2024-2025, le C2D comprend 6 groupes de travail sur :

  • La place de la forêt dans la métropole
  • Vizille, une commune de la métropole marquée par de nombreuses problématiques pour laquelle le C2D a été missionné pour écrire un récit prospectif destiné à guider la requalification urbaine en cours et à venir de ce territoire plein d’atouts et de défis.
  • Les mobilités rêvées de demain, autour du projet de RER métropolitain
  • La citoyenneté et l’appartenance métropolitaine
  • Le numérique responsable
  • Les Marches Sensibles, qui consistent à arpenter collectivement le territoire métropolitain pour en comprendre les enjeux par le prisme de l’expérience.

Face aux bouleversements sociaux et environnementaux présents et à venir, la fabrique de la politique publique se doit de trouver de nouveaux outils pour envisager le monde d’après, mais également pour accompagner les changements de comportements nécessaires aux transitions… Là se trouve là mission du conseil de développement sur ses thématiques : produire un récit permettant d’entrevoir demain différemment.

 

Vous dites « plus agile, collégial et décalé » … comment est-ce que cela s’organise concrètement ?

Marie Lyne Mangilli Doucé : 

Chaque groupe de travail thématique désigne des Poissons Pilotes (deux membres paritaires qui ont pour but de guider les travaux collectifs).

Un bocal de gouvernance, composé de la chargée de mission et des Poissons Pilotes, assure quant à lui la cohérence entre toutes les actions du C2D.

Un poste de chargé de mission est dédié à 100 % à l’accompagnement du C2D, qui dispose d’un budget permettant de faire appel à des prestataires, faire intervenir des experts, organiser des événements et des temps collectifs.

Le but de cette organisation est en effet d’avoir un fonctionnement collégial et transversal.

Quatre co-délégués ont pour mission, non pas de décider seuls, mais de porter la parole collective.  Les groupes de travail sont ouverts à qui le souhaite et fonctionnent un peu comme des think tanks.

 

La raison d’être du C2D est d’être un espace d’échange et de réflexion collective sur les devenirs possibles du territoire métropolitain.

S’immerger dans le terrain, partir à la rencontre d’expériences inspirantes (comme dans le cas d’un voyage d’étude au Léman Express), croiser les points de vue, débattre, prioriser ensemble, aller à la rencontre et se mettre à l’écoute du grand public pour déceler les signaux émergents... Autant de méthodes de travail du C2D pour conduire ses travaux prospectifs.
S’immerger dans le terrain, partir à la rencontre d’expériences inspirantes (comme dans le cas d’un voyage d’étude au Léman Express), croiser les points de vue, débattre, prioriser ensemble, aller à la rencontre et se mettre à l’écoute du grand public pour déceler les signaux émergents... Autant de méthodes de travail du C2D pour conduire ses travaux prospectifs.

Quel est ton rôle en tant que chargée de mission ?  

Marie Lyne Mangilli Doucé : 

en tant que chargée de mission, mon rôle est d’impulser et d’accompagner cette instance collective et bouillonnante dans son fonctionnement (organisation, modalités de gouvernance, etc.), mais également dans son lien avec le territoire et l’institution métropolitaine (élus, chargés de missions et acteurs du territoire, engagés dans les différentes thématiques traitées par le C2D).

La communication interne et externe est une part importante de mes missions, pour faciliter les liens et les partages d’infos entre les membres, mais aussi pour porter à connaissance les travaux du C2D sur le territoire.

 

La communication interne et externe est une part importante de mes missions

Et en tant que membres… comment fonctionnez-vous ?

Christine Henon :  

En tant que membres, notre implication est variable en fonction de nos appétences vis à vis des sujets à traiter.

Nous sommes attachés à ce que chaque membre ait voix au chapitre quels que soient ses compétences, son niveau d’expertise, son engagement.

Certains membres sont impliqués dans la quasi la totalité des groupes de travail, d’autres membres participent de manière sporadique à certains sujets tandis que d’autres ne participent qu’aux temps collectifs…

Les Poissons pilotes ont donc un rôle essentiel pour capitaliser toutes les réflexions des membres afin de permettre à ceux qui prennent le train en marche de pouvoir raccrocher les wagons.

