Q152 | Pourquoi faire rentrer le futur dans les conversations stratégiques ?

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Imaginer le long terme depuis les années 2020, c’est parvenir à orienter des conversations stratégiques obnubilées par les urgences présentes vers d’autres futurs possibles.

 

La transition numérique, écologique… et démographique

Evidemment, le changement climatique a été emblématique de cette difficulté. Mais pensez également au vieillissement de la population : en France, le nombre des 75-84 ans va enregistrer une croissance inédite de 49% entre 2020 et 2030, passant de 4,1 millions à 6,1 millions. Là encore, nous nous situons dans le champ de ce qui est prévisible, comme le souligne le rapport « Nous vieillirons ensemble… 80 propositions pour un nouveau Pacte entre générations” de Luc Broussy :

“Car si nous ne sommes pas capables de savoir le temps qu’il fera dans une semaine, si nous serions bien en peine de connaître le niveau des taux d’intérêts dans six mois, en revanche, nous savons parfaitement combien de personnes âgées vivront dans notre pays dans 10, 20 ou 50 ans. Et ce, pour une raison au fond assez simple : la personne qui atteindra l’âge de 85 ans en 2050 … est déjà née aujourd’hui !”.

Lutter contre les éléphants noirs

Ces sujets sont les éléphants noirs que nous invite à observer Thomas Gauthier : “Un éléphant noir est un processus dont il est difficile de nier l’existence et qui peut conduire à un ou plusieurs événements très probables, largement anticipés (notamment par les experts)… et néanmoins ignorés.”

On peut alors logiquement se demander comment lutter contre ce piège du cerveau humain. Jane Mc Gonigall est une futuriste américaine qui en 2010 avait travaillé sur l’impact d’une pandémie mondiale sur nos liens sociaux. Quand on lui demande rétrospectivement ce qui fait que ce scénario a été considéré comme inimaginable par beaucoup, elle émet une hypothèse intéressante : “Nous n’avions pas atteint la masse critique de personnes qui ont imaginé ce futur”. 

Pour rendre une tendance ou une projection plus réaliste dans l’esprit des personnes concernées, faudrait-il donc la rendre plus concrète et tangible ?

Le rôle de l’immersion

Jane Mc Gonigall est une futuriste, mais également une conceptrice de jeu vidéo. En 2010, partant de son observation du risque pandémique depuis la Chine et des crises en cascade que cela provoquerait, elle a proposé à 20 000 personnes de jouer à un jeu vidéo qui les a plongés dans ce qui semblait alors farfelu : une pandémie mondiale qui les obligerait à travailler de chez eux et à éviter les interactions sociales.

Dix ans plus tard, elle a fait le bilan avec les participants : ayant déjà expérimenté la situation, ils ont su très vite dépasser la panique et la stupéfaction pour s’adapter.

La prospective créative

Alors finalement, ne serait-ce pas à nous, qui scrutons l’horizon et le long terme, de tenter de projeter nos interlocuteurs dans les conséquences concrètes de ce que nous observons ?

C’est en tout cas ce que la prospective créative nous invite à explorer : s’autoriser à imaginer le futur concurrent d’une organisation, son futur produit, ses futurs métiers, ses futurs clients, en prenant certes le risque de se tromper, mais en créant l’opportunité d’ouvrir une conversation constructive et concrète sur ses observations du futur.

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