Information et prise de décision, une relation contre-intuitive
Récolter de l’information. Voilà la première étape de tout processus de décision stratégique. S’il s’agit d’un réflexe logique, ce dernier finit souvent par être contre-productif. Explications.
La recherche d’information permet jusqu’à un certain point d’éclairer la prise de décision en permettant une meilleure compréhension de l’objet sur lequel ladite décision va porter. Néanmoins, toute nouvelle information réduit la valeur de celles qui l’ont précédé pour une raison simple : la capacité cognitive du décideur est une ressource finie. Ainsi, chaque ajout d’information va réduire l’attention que le décideur va pouvoir lui porter. Une équation qui n’est pas sans rappeler la loi de l’offre et de la demande en économie.
De la même manière que les profits d’une entreprise diminuent si elle affiche ses produits à un tarif qui dépasse le point d’équilibre du marché, la compréhension de l’environnement par le décideur s’affaiblit s’il est exposé à trop d’informations. Une relation que l’on peut illustrer par le graphique suivant :
La spécificité de la gestion de la quantité d’information est qu’elle se complexifie à mesure que le niveau du décideur augmente.
Plus le décideur occupe une position élevée dans une organisation, plus les décisions qu’il doit prendre sont complexes et plus le spectre de domaines qu’elles concernent est large. Cette « inflation de la complexité » est gérée par une ressource finie, sa capacité cognitive.
Ainsi, plus un décideur est important, plus il va devoir d’atteindre son pic de compréhension de l’environnement entourant une décision avec une quantité d’information réduite. Le défi de ses équipes est de trouver les quelques informations qui illustrent au mieux un contexte beaucoup plus large et de les restituer de la manière la plus claire et concise possible.
Par-delà la décision, une surcharge cognitive devenue la norme.
La surcharge cognitive fut un temps un problème qui ne concernait qu’une part infime de la population. L’avènement des outils numériques dans nos vies l’a démocratisée, en nous exposant en permanence à une quantité immense d’informations, touchant à des sujets extrêmement divers.
Un état de fait renforcé par le passage à l’ère de l’économie de l’attention, où l’information se doit d’être présentée de sorte à générer le plus d’activité cognitive possible chez son consommateur si l’émetteur entend en tirer une rémunération.
Le citoyen se retrouve ainsi face à une équation insolvable : absorber toujours plus d’informations, chacune formatée pour mobiliser un maximum d’attention de sa part en utilisant une ressource finie : sa surface cognitive.
Une situation qui ne peut que mal finir et dont on observe d’ores et déjà les conséquences négatives. Des phénomènes aussi différents que la crise de la santé mentale, la hausse de la solitude, la baisse de la natalité, la montée en puissance des visions manichéennes voire des théories complotistes ou la baisse de la participation aux élections émanent tous d’une même cause : le citoyen ne parvient plus à comprendre le monde dans lequel il évolue, à se projeter vers l’avenir et à identifier comment il peut agir sur son environnement pour contrôler son futur.
L’opportunité derrière ce constat morose.
Si le tableau décrit dans les deux premières parties peut sembler alarmiste, il est par certains égards plutôt encourageant. Alors que de nombreuses analyses s’inquiètent d’une fragmentation croissante de nos sociétés, le champ informationnel actuel appelle à des solutions basées sur des fondamentaux communs, qu’elles soient destinées aux décideurs les plus influents ou au citoyen dit « lambda » :
- Une sélection d’informations permettant de filtrer les signaux qui aident à comprendre les forces qui influencent notre environnement du « bruit » ;
- Un contenu facile à assimiler, de sorte qu’il puisse alimenter la réflexion du consommateur plutôt que de la polluer ;
- Une capacité à stimuler la curiosité du consommateur afin que sa réflexion se poursuive au-delà du temps où il consomme l’information, et qu’il puisse petit à petit développer ses propres clefs d’analyses ;
- Une ligne éditoriale assez plaisante pour que le produit soit attractif malgré la nature addictive d’autres formes de divertissement, notamment les réseaux sociaux.
A l’Aube du Futur, un produit pensé pour répondre à ces besoins
Sur le fond, une ligne éditoriale qui se concentre sur les causes plutôt que sur les conséquences.
Lors de la création d’A l’Aube du Futur (AADF), la première question à laquelle il a fallu répondre fut le choix des informations qui y seraient présentées.
Pour ce faire, nous avons choisi d’adopter un grand principe directeur : ne présenter que des informations qui peuvent, selon nous, entraîner des conséquences à l’avenir. Un parti-pris basé sur le constat qu’une part significative des informations relayées par les médias, aussi intéressantes soient elles, sont des conséquences de phénomènes sous-jacents.
La charge cognitive mobilisée pour les analyser aura ainsi un apport minimal à la compréhension du lecteur de son environnement.
Comme son nom l’indique, AADF se positionne comme un révélateur des causes des événements futurs, à l’aube de leur développement.
Pour mieux comprendre la sélection des informations dans AADF, nous avons créé un outil : la checklist du signal faible.
AADF se positionne comme un révélateur des causes des événements futurs, à l’aube de leur développement

Structurée autour de 5 grandes catégories (innovation technologique, phénomène social/sociétal nouveau, indicateurs chiffrés, nouveau modèle économique et impact international) auxquelles sont alloués 6 points chacune, cette checklist permet d’identifier rapidement si une information peut avoir un impact assez important pour justifier sa publication dans nos colonnes.
Un signal va être considéré comme intéressant s’il cumule au minimum 9 points. Un seuil qui implique qu’il soit à minima déterminant dans l’une des catégories et qu’il en impacte une autre à la marge.
La majorité des signaux présentés dans AADF cumulent entre 12 et 15 points.
Sur la forme, être concis sans pour autant tronquer la réflexion
Est ensuite venue la réflexion sur la manière de partager les signaux choisis. Nous avons fait le choix d’un produit quotidien, prenant le parti qu’une réflexion stratégique n’est pas quelque chose qui se construit en un jour, mais plutôt un objet évolutif que l’on alimente en permanence.
Le corollaire de cette fréquence élevée est que le format doit être extrêmement compact : une lecture en moins de 3 minutes.
Ainsi, nous présentons chaque jour trois signaux, décrits de la manière la plus concise possible, en quelques lignes la plupart du temps. Les articles source sont affichés à la fin de chaque section afin de permettre au lecteur d’approfondir s’il le souhaite.
Reste la question de l’analyse. AADF se doit, pour répondre à son objectif d’alimenter la réflexion stratégique des lecteurs, de leur proposer un produit qui dépasse une simple fonction de reporting. Impossible toutefois de proposer des analyses détaillées en respectant la contrainte des 3 minutes de lecture.
Pour contourner cette contrainte, chaque information est suivie de questions qu’elle implique. Ainsi, AADF isole les points importants soulevés par les signaux qui y sont présentés, offre un cadre et des pistes de réflexions au lecteur, mais le laisse construire sa propre opinion.
Un choix qui permet du reste à AADF de rester le plus neutre possible dans sa ligne éditoriale, et de créer de la valeur tout au long de la journée du lecteur.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
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