Bien sûr, cette fonction de poisson pilote ne pourrait être réalisée sans le soutien de notre chargée de mission qui participe quasiment à tous les réunions de chaque groupe de travail.

Marie-Lyne est aussi là pour nous aiguiller vers des initiatives d’autres instances, d’autres collectivités locales qui résonneraient avec nos sujets traités…

Comment définirez-vous l’objectif de vos travaux prospectifs et comment les menez-vous ?  

Christine Henon :

Notre ambition est d’avoir un regard décalé sur les sujets métropolitains, de faire un pas de côté pour envisager d’autres manières de penser le futur du territoire.

Michèle Cottin :

En effet, notre rôle est de proposer aux élus un élargissement de perspectives sur des sujets qui relèvent de leurs compétences décisionnelles, mais également de porter à la connaissance du plus grand nombre une vision multiple, documentée, rêveuse mais réaliste, d’un possible futur.

Chaque sujet traité fait l’objet de rencontres avec des experts ou contributeurs déjà engagés sur ces thématiques, de recherches, de lectures d’articles, et de débats internes en mode intelligence collective.

Christine Henon :

Nous ne sommes pas des experts et ne véhiculons dans cette instance aucune voix partisane ou politique. Notre envie est de pouvoir proposer une vision globale essayant d’allier plusieurs points de vue. Le travail des groupes est donc de cadrer le sujet, puis d’interroger des acteurs engagés ou des chercheurs, mais aussi des élus, des citoyens et usagers, pour ensuite aboutir collectivement à une vision prospective.

 

Notre ambition est d’avoir un regard décalé sur les sujets métropolitains, de faire un pas de côté pour envisager d’autres manières de penser le futur du territoire.

Vous faites donc appel à des compétences extérieures ?

Michèle Cottin : 

Oui. C’est quelque chose de fondamental pour nous ! Bien que nous représentions déjà des approches diverses de par nos formations, expériences, niveaux de sensibilité et connaissance des sujets, nous souhaitons écouter ce qui se pense et se fait ici ou ailleurs.

Nous faisons donc appels à des usagers, professionnels, décideurs institutionnels, membres d’associations, chercheurs selon les sujets.

Chaque groupe de travail décide collectivement des contributeurs qu’il souhaite solliciter et nous réalisons des entretiens croisés.

Marie Lyne Mangilli Doucé :

La sollicitation de compétences extérieures vise vraiment à repérer les tendances émergentes, saisir les évolutions en cours et les enjeux de terrain.

L’accompagnement des Marches Sensibles par des chercheurs permet d’ouvrir des perspectives sur l’expérience vécue.

C’est d’ailleurs pour ça que nous en gardons trace via des podcasts et des restitutions textes et graphiques.

Christine Henon : 

Enfin, nous faisons appel à des graphistes, dessinateurs et podcasteurs pour partager nos visions prospectives d’une manière, attractive et accessible à tous. 

Ouvrir le dialogue sur la manière dont nous voulons vivre demain dans le territoire métropolitain, telle est l’ambition du C2D. Un objectif qui se concrétise par de nombreux temps de médiation, d’expo, de rencontres et d’interventions, au près des élus, comme lors d’un conseil métropolitain, mais également des sorties scolaires, ou lors de manifestations grands publics.
Ouvrir le dialogue sur la manière dont nous voulons vivre demain dans le territoire métropolitain, telle est l’ambition du C2D. Un objectif qui se concrétise par de nombreux temps de médiation, d’expo, de rencontres et d’intervention, au près des élus, comme lors d’un conseil métropolitain, mais également des scolaires, ou lors de manifestations grands publics.

C’est justement le cas de la collection « Imagine demain » ? … Comment l’idée est-elle née ?  

Marie Lyne Mangilli Doucé : 

Jusqu’à sa refonte, le C2D produisait des rapports et des dossiers sur chaque thématique de travail. Très complets et structurés, ceux-ci généraient également beaucoup de frustration en raison de la faible attention dont ils faisaient l’objet.

L’idée a été d’accompagner le changement d’organisation par un changement de format de restitution. Le souhait a été de faire une grande place à l’image, au graphisme, ainsi qu’au média audio en ayant recours aux podcasts (pour permettre notamment de partager au plus grand nombre les Marches Sensibles, nécessairement réduites en nombre de participants).

La BD s’est imposée par la suite comme un moyen de partager les réflexions prospectives et permet au lecteur de plonger dans la métropole de demain, qu’il soit expert ou néophyte. Le dessin offre une grande liberté pour mettre en forme une représentation d’un futur souhaitable, mais également mettre en évidence les problématiques présentes de manière  percutante et décalée.

 

Le dessin offre une grande liberté pour mettre en forme une représentation d’un futur souhaitable
 

 

Christine Henon :

En effet, on ne voulait pas produire de rapports institutionnels et je crois que tout le monde avait envie que l’artistique soit le vecteur de notre communication. On voulait faire quelque chose de beau, facile à montrer, facile à comprendre et rendant compte simplement des principaux messages.

Un membre a suggéré l’idée de la BD pour un groupe de travail et l’idée d’une collection s’est imposée très vite pour mettre en cohérence l’ensemble de nos travaux.

 

tout le monde avait envie que l’artistique soit le vecteur de notre communication

 

Michèle Cottin : 

Les BD répondent à l’envie de produire quelque chose d’accessible, d’attractif, de décalé, consultable en ligne, en version papier mais également facilement transformable en exposition pour des événements. Le fait de produire quelque chose que le public ait envie de garder est vraiment important.

La trace était au cœur de nos préoccupations en sachant que c’est souvent de son absence que souffrent les groupes citoyens qui peuvent se sentir rapidement inutiles et démotivés si leur travail n’est pas relayé.

 

Les BD répondent à l’envie de produire quelque chose d’accessible

1er tome de la collection Imagine Demain, ce numéro dresse un état des lieux des problématiques rencontrés aujourd’hui par la forêt et la filière bois, avant de proposer une vision prospective autour de 4 axes que sont : Sensibiliser / Collaborer / Soutenir de la filière bois / Corréler l’eau à la question de la forêt.
1er tome de la collection Imagine Demain, ce numéro dresse un état des lieux des problématiques rencontrés aujourd’hui par la forêt et la filière bois, avant de proposer une vision prospective autour de 4 axes que sont : Sensibiliser / Collaborer / Soutenir la filière bois / Corréler l’eau à la question de la forêt.

Mais alors, quel est le public cible justement, vers qui communiquez-vous?

Christine Henon :

ça dépend ! les tout premiers destinataires, sont les élus métropolitains, puisqu’ils missionnent le C2D, mais notre ambition est également de nous adresser au grand public.

Toutes les bibliothèques et médiathèques du territoire en reçoivent par exemple et nous en adressons un exemplaire à chaque personne en faisant la demande via notre site internet.

Les contributeurs que nous sollicitons s’en emparent et les diffusent également, et nous faisons un gros travail de médiation.

La communication via notre site est vraiment importante.

On s’attache notamment à ce que chaque temps fort et chaque étape de réflexion soient partagés sur notre site internet. Il y a l’envie de documenter, ce que représente ce « laboratoire de prospective citoyenne », via notre journal de Bord Agité par exemple.

Les parutions presses sont importantes également pour toucher un public large.

 

Marie Lyne Mangilli Doucé : 

On pourrait se dire que le travail du C2D s’arrête une fois que la BD est imprimée, mais ce n’est en fait qu’un début, puisqu’il s’agit ensuite de la porter à connaissance.

Le but de la collection Imagine Demain est d’ouvrir le dialogue sur la métropole et son devenir et c’est pourquoi nous la sortons en format numérique, papier et exposition, avec une forte volonté de s’adresser aux élus du territoire, bien sûr, mais également aux citoyens, habitants, usagers et acteurs de la métropole.

Le tome 1 de la collection a été présenté en format expo dans le cadre de plusieurs événements sur la forêt. Il a fait l’objet d’interventions avec des scolaires et sera présenté prochainement dans un centre social puis une médiathèque du territoire.

Nous envisageons d’exposer celui sur Vizille dans les vitrines vides de la ville, d’organiser une soirée ciné-débat dans un lieu culturel autour de la sortie du tome 3 sur la citoyenneté locale, et ferons de même pour les prochains tomes portant sur le RER métropolitain, le numérique responsable et les Marches Sensibles.

Il y a un vrai enjeu à chercher des espaces de mise en résonance afin de mettre en visibilité les travaux présentés et de les mettre en débat.

Cela demande un travail important de communication, de mise en réseau, de création de liens avec les collectivités, les associations, les espaces culturels, les médias locaux…

Faire de la prospective citoyenne, c’est écrire le récit d’un possible devenir du territoire, mais c’est également instiller des pistes, ouvrir des questionnements et mobiliser les habitants sur la manière de vivre demain et les enjeux qui en découlent… et la communication, la diffusion et la médiation sont capitales !

…. En cela, le C2D est un espace de réflexion qui permet d’aller au fond des choses, en croisant les enjeux, à partir notamment de l’expertise pluraliste de ses membres, tout en gardant son ambition : jouer un rôle de médiateur et d’animateur du débat public sur le territoire.

 

Faire de la prospective citoyenne, c’est écrire le récit d’un possible devenir du territoire, mais c’est également instiller des pistes, ouvrir des questionnements et mobiliser les habitants sur la manière de vivre demain et les enjeux qui en découlent

Tome 2 de la collection Imagine Demain, ce numéro plonge le lecteur dans le Vizille d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Occasion de se projeter dans le possible devenir d’un territoire plein d’atouts et de défis.
Tome 2 de la collection Imagine Demain, ce numéro plonge le lecteur dans le Vizille d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Occasion de se projeter dans le possible devenir d’un territoire plein d’atouts et de défis.

Pour revenir à la collection BD Imagine Demain, pouvez-vous nous en parler davantage ? Comment construisez-vous le narratif ?  

Christine Henon :

Nous réalisons les textes et scénarios et nous faisons appel à un dessinateur pour la BD et une graphiste pour la mise en forme et la ligne éditoriale.

Les mêmes artistes sont sollicités à chaque fois afin d’avoir une cohérence, puisque l’idée est de faire une collection. 

Par contre, on souhaite que chaque groupe soit libre de choisir son mode de narration, ses personnages…

On essaie de faire des passerelles entre les tomes en retrouvant par exemple des personnages ou des lieux dessinés quand c’est possible. 

 

on souhaite que chaque groupe soit libre de choisir son mode de narration […] On essaie de faire des passerelles entre les tomes

 

Marie Lyne Mangilli Doucé : 

L’humour est très présent dans ces BD, ce qui n’empêche pas d’y aborder des questionnements extrêmement sérieux pour le devenir et le développement du territoire.

Chaque tome est composé de récits prospectifs mis en BD, présente des expériences inspirantes, un espace bibliothèque, donne la parole à des acteurs du territoire, et comporte une postface confiée à un auteur invité.

Ces regards d’experts et ces pistes de mise en action sur d’autres territoires ont pour fonction d’appuyer les visions prospectives mises en BD. Elles permettent de dire que c’est possible et légitiment les propositions du C2D.

Un énorme investissement bénévole est à l’œuvre pour définir collectivement le message et prioriser les idées fortes. Vient ensuite le travail avec la graphiste (Améziane Mouret) et l’auteur de BD (Ben-Bert) qui mettent en image et en forme le récit et les textes transmis.

Chaque arrivée des premières épreuves est un moment émouvant qui donne lieu à un temps de relecture collective pour affiner le propos.

 

Un énorme investissement bénévole est à l’œuvre pour définir collectivement le message et prioriser les idées fortes

Vos sujets de réflexions sont-ils imposés ou les choisissez-vous vous-même ?

Christine Henon :

On part du principe que tout membre peut proposer des sujets pour des groupes de travail.

Cela peut être proposé sur un temps collectif (plénière, RDV agité). 

Nous lançons un groupe de travail si au moins 6 membres sont intéressés.

 

Michèle Cottin : 

Il peut y avoir des saisines : des sujets pour lesquels les élus métropolitains nous interpellent, mais également des autosaisine : des sujets que certains d’entre nous pensent intéressants d’approfondir. Une discussion s’engage alors avec les élus et les services pour définir une mission.

Les Marches Sensibles, que nous réalisons en parallèle, et qui consistent à parcourir le territoire à pied, accompagnés d’un expert ou d’un chercheur, sont souvent déterminante pour faire advenir des sujets.

Que pouvez-vous nous dire des réactions suscitées par vos rendus ? Avez-vous observé des changements suite à vos publications ?  

 

Michèle Cottin :

les réactions des élus, des professionnels et du grand public sont très positives.

Cela donne à voir l’existence et la production d’un groupe de citoyens, bénévoles volontaires qui s’initie à un sujet jusqu’à en devenir eux-mêmes les portes paroles ; cela donne de l’énergie à tout le monde et les échanges suscités sont nombreux, enthousiastes et intéressants.

Les citoyens et habitants ont vraiment envie, et besoin, de parler de leur lien au territoire et de leurs vision d’avenir…. C’était très vrai lors de l’expo sur la forêt par exemple.

 

Les citoyens et habitants ont vraiment envie, et besoin, de parler de leur lien au territoire et de leurs vision d’avenir

 

 

Marie Lyne Mangilli Doucé : 

La collection Imagine Demain joue un rôle majeur dans la visibilité du conseil de développement et la prise de conscience de ce qu’il peut apporter aux services métropolitains, dont certains interpellent  le C2D pour suggérer un travail sur leur thématique.

Il me semble que les élus comme les chargés de mission ont désormais saisi, avec les premiers tomes de la collection, la manière dont ils pouvaient s’emparer des travaux prospectifs du C2D pour donner de l’élan, aller plus loin ou se dire que c’est possible de penser la métropole autrement.

En ce sens, ces BD sont des outils clés pour accompagner les transitions sociales et environnementales sur le territoire… à conditions qu’elles soient accompagnées de médiation.

Enfin, nous sommes régulièrement invités à témoigner lors des rencontres européennes de la participation citoyenne, des rencontres nationales des conseils de développement ou d’autres espaces de réflexion sur la fabrique des politiques publiques.

Ces temps sont l’occasion de diffuser les pratiques du C2D, mais également d’affiner le positionnement de ce laboratoire de prospective afin d’avancer dans son rôle d’éclaireur de la fabrique de la politique de demain.

 

donner de l’élan, aller plus loin ou se dire que c’est possible de penser la métropole autrement

En tant que prospectiviste, quel est ton désir, ta vision pour l’évolution du C2D ?

Marie Lyne Mangilli Doucé : 

Je ne sais pas si l’on peut se nommer « prospectiviste » en tant que tel, car il s’agit d’une méthodologie assez exploratoire et sensible, plus poétique que scientifique.

Mais je pense que les démarches prospectives, et notamment celle menée par le C2D, deviennent vraiment performatives à partir du moment où elles permettent d’ouvrir un débat dans l’espace public, avec les élus, les acteurs du territoire, mais avant tout avec les citoyens, habitants et usagers du territoire.

 

il s’agit d’une méthodologie assez exploratoire et sensible, plus poétique que scientifique

 

La communication, les réseaux sociaux, l’événementiel deviennent alors essentiels pour porter à connaissance et ouvrir le dialogue sur la manière dont nous voulons vivre demain dans la métropole. Car c’est là que se trouve la place d’un laboratoire citoyen de prospective.

Enfin, je me rends compte que nous n’avons pas évoqué la notion de plaisir, qui est, je pense, un élément majeur de la réussite de cet espace collectif un peu ovni tel que le C2D.

Peu d’espaces permettent d’échanger, de partager et de confronter des idées à l’échelle métropolitaine, et ce laboratoire de prospective citoyenne me semble être un espace dans lequel se « fabriquent des citoyens métropolitains » capables de se saisir des enjeux et des problématiques de ces échelons territoriaux français majeurs, mais peu appréhendables par tout un chacun (du fait notamment de l’absence d’un lien électoral direct et donc de débat public).

Harari, l’auteur de Sapiens, explique que l’humanité s’est développée grâce à deux capacités : celle de se raconter des histoires porteuses de sens communs, et celle de coopérer. Je pense que c’est justement ça le C2D : écrire des récits et interagir collectivement.

 

nous n’avons pas évoqué la notion de plaisir, qui est, je pense, un élément majeur de la réussite de cet espace collectif

